September 21, 2025

ENTRETIEN. Trophées du rugby amateur 2025 dans le Lot-et-Garonne : "Arbitrer des Maillard, de Carli ou Moumen m’a permis d’en arriver là", avoue Ludovic Cayre

l’essentiel
Parrain de la quatrième édition des Trophées du rugby amateur, dont la soirée de récompenses aura lieu mercredi soir à Boé, l’arbitre international français Ludovic Cayre, originaire de Duras, se confie sur son parcours, et livre certaines anecdotes sur le rugby lot-et-garonnais.

Ludovic, pourquoi avez-vous accepté d’être le parrain de cette 4e édition des Trophées du rugby amateur ?

Tout simplement parce qu’à la base, je viens du rugby amateur. Même si j’ai la chance d’être arbitre pro et de vivre de ma passion, je n’oublie pas d’où je viens. D’ailleurs, même si cela fait vingt ans que j’arbitre, j’ai toujours gardé ma licence dans le club de Duras, qui est en Régionale 3. J’ai toujours ma licence là-bas, et j’accorde beaucoup d’importance au rugby amateur. J’essaie d’y être en contacts tous les week-ends, d’aller voir quelques rencontres les dimanches, même si mon emploi du temps ne me le permet pas. La grande majorité de mes copains, et de mes relations dans le monde du rugby sont dans le rugby amateur. J’accorde donc beaucoup d’importance à ce secteur-là.

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Quand on parle de rugby amateur, avez-vous un moment marquant en tête ?

Cela fait vingt ans que j’arbitre, mais avant d’arriver à haut niveau, c’est dix ans d’arbitrage en amateurs. Je me souviens de la moindre rencontre que j’ai eue quand j’ai débuté dans le comité du Périgord-Agenais, notamment d’une finale entre Lalinde et Ribérac à Bergerac. J’ai souvent aussi arbitré Layrac avec Mathieu de Carli. J’ai beaucoup de souvenirs de ces rencontres.

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Vous vous souvenez de votre premier match en tant qu’arbitre ?

C’était un match de Cadets au Passage-d’Agen. J’ai arbitré à cause de ma blessure (NDLR : victime d’une grave entorse cervicale, il doit arrêter le rugby à l’âge de 15 ans seulement). Je me suis alors demandé comment rester dans le milieu du rugby. De match en match, j’y ai pris goût. Quand j’ai commencé, je n’aurais jamais pensé que ce serait mon métier. L’arbitrage, à l’époque, n’était pas développé comme il l’est maintenant. Aujourd’hui, il y a des moyens qui sont mis en œuvre conjointement par la Fédération française de rugby et la Ligue nationale de rugby qui nous mettent en position confortable. Mais, quand j’ai démarré, ce n’était pas le cas. Petit à petit, comme une équipe qui joue son championnat, on se prend au jeu. On gravit les échelons de division en division. Quand j’ai commencé à arriver en Fédérale 3, mon but était d’aller le plus haut possible. J’ai eu la chance d’aller jusqu’à une finale de Top 14, mais je ne m’y attendais pas au départ.

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Tout à l’heure, vous me parliez de Mathieu de Carli. Il fait partie des personnages qui vous ont marqué dans le rugby amateur ?

Oui, exactement. Les Mathieu de Carli, Jérôme Garens, Mathieu Maillard, Karim Moumen… J’ai eu la chance d’arbitrer des gros matchs d’Honneur à l’époque, des Layrac – Fumel. Il y avait des Mathieu de Carli, Mathieu Maillard ou Karim Moumen, qui sont de vrais personnages. C’est ce qui m’a permis de me forger et d’en arriver là aujourd’hui.

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Poursuivez…

Aujourd’hui, j’ai de la chance, et on est dans le confort entre guillemets, car j’ai huit personnes à mes côtés. Tout est plus facile. Je me souviens d’un Fumel – Layrac à Fumel, dans un contexte hostile. Quand on est seul au milieu du terrain, face à ces personnages-là et dans un contexte hostile, on cherche des moyens de s’en sortir, d’être le meilleur possible, de ne léser personne. C’est ce qui forge. Quand on arrive en haut, avec tout ce qui est mis autour de nous, quand on est passé par là, c’est plus facile…

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Ils ne vous ont pas martyrisés ?

Non, au contraire (rires). J’ai eu plaisir à les revoir à chaque fois.

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Vous disiez continuer à aller à Duras. Est-ce important de garder ce lien avec le rugby amateur ?

Bien sûr. Honnêtement, dans l’équipe de Duras, je ne connais plus grand monde. Mais avant tout, je suis un passionné de ce sport. J’ai arbitré vendredi soir à Vannes, donc je vais rentrer ce samedi. Dimanche, je vais voir le derby Marmande-Langon. La moindre rencontre autour de mon domicile me donne envie. J’ai toujours plaisir d’aller voir ces rencontres, et retrouver les gens avec qui j’ai commencé. Même voir les collègues qui arbitrent à ce niveau-là, c’est important.

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Est-ce que vous ressentez une certaine notoriété et un autre statut ?

Ce n’est pas du tout mon état d’esprit. Forcément, comme je passe à la télé tous les week-ends, je connais pas mal de monde. Je sais que beaucoup de jeunes amis me regardent. Je sais l’importance qu’accordent les gens au fait de passer à la télé, mais c’est juste un écran. Moi, je reste le même. J’ai toujours ma licence dans un club de Régionale 3. Je n’oublie pas d’où je viens. Je vis de ma passion, mais cela ne m’a pas changé humainement.

À titre personnel, qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter pour les prochains mois ?

Le meilleur possible. C’est avoir beaucoup de belles rencontres à disputer tous les week-ends. On a des rencontres fantastiques. J’ai eu la chance d’être à Vannes vendredi soir. Le stade est à guichets fermés. C’est une ambiance exceptionnelle. On va espérer continuer dans cette lignée. La saison est longue. On espère foncer vers les phases finales, pour vivre des moments particuliers.

Est-ce que vous pensez déjà un peu à la Coupe du monde 2027 ?

Non, c’est trop tôt. C’est un peu le discours bateau comme peuvent dire les joueurs, mais je me focalise d’abord sur le Top 14. Mon métier à la base, c’est d’être arbitre en Top 14. Je dois donc faire ce que j’ai à faire de bien dans ce championnat. C’est important. Après, si la suite doit venir, elle viendra.

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On sait aussi que le rugby a besoin d’arbitres. Que diriez-vous à un jeune hésitant à franchir le pas ?

Honnêtement, je ne sais pas si j’y serais allé sans ma blessure, mais j’ai eu cette chance-là. C’est une école de la vie. Nous, les arbitres, on est comme une troisième équipe. On a des liens forts entre nous. On est soudés. Même si c’est un sport individuel, on reste dans un collectif. Je dirais qu’il ne faut pas hésiter. Même si je conçois que, pour aller sur certaines rencontres de jeunes, il faut en vouloir. À l’heure actuelle, c’est se jeter au milieu de l’arène, surtout avec le contexte sociétal, et ce que peuvent engendrer des fois les parents autour d’une main courante. Ce n’est pas simple, mais c’est la passion qui parle. Il ne faut pas lâcher. Je n’ai pas eu que des matchs faciles. J’ai eu beaucoup de sorties houleuses à l’époque, mais il faut essayer de rester focus dans sa bulle, et travailler fort dans son coin. Le travail paye.

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Justement, pour conclure, votre travail avait déjà été salué par le passé lors des Trophées du rugby amateur. Est-ce une fierté pour vous d’être récompensé ?

Bien sûr. Arbitre est un travail qui prend énormément de temps. On a des séances physiques tous les jours, entre deux et trois visios par jour, et des appels des managers des équipes qu’on vient d’arbitrer… Si on veut le faire comme il faut, c’est un travail à temps plein. C’est donc toujours plaisant de voir votre travail valorisé et reconnu. Malgré ce que peuvent croire certaines personnes malheureusement, on est humains, et il y a des erreurs. J’en suis le premier déçu, et frustré. Mais on travaille fort. Quand le travail est reconnu, que ce soit au niveau du département, au niveau national ou européen, c’est toujours gratifiant et valorisant.

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