L’annonce d’une nouvelle maladie bovine aux portes du département et la possibilité de perdre un cheptel entier ravivent de mauvais souvenirs dans cette ferme au sud de Toulouse où l’angoisse s’est installée.
C’est une journée comme les autres qui commence ce jeudi pour Gérard Carrère. Ou presque. L’éleveur bovin installé à Mailholas, au sud de Toulouse, a pris son petit déjeuner avant d’enfiler ses vieilles grosses chaussures et de foncer dans l’épais brouillard.
Mais le café a un goût amer. Son fils Laurent, qui a pris la relève n’est pas là. Il est au “front”, aux Bordes-sur-Arize, en Ariège. Avec d’autres éleveurs, ils tentent de faire entendre leur voix alors que l’abattage d’un cheptel est annoncé après la découverte d’une vache atteinte de ce nouveau fléau, la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) ou dermatose bovine. Non transmissible pour l’homme, elle peut tuer veaux, vaches taureaux.
“Des années pour tout refaire”
Depuis cette annonce, Gérard, Laurent et toute la famille ne déstressent plus. Pire, dit Gérard, “on vit dans la peur. Une bête découverte et tout un cheptel tué, c’est l’horreur, on en sait quelque chose…”
En 2011, la famille a en effet dû se résoudre à faire piquer 200 bovins atteints de la tuberculose. “Un crève-cœur de voir toutes bêtes mourir ainsi”, lance Gérard. “Le pire, ça a été les veaux qui étaient restés là et qu’on a dû piquer ensuite. Vous vous rendez compte, les premières portées de magnifiques génisses. Jamais je n’oublierai cela, se lever, rentrer dans l’étable et ne voir aucune bête…”
La mémoire de ces moments douloureux reste vive, entretenue par la malchance qui s’abat une nouvelle fois sur la ferme l’an dernier. La tuberculose, encore. Une trentaine de bêtes recevront une injection létale. Les indemnisations se feront mais “au fils des mois” pendant lesquels il faut tout reconstruire. “Pas question de revivre cela !”, lance Laurent joint sur le site de la manif avec un bruit de fond qui en dit long sur la volonté des éleveurs : “On n’accepte pas cela ! Hors de question de tuer tout un cheptel. Il faut des années pour tout refaire. Il faut vacciner, un point c’est tout ! En tout cas, si ça nous arrive une nouvelle fois, on arrêtera tout et on verra ce qu’on fera…”
Tout arrêter, ce ne sera peut-être pas le cas. Mais réduire en grande partie oui, ou ne faire que de l’engraissement. Tous les scénarios sont envisageables pour cette famille et tant d’autres. Aux portes de nombreuses fermes, la nouvelle maladie n’a sans doute pas fini de faire parler d’elle.

