Les Néo-Zélandais ont subi, samedi 13 septembre, la pire défaite de leur histoire sur leurs terres, infligée par les Springboks à Wellington dans le cadre du Rugby Championship (43-10).
Rien ne va plus chez les All Blacks. Après avoir subi une humiliation historique face à l’Afrique du Sud (43-10), les critiques se multiplient en Nouvelle-Zélande. Et l’une des voix les plus respectées du rugby kiwi, celle de l’ancien demi de mêlée Justin Marshall (en sélection de 1995 à 2005), n’a pas mâché ses mots.
“Nous sommes, je pense, un peu arrogants en Nouvelle-Zélande, où nous croyons que notre type de rugby est le meilleur et qu’on ne peut rien apprendre”, a-t-il lâché au micro de SuperSport, comme repéré par PlanetRugby.
Triple vainqueur du Tri-Nations et 81 sélections au compteur, Marshall pointe du doigt une règle qui, selon lui, plombe le renouveau des All Blacks : l’interdiction de sélectionner des joueurs évoluant à l’étranger. Là où l’Afrique du Sud laisse ses internationaux partir, engranger de l’expérience et revenir plus forts, la Nouvelle-Zélande se prive de cette richesse.
L’ancien demi de mêlée sait de quoi il parle. Parti en Europe après la tournée des Lions britanniques en 2005, il a porté successivement les maillots de Leeds, des Ospreys, de Montpellier et de Saracens. Un choix qui lui a coûté sa carrière internationale, mais qui l’a bonifié comme joueur.
“Quand je suis allé jouer à l’étranger, j’ai appris. Je me suis senti meilleur. J’étais un joueur plus équilibré, plus complet, car j’ai dû gérer des ballons lents, trouver d’autres solutions. Je devais être plus créatif comme neuf et utiliser mes avants beaucoup plus intelligemment”, confie-t-il.
Un constat qu’il retrouve aujourd’hui chez Jordie Barrett, revenu transformé de son expérience au Leinster. “C’est la preuve qu’un joueur peut ainsi revenir plus fort. Il a été l’un des meilleurs face aux Springboks”, insiste Marshall.
Mais la fédération néo-zélandaise n’a pas, pour l’heure, prévu de modifier sa politique. Un statu quo qui, selon l’ancien All Black, prive l’équipe nationale d’un vivier précieux dans une période où les résultats se font rares. Depuis 2019, la Nouvelle-Zélande a multiplié les contre-performances, enregistrant notamment sa première défaite en Argentine et donc cette claque monumentale contre les Boks.
Même l’arrivée du sélectionneur Scott Robertson, censé incarner le renouveau, n’a pas encore permis de redresser la barre. “C’est un débat qui reviendra toujours en Nouvelle-Zélande. C’est une partie de notre système, mais je crois que nous avons besoin d’évoluer”, juge Marshall, qui se souvient avoir lui-même changé d’avis après son départ.
“Je n’étais pas un défenseur de cette idée avant de partir. […] Mais une fois que j’y suis allé, je me suis dit : ‘Oui, on devrait pouvoir être sélectionnés'”, conclut-il. Un aveu qui illustre le malaise actuel des All Blacks.