Capture d’écran de la prise de parole du général Ashok Raj Sigdel, sur Facebook, le 9 septembre 2025. NEPALI ARMY FACEBOOK / AFP
Les tractations politiques s’accélèrent ce vendredi 12 septembre au Népal autour du chef de l’armée pour tenter de nommer un nouveau Premier ministre, après les émeutes antigouvernementales du début de semaine, qui ont fait au moins 51 morts.
• Que s’est-il passé ?
La crise – la plus meurtrière survenue au Népal depuis l’abolition de la monarchie en 2008 – a débuté lundi, lorsque la police a ouvert le feu sur des jeunes manifestants qui dénonçaient le blocage des réseaux sociaux et la corruption des élites.
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Mais rien n’y a fait : des jeunes réunis sous une bannière « Génération Z » ont investi les rues de la capitale Katmandou et mis à sac de nombreux bâtiments publics, résidences de dirigeants politiques et autres symboles du pouvoir. Le parlement a été incendié, comme la résidence du Premier ministre, qui n’a eu d’autre choix que de présenter sa démission.
L’armée a repris le contrôle de la capitale. Ses soldats en armes, accompagnés de véhicules blindés et de chars, continuaient vendredi à patrouiller dans les rues désertes de Katmandou sous couvre-feu. Ses habitants ont été autorisés à sortir vendredi matin quelques heures pour se ravitailler.
• Quel est le bilan des émeutes ?
Les troubles ont fait « au moins 51 morts (…) dont 21 manifestants et 3 policiers », a déclaré vendredi à l’AFP un porte-parole de la police, Binod Ghimire.
La gigantesque chasse à l’homme lancée pour retrouver les quelque 13 500 détenus qui ont profité des troubles pour s’évader de leur prison continuait à battre son plein dans tout le pays.
Moins d’un millier ont été rattrapés à ce jour, certains sur le sol de l’Inde voisine, a précisé vendredi le porte-parole de la police : « 12 533 sont toujours en cavale ».
• Où en sont les tractations politiques ?
Depuis mercredi, le général Ashok Raj Sigdel reçoit et consulte de nombreuses personnalités pour trouver un successeur à KP Sharma Oli, contraint mardi par la rue à présenter sa démission. Il devait s’entretenir vendredi après-midi avec le président Ramchandra Paudel, l’ex-cheffe de la Cour suprême, Sushila Karki, et une figure de la contestation, Sudan Gurung, a annoncé à l’AFP un porte-parole des manifestants, Nimesh Shresth.
Réputée pour son indépendance, Sushila Karki, 73 ans, est pressentie pour prendre la tête de la transition mais elle ne fait pas l’unanimité, notamment parmi les jeunes manifestants.
• Que demande la « Génération Z » ?
Les discussions sont toujours animées dans les rangs des représentants de la « Génération Z », qui peinent à s’accorder sur un nom pour diriger une transition qu’ils veulent radicale.
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« Nous voulons que ça change », a exhorté jeudi Sudan Gurung. « Notre première exigence, c’est la dissolution du Parlement. Et la fin de la corruption doit être une priorité absolue ». « Nous voulons la transparence du gouvernement, une éducation de qualité, des opportunités d’emploi et une vie digne », a énuméré un autre, James Karki, 24 ans, devant la presse. « Je veux croire que l’armée va nous entendre ».