September 17, 2025

DECRYPTAGE. Centres commerciaux : "C’est un concept qui a vécu"… à Toulouse, assiste-t-on au déclin d’un modèle ?

l’essentiel
Longtemps championne du développement des grands centres commerciaux de périphérie, l’agglomération toulousaine est rentrée dans le rang. Avec l’abandon du projet Val Tolosa à Plaisance-du-Touch et la fermeture du Géant Casino du Mirail, la conjoncture s’est retournée. Aujourd’hui, le secteur des galeries commerciales stagne et cherche un nouveau souffle.

Qui a dit que le concept des hypermarchés et autres galeries commerciales était moribond ? Certes, il y a la lassitude des consommateurs, fatigués des queues et des courses à rallonge du samedi, le retour en force des commerces de proximité en ville et le succès de l’e-commerce qui a accéléré depuis le Covid. Mais les bons vieux linéaires ont encore de beaux jours devant eux. En tout cas, ils résistent à la crise annoncée du modèle, si l’on s’en tient aux chiffres fournis par l’agence d’urbanisme et d’aménagement de l’agglomération toulousaine (AUAT).

Les consommateurs toulousains plébiscitent toujours les grandes surfaces, mais les galeries commerciales autour ont du mal.
Les consommateurs toulousains plébiscitent toujours les grandes surfaces, mais les galeries commerciales autour ont du mal.
NR – LAURENT DARD

Au 1er janvier 2025, les statistiques pointaient à 1,45 million le total des m2 des grandes surfaces sur l’aire urbaine de Toulouse. L’équipement de la maison et le commerce alimentaire constituant les deux gros morceaux du gâteau. Mais depuis 2010, le ressort s’est cassé et on est resté sur les mêmes ordres de grandeur. Il y a un peu plus de 10 ans, en pleine explosion du secteur, les superficies commerciales représentaient déjà 1,3 million de m2.

Les grandes surfaces stagnent

“Avec une consommation atone et une conjoncture économique difficile, les dynamiques ne sont plus les mêmes et l’offre de grandes surfaces stagne comme partout en France”, confirme Yoan Thyssier, chargé d’études économie et commerce à l’AUAT. La fermeture du Géant Casino de Basso-Cambo au Mirail et l’abandon du projet Val Tolosa à Plaisance-du-Touch participent de ce mouvement. Même si, exception qui confirme la règle, un nouveau centre commercial géant, “Les portes des Pyrénées”, va émerger à Muret, le seul de ce genre à être construit en France…

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“Dans les faits, depuis 5 ans, il s’ouvre moins de 5 000 m2 de surfaces commerciales chaque année dans la métropole, et 16 000 m2 l’an dernier, souligne Yoan Thyssier. Mais tous les formats ne sont pas logés à la même enseigne”. On note par exemple “une forte progression” des magasins de taille intermédiaire (2 500 m2) notamment dans le discount. En entrant dans le détail, si tout le secteur de l’alimentaire continue de bien se porter les réalités sont diverses. L’équipement de la maison, par exemple et le prêt-à-porter souffrent plus que les autres.

Les galeries commerciales en souffrance

Ce qui explique que les galeries commerciales, autour des hypermarchés, concentrent le plus de difficultés et sonnent pour certaines un peu creux. “Le taux de vacance dans l’agglomération toulousaine est de 21 % sur l’ensemble des 22 galeries que nous avons analysées, explique Yoan Thyssier, une situation plus défavorable qu’au niveau national, où l’on est autour de 15 %”.

Selon les études de l’AUAT, 56 % des locaux occupés sont dédiés aux commerces, 12 % aux services, 10 % à la restauration. Avec toujours des disparités selon les centres, en ville comme en périphérie. De la renaissance de Compans-Caffarelli aux grosses difficultés de Saint-Georges.

“Sur 850 espaces disponibles, 665 locaux commerciaux sont occupés et 175 ne le sont pas. Nous constatons beaucoup de fermetures, poursuit Yoan Thyssier. Le mal est profond”. Un vrai casse-tête pour maintenir l’attractivité commerciale dans les magasins quand le numérique et les achats en ligne explosent.


Le numérique peut être un atout…

Il est facile d’opposer a priori les commerces “physique” et en ligne. Mais les deux peuvent aussi se compléter. Comme le parcours de l’entreprise toulousaine “Maison Stella & Suzie” le prouve. Elle est passée du 100 % de vente en ligne à un modèle hybride. Après un démarrage digital en 2017, la marque a ouvert 9 boutiques physiques en France et en Belgique. Elle constate un ratio de ventes de 1 en ligne pour 5 en magasin, à Toulouse. “Le physique renforce la notoriété locale et réduit les retours, tandis que le digital élargit notre audience”, explique Max Minguez, le patron. D’ailleurs, une stratégie numérique coordonnée des collectivités locales au service du commerce des centres-villes est jugée nécessaire par les spécialistes. “Le numérique n’est pas une fin en soi, mais peut être un levier pour repenser l’attractivité commerciale”, plaident-ils.

“La stagnation de la consommation des ménages et l’essor de l’e-commerce ont entraîné des baisses de chiffres d’affaires relativement importantes pour un certain nombre d’enseignes traditionnelles qui cherchent désormais à modifier leur stratégie, de développement”, souligne l’agence. Notamment par les “nouveaux objets urbains” comme les “drives” que les principales enseignes alimentaires ont été contraintes d’adopter.

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