En 1948, Georges Schlienger, aviateur, perdait la vie dans le crash de son appareil près de Mont-de-Marsan, dans les Landes. 77 ans plus tard, grâce à l’association Aérocherche, les vestiges de l’aéronef sont exposés à Aeroscopia à Blagnac, pour le plus grand bonheur des descendants du pilote.
Le 23 juillet 1948, un Heinkel 162 s’écrase en lisière de forêt près de la base aérienne de Mont-de-Marsan. À son bord, le capitaine Georges Schlienger, 28 ans, pilote passionné et expérimenté, ne survit pas à l’accident. 77 ans plus tard, son histoire est révélée au grand jour aux visiteurs du musée Aeroscopia à Blagnac et, fait rare, sa descendance a pu retracer la vie de l’aviateur.
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L’appareil, l’un des rares exemplaires d’avions à réaction allemands récupérés après-guerre par l’armée française, souffrait d’un problème technique au décollage. “Les mécaniciens au sol ont vu qu’il avait du mal à décoller. Il a essayé de se poser, mais avec un moteur positionné sur le haut du fuselage et plein de carburant, c’était impossible”, raconte Gilles Collaveri, président de l’association Aérocherche.
Une histoire déterrée grâce à l’association Aérocherche
Pendant des décennies, l’histoire de ce pilote, père d’une fillette d’un an, sombre dans l’oubli. Jusqu’à ce que les passionnés d’archéologie aéronautique d’Aérocherche se lancent sur la piste du crash. Fouilles en pinède, recueil de témoignages locaux, consultation des archives militaires : leur enquête minutieuse permet de retrouver des fragments calcinés du Heinkel 162 et de reconstituer le parcours de Schlienger, qui avait volé sur de nombreux appareils français et britanniques en particulier à Madagascar. Des découvertes que l’association a présentées à Catherine Witte, la fille de Georges, et à Amaury, son arrière-petit-fils.

L’association parvient d’abord à retrouver la trace de Catherine, la fille du pilote, longtemps ignorante du destin exact de son père. “Petite, je ne pouvais rien demander sur lui. C’était trop douloureux pour ma mère”, confie-t-elle. Conservée dans une cave, une mallette contenant l’uniforme et des effets personnels de son père refait alors surface. Une découverte bouleversante, qui permet d’ancrer une mémoire familiale longtemps silencieuse.
“C’est comme un puzzle”
Le travail des chercheurs bénévoles prend ici toute sa dimension humaine. “C’est comme un puzzle : on assemble les archives, les objets, les témoignages. Et le résultat, on l’expose pour transmettre l’histoire”, souligne Gilles Collaveri.
Présentée dans l’îlot d’Aeroscopia dédié à l’association, l’exposition met en lumière la carrière de Schlienger, les vestiges du Heinkel 162 et les témoignages de ses descendants. Pour l’arrière-petit-fils de l’aviateur, qui a convaincu sa grand-mère de garder la fameuse mallette lors d’un déménagement, l’émotion est forte : “La seule chose que je savais, c’est qu’il avait été pilote. Maintenant, notre puzzle familial est complet.”
Pour l’association Aérocherche, la réussite de la démarche est évidente. L’exploit de retrouver la famille et les héritiers d’un aviateur décédé dans un ancien accident s’avère relativement rare. Pour ses membres, c’est une fierté non-dissimulée d’avoir réussi ce défi.
Au-delà de la technique et des fragments d’aluminium retrouvés dans la forêt landaise, c’est bien une histoire de transmission et de mémoire qui s’écrit. Celle d’un homme tombé dans l’oubli après-guerre, dont l’histoire est redécouverte trois quarts de siècle plus tard par ses des.