Il est l’un des très grands espoirs pour l’avenir du Stade Toulousain. Polyvalent trois-quarts, Kalvin Gourgues a fait son grand retour avec l’équipe première face à Clermont. Le tout après un problème de santé particulièrement handicapant. Il raconte.
Il a surpris tout le monde lors du premier match de la saison en Top 14. Le jeune espoir toulousain Kalvin Gourgues (20 ans) a été contraint d’entrer plus vite que prévu en jeu, dimanche 7 septembre face à Clermont (34-24), à cause de la sortie sur commotion de Pita Ahki. Mais le polyvalent trois-quarts a impressionné pour son grand retour avec les pros.

Formé au Stade Toulousain, il n’avait plus participé à un match de l’équipe première depuis la saison 2023-2024. La faute à une saison blanche l’année dernière a cause d’une longue blessure pas vraiment commune dans le sport de haut-niveau. À tel point que peu de suiveurs savaient précisément de quoi il souffrait.
Interrogé par La Dépêche du Midi, le joueur qui a grandi à Grenade (31) révèle avoir dû faire face à un caillot de sang tenace qui ne cessait de revenir dans son artère poplitée. Il explique en détail, quel était le mal qui l’a tenu éloigné des terrains pendant de très longs mois et qui l’a conduit à trois reprises sur la table d’opération (en 2023, 2024 et 2025).
Comment il l’a découvert ?
“La saison dernière n’était pas vraiment facile à vivre. Au début, je fais la pré-saison avec l’équipe première, tout se passe bien. Mais sur le deuxième match amical contre Perpignan, j’ai un phénomène qui m’avait déjà pris l’année d’avant qui revient. Pour aller à l’essentiel j’avais un caillot de sang qui revenait au niveau de mon artère poplitée de la jambe gauche (artère qui passe derrière le genou). J’avais des symptômes assez courants, on va dire. D’abord des crampes au niveau du pied. Après, c’était une insensibilité au niveau des orteils. Après, plus ça allait, plus ça prenait tout le membre, donc le pied, après un peu le bas de la cheville. Et il faut y faire attention.”

Comment il s’est soigné ?
“J’ai été pris à temps. La première opération s’est bien passée (en 2023), c’est là où j’ai pu jouer il y a deux ans (4 matchs de Top 14 en 23-24). Puis j’ai fait une rechute l’été dernier et j’ai vécu 6, 7, 8 mois de galère où en gros je me suis fait opérer une deuxième fois (2024). J’ai essayé de me faire enlever le caillot de manière chimique en injectant un produit qui fluidifie vachement le sang. Et trois mois après, à la date où je devais reprendre, on a décidé de me prolonger avec un traitement qui m’empêchait de faire du contact pendant encore trois mois. Sauf qu’à la suite de ça, je crois que c’était au 4ème mois, en janvier, les symptômes sont revenus alors que je n’avais pas fait de contact, rien du tout. Donc le caillot se reformait, en fait l’artère était tellement endommagée, qu’elle est thrombogène, c’est-à-dire qu’elle a plus de facilité à créer du caillot de sang, du thrombus. Et en fait, ça peut boucher l’artère et si elle se bouche complètement, c’est un peu compliqué…”
Une “nouvelle artère”
“Je me suis de nouveau fait opérer (2025). Une grosse opération où on m’a créé une nouvelle artère entre guillemets. On m’a pris une veine dans la cuisse qu’on a suturée à la place de ma partie d’artère qui était trop endommagée. Et suite à ça, les sensations reviennent petit à petit. Au début, le pied gauche et le pied droit, ce n’était pas la même sensation, mais j’ai pu reprendre en fin de saison dernière avec les espoirs et ça m’a fait du bien. Sur deux matchs de championnat et un match de phase finale. Ce n’est pas une “blessure” vraiment douloureuse, c’est plutôt gênant. Constamment j’avais des crampes… Par exemple, tu fais un exo, tu serres les dents parce que t’as envie de jouer le week-end, et après, d’un exo à un autre, juste en marchant, ça te fait mal. Limite, t’arrives plus à poser le pied par terre.”
La peur que tout s’arrête ?
“Non pas vraiment. Enfin quand on en parle c’est vrai que si j’y pense, oui. Mais honnêtement je n’y ai jamais vraiment pensé, j’ai toujours cru que ça allait s’arranger. Après c’est sûr qu’on y réfléchit à deux fois quand même, on fait plus attention à plein de choses de la vie que ce soit les soirées, les choses de la vie. Je faisais assez attention, mais là de plus en plus c’est-à-dire que, on m’a dit de vachement limiter l’alcool parce que ça pouvait déshydrater et en fait la déshydratation pouvait gêner un peu de la greffe. Mais je suis bien accompagné. Sur ça, le staff a été super. D’un point de vue personnel, j’ai ma copine qui m’a vachement aidé là-dessus. Je ne m’en suis pas sorti seul. J’ai été vraiment bien accompagné, surtout par elle et par nos familles. C’est vraiment un tout qui a fait que maintenant, je me sens en pleine capacité de pouvoir jouer. Plus les semaines passent, plus je me sens en forme.”