Lors de leur conférence de presse de rentrée, la FDSEA, les Jeunes Agriculteurs et la Chambre d’agriculture du Lot ont lancé un appel urgent : entre instabilité politique, Mercosur, dérèglement climatique et aides régionales défaillantes, l’agriculture lotoise est inquiète.
Réunis mardi 9 septembre à la maison de l’agriculture à Cahors, les représentants de la FDSEA, des Jeunes Agriculteurs (JA) et de la Chambre d’agriculture du Lot ont dressé un constat sans détour. “Le contexte est instable, les décisions politiques manquent de clarté, et nos filières n’ont plus aucune lisibilité”, a alerté Alain Lafragette, vice-président de la Chambre. “On a besoin de décisions intelligentes, pas de demi-mesures.”

Dans ce contexte déjà tendu, la validation de l’accord Mercosur par la Commission européenne a jeté de l’huile sur le feu. “Les éleveurs se sentent trahis”, dénonce Frédéric Deilhes, co-président de la FDSEA. “Cet accord va permettre l’entrée massive de viande produite hors de nos normes sanitaires et environnementales.” La Chambre s’inquiète aussi de la faiblesse des contrôles : “3 % des importations au niveau européen et 40 % présentent des fraudes. C’est une menace directe pour notre modèle agricole.”
Le syndicat annonce d’ores et déjà des actions ciblées à l’automne pour dénoncer les effets de cet accord. “Nous irons vérifier ce qui arrive dans les grandes surfaces. Le consommateur ne veut pas de cette viande. L’État ne peut pas rester silencieux.”
Cultures, élevage : les tensions s’accumulent
Les responsables agricoles ont également pointé l’impact du climat sur les récoltes. Les cultures d’été souffrent : tournesol, maïs, melon, prunes… les rendements sont mauvais ou les débouchés limités pour les syndicats. “Côté noix, la saison est moyenne. Il y a eu des aléas climatiques, notamment de la grêle et des mini-tornades, avec des pertes de récolte allant de 30 à 90 % selon les secteurs”, précise Quentin Rayal, co-présidents des JA
Concernant la vigne, 750 hectares ont été arrachés l’hiver dernier, sans projet clair de reconversion, selon la Chambre. “Les surfaces arrachées s’ajoutent à celles malades. Il faut ouvrir une réflexion stratégique pour éviter un déclin brutal de la viticulture lotoise”, résume Alain Lafragette.
L’élevage, lui, connaît une légère embellie sur les prix, mais elle reste fragile. “Sans un soutien durable, l’élevage replongera dans la précarité.” Sur le volet sanitaire, l’état de l’élevage lotois reste globalement maîtrisé : 15 cas de FCO sérotype 3 (fièvre catarrhale ovine) ont été confirmés dans le Lot, mais aucun cas de MHE (maladie hémorragique épizootique), ni de FCO sérotype 8, ni de DNC (Dermatose Nodulaire Contagieuse) n’a été détecté.
Aides régionales : “On joue à la loterie”
Autre sujet d’inquiétude majeur : la gestion des aides transférée à la Région. “En 2024, 54 dossiers ont été déposés. Seuls 36 seront instruits début 2025, et 18 ont été refusés. Les critères d’éligibilité sont devenus trop restrictifs”, s’insurge Alain Lafragette. Le vice-président critique un système défaillant. “Aujourd’hui, c’est devenu un tirage au sort. On ne sait pas si un dossier sera financé ou non. Il faut que la Région revienne autour de la table, avec les Chambres et les syndicats, pour construire une politique plus juste.”
En 2024, 800 tonnes ont été récoltées dans le département et des sites de collecte devraient ouvrir au cours de l’année. “Il en reste autant à faire, mais sans financement, nous ne pourrons pas renouveler l’opération. C’est un enjeu à la fois environnemental et d’image”, détaille Frédéric Deilhes. Enfin, la future négociation de la PAC (2027-2032) devrait aussi être une préoccupation majeure cette année.