Après l’orage de grêle dévastateur de ce dimanche 31 août, les vendanges s’organisent en urgence au domaine Duboscq Monplaisir. Située sur la commune de Gondrin, près de Condom, la propriété a vu la moitié de ses parcelles impactées par la grêle. Reportage.
Pour Jean-Pierre Tourne, la journée a débuté aux aurores. Régisseur du domaine Duboscq Monplaisir, le Gascon supervise les vendanges des 13 hectares de la propriété. Mais cette année, elles se déroulent dans un contexte bien particulier : celui de l’urgence, après un violent épisode de grêle survenu dimanche 31 août.

“Nous n’avons pas été les plus touchés, certains ont tout perdu, pour nous près de la moitié du vignoble a été impactée, regrette-t-il. Nous avons perdu environ 30 % de la récolte, même si ce sont encore des estimations.” Impuissant face à ce nuage chargé de grêlons, Jean-Pierre Tourne se souvient du sentiment de dégoût qui l’a envahi. “Nous devions ramasser dans une semaine, avec une récolte correcte. La pluie tombée auparavant laissait même espérer une amélioration. Et finalement, on a beaucoup perdu.”
Une vendange avancée en catastrophe
Pas de place aux états d’âme pour le régisseur. Il a dû, sans attendre, trouver un entrepreneur disponible pour vendanger en urgence. “La grêle a fait éclater les baies, qui pourrissent ensuite. Cela affecte la qualité du vin. D’où l’intérêt, et l’obligation, de ramasser immédiatement avant que les raisins ne s’oxydent.”
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Quelques jours après l’orage, l’ETA (Entreprise de travaux agricoles) du Mian a donc répondu à l’appel pour vendanger en catastrophe. “C’est grâce à la solidarité de cet entrepreneur, qui a accepté de modifier son planning, que nous avons pu avancer”, souffle Jean-Pierre Tourne, soulagé.

Dès 3 heures du matin ce jeudi 4 septembre, Ianis Cahuzac, gérant de l’entreprise, était aux commandes de sa machine bleue. “Nous avons eu énormément de demandes depuis dimanche. Il a fallu adapter les plannings, en commençant plus tôt et en finissant plus tard”, raconte-t-il, les yeux rougis par la fatigue. À ces contraintes s’ajoute une météo capricieuse. “Le sol est gorgé d’eau, et le Merlot, cépage majoritaire du domaine, est difficile à ramasser. La grêle a entraîné une hétérogénéité de maturité, mais nous n’avons pas le choix : il faut récolter avant oxydation.”
Une solidarité des vignerons
Les conditions sont rudes, mais les deux hommes resteront mobilisés jusqu’à 18 heures. “Nous avons fait environ 60 % du vignoble, se réjouit le régisseur. J’aimerais terminer dimanche, mais cela dépendra de notre entrepreneur.” Et Jean-Pierre Tourne de rappeler la priorité : “Certains ont tout perdu dans le secteur. La solidarité doit primer. Il faut laisser aux autres le temps de vendanger.”
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Malgré tout, un point positif subsiste : la qualité du raisin. “Les baies sont assez grosses, il n’y a pas de pourriture. En revanche, la quantité ne sera pas au rendez-vous : on espère à peine 45 à 50 quintaux à l’hectare, alors qu’on pouvait compter sur davantage. Mais ce sont les aléas de la nature.”

Dans les rangs, les traces de la grêle sont encore visibles. Nombre de grappes sont éclatées, accentuant l’urgence d’achever la récolte avant toute oxydation. Une véritable course contre la montre, qui n’est pas encore terminée pour le domaine gascon.