September 17, 2025

Son tir a provoqué l’amputation de sa compagne, le tireur condamné pour "tentative de meurtre" à 12 ans de réclusion criminelle

l’essentiel
Jugé pour avoir tiré sur sa compagne en janvier 2022 à Villemur-sur-Tarn, Emmanuel Ceuleneer vient d’être condamné par la cour d’assises de la Haute-Garonne. Les jurés ont retenu la tentative de meurtre et l’ont condamné à 12 années de prison.

Que s’est-il réellement passé dans ce petit mobile-home de Villemur-sur-Tarn ce début d’après-midi du 9 janvier 2022 ? Quand il s’est emparé d’un fusil de chasse, ulcéré, à bout de nerfs après les paroles de Florence, Emmanuel Ceuleneer voulait-il faire taire sa compagne ? Ou l’exécuter ?

Cette force de la nature le jure devant les jurés de la cour d’assises, majoritairement des hommes : “Jamais je n’ai voulu la tuer”. Une version inacceptable pour Florence, amputée de sa jambe gauche et proche de perdre la vie. “Le 9 janvier 2022, le nom de Florence aurait pu être le cinquième féminicide de l’année 2022. Car, factuellement, c’est ce qui s’est joué : un féminicide”, analyse Me Ophélie Dormières, une des avocates de la jeune femme.

L’accusation : “Les mots tuent”

Pour les représentantes de la partie civile, aucun doute possible. Ce n’est pas l’accusé qui a épargné la victime. “Florence, elle a survécu par chance ou par courage, mais certainement pas par le choix d’Emmanuel”, insiste Me Mary-Camille Favarel-Eychenne. L’avocate souligne : “Ce chasseur a mis des balles pour tuer les sangliers. Il savait ce qu’il faisait.”

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Et quand les avocates de la victime demandent aux jurés “de rendre une décision qui mette fin au cauchemar de Florence”, elles reçoivent le soutien de l’avocat général Pierre Aurignac. Inquiet “d’un huis clos détestable et mortifère”, le porte-parole de l’accusation constate : “C’est terrible, les mots tuent”.

Mes Dormières et Favarel-Eychenne entourent Florence, la victime dont la souffrance a été reconnue par la cour d’assises.
Mes Dormières et Favarel-Eychenne entourent Florence, la victime dont la souffrance a été reconnue par la cour d’assises.
DDM, – BENOIT CAULIER

Aux yeux de l’accusation, “si l’accusé veut simplement la faire taire, sa force, son physique est largement suffisant. Mais, cette fois-ci, il prend un fusil”. Pour tentative de meurtre, Pierre Aurignac requiert 12 années de réclusion criminelle et cinq ans de suivi socio-judiciaire.

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Dans ces violences, Me Léna Baro voit “un acte de désespoir qui colle si bien à la personnalité d’Emmanuel”. Elle défend cet homme de 39 ans “qui s’est construit dans l’effort et la résilience”, qui n’est “sûrement” pas un tueur. Me Julien Aubry appuie pour obtenir une requalification. Il en appelle au bon sens aux jurés. “Attention de ne pas sacrifier les principes du droit pénal sur un principe tout aussi noble : la cause féminine.” Il utilise l’avis d’un expert qui a évoqué “un débordement d’émotions” dans l’acte de l’accusé. “S’il y a trop d’émotions, il n’y a pas d’intention.”

Ce mardi soir, la cour et les jurés ont délibéré plus de trois heures. Emmanuel Ceuleneer est condamné pour “tentative de meurtre” à 12 années de réclusion criminelle.

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