September 12, 2025

" C’est très flatteur " : ce producteur de noisettes des Pyrénées fournit les chocolats Ferrero

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À Bazordan, Daniel et Serge Guillemaud produisent des noisettes qui font le bonheur du groupe Ferrero. Leur production confidentielle alimente les Rocher et le Nutella de la marque. Un secret bien gardé dans ces contreforts des Pyrénées.

Chez les Guillemaud, la noisette c’est une histoire de famille. Une recette qui se transmet de père en fils depuis trois générations. À Bazordan, l’exploitation confidentielle de Serge et Daniel Guillemaud, fournit pourtant l’une des confiseries les plus connues : les Ferrero. Pour comprendre comment ces producteurs Pyrénées ont réussi à intéresser l’un des géants de l’industrie agroalimentaire, il faut remonter en 1964. Cette année-là, le verger n’est encore que terrains vierges à perte de vue, sur le plateau de Lannemezan. ” Mes arrière-grands-parents vivaient ici. Un jour, mon père leur a dit : je reviendrai planter des noisetiers “, se souvient Daniel Guillemaud, 76 ans, désormais à la retraite. Robert, son père, ramène des essences d’Espagne et commence à planter, à l’aveugle, sur ces terres qui n’avaient encore jamais vu de noisetiers. La culture nécessite de la patience : les premières noisettes n’arrivent qu’au bout de sept ans.

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La première récolte est ramassée avec un aspirateur artisanal. Sept hectares sont finalement cultivés et les temps ont bien changé. ” Chemin faisant, la noisette prend de l’ampleur. L’INRA, l’Institut national de la recherche agronomique s’y intéresse et une coopérative est créée dans le Lot-et-Garonne pour rassembler les producteurs, Unicoque “, poursuit l’agriculteur, montures bleues et bretelles. Le père approvisionne même la chocolaterie Lindt, à Oloron-Sainte-Marie.

Les petites noisettes rondes pour Ferrero

À 55 ans, Daniel Guillemaud prend sa retraite après une carrière à l’Office national des forêts et reprend l’exploitation de son père. Pendant quinze ans, il fait fructifier ses noisettes en passant de 7 à 12 hectares. Une production qui alimente le groupe Ferrero Rocher : en 2021, la coopérative Unicoque signe un partenariat avec l’entreprise internationale pour couvrir 60 % des besoins de la filiale française. Depuis quatre ans, donc, les noisettes de Daniel et de son fils Serge, qui a repris les vergers entre-temps, se retrouvent dans les Rochers et le Nutella de la marque. ” On produit deux types de noisettes : celles de table, plus grosses, qui intéressent surtout les Allemands et les pays nordiques qui en font des plateaux de fruits secs, à Noël. Et les petites, les Pawetet, avec un amandon plutôt rond, qui sont plébiscitées par Ferrero “, explique encore le noisetier. Leur forme régulière et esthétique séduit notamment le géant du chocolat qui les incorpore dans ses préparations. À côté, les Guillemaud vendent également leur production au restaurant Sandikala, à Galan, aux Flocons des Pyrénées, à La Barthe-de-Neste et en vente directe.

Mais le partenariat prestigieux n’empêche pas les difficultés. ” C’est très flatteur, c’est sûr. Mais on aimerait bien que la France s’intéresse beaucoup plus aux producteurs qu’aujourd’hui car on est laissé-pour-compte “, détaille le noisetier. L’année dernière, la récolte a été désastreuse : 14 tonnes au lieu de 22, en moyenne. Le gel, la pluie et des maladies à cause du Balanin, un insecte qui laisse des trous dans la noisette, et de la punaise diabolique. Cette année, Serge et Daniel ont commencé la cueillette le week-end du 6 septembre. Le cru s’annonce déjà meilleur. Deux bennes ont d’ores et déjà été remplies et placées au séchage. Autant de petites noisettes rondes qui feront le plaisir des gourmands.

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