August 8, 2025

Deux brebis volées à un éleveur des Pyrénées et offertes pour une pendaison de crémaillère

l’essentiel
Deux éleveurs locaux auraient dérobé des brebis à un éleveur de Soulan pour les offrir lors d’une pendaison de crémaillère. Placés en garde à vue, ils doivent être jugés en septembre.

Christophe Bourrec, président du groupement pastoral de la montagne de Soulan ne décolère pas : « On est tous très en colère ! Vous imaginez ? Deux brebis volées par des éleveurs locaux ! Nos collègues quoi ! » Un acte qu’il qualifie de trahison. « C’est un coup de couteau dans le dos », ajoute-t-il, la voix chargée d’émotion.

Il y a 15 jours, un appel venu de Lançon a tout déclenché. Un éleveur prévient Christophe Bourrec qu’une brebis venant de Soulan était arrivée dans sa bergerie. « C’est une Auroise. Les marques ont été effacées, mais les poils rasés montrent bien les deux lettres SS de Saint-Lary-Soulan et JP, le nom du propriétaire. » Une tentative de dissimulation grossière, mais heureusement repérée à temps.

Une enquête de la gendarmerie permettra de découvrir qu’effectivement deux agnelles avaient été volées sur les terres de Soulan et « offertes » comme cadeau pour une pendaison de crémaillère dans le Louron. Suite aux interrogatoires des invités de la fête, les deux auteurs du délit auraient reconnu les faits. Et à la surprise générale, ce seraient des éleveurs de la vallée d’Aure !

En fin de saison, des brebis manquent toujours à l’appel

« Volés par les siens ! On est écœurés. Nous qui étions si fiers de la solidarité historique dans le pastoralisme pyrénéen. On ne comprend pas ce qui a pu leur passer par la tête », poursuit Christophe Bourrec. Pour lui, c’est bien plus qu’un simple vol : c’est une rupture de confiance, un affront à des valeurs ancestrales. Les voleurs présumés ont été mis en garde à vue et ils seront jugés en septembre prochain.

Leur cas servira d’exemple. En effet, ce type de vol ne constitue pas un cas isolé. Chaque fin de saison, les éleveurs constatent que des brebis manquent à l’appel. Hervé, le berger de Soulan, ne peut suivre en permanence les 1600 brebis qui lui sont confiées. « Avant, jamais on n’aurait pu imaginer qu’on nous vole des brebis. Les troupeaux, les bergers, les éleveurs étaient respectés. Mais aujourd’hui, force est de constater que les pertes en fin de saison ne sont pas toutes naturelles. », poursuit-il, amer.

Le pastoralisme contribue à l’attractivité de nos territoires. Les troupeaux sont le charme des estives et ils participent à leur entretien. Sans eux, la forêt aurait vite envahi tous les espaces. Il n’est déjà pas facile de recruter des bergers et des vachers tant le métier est rude. Mais s’ils doivent se transformer en gendarme, les vocations se feront encore plus rares. La confiance est une condition indispensable à la vie en montagne. Sans elle, c’est tout un équilibre qui vacille.

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