Cachou Lajaunie suscite l’émoi à Toulouse après l’arrêt brutal de sa production : entre nostalgie populaire et espoir de reprise, une pétition relance le débat sur l’avenir de ce symbole régional. Témoignages.
Ce vendredi après-midi, rares sont les passants devant l’usine des Cachou Lajaunie quartier Fontaine-Lestang, à Toulouse. Néanmoins, les quelques personnes qui longent ce lieu de fabrication des petites pastilles jaunes au goût de réglisse ont toutes quelque chose à dire sur la situation. “J’habite Papus et je passe régulièrement, témoigne Fouad, la soixantaine. J’ai même eu un voisin qui travaillait dans cette entreprise. L’arrêt brutal d’une production est toujours un drame. C’est un peu la vie du quartier qui s’éteint.”
Plus loin, Rose Marie fait le même constat : “C’est vraiment dommage. Je me posais bien la question en ne voyant plus la petite boîte jaune en vente. J’en ai consommé longtemps. J’aimais bien ce goût de réglisse. Et puis c’était un produit emblématique de Toulouse, 140 ans, ce n’est pas rien. Tout ne peut pas stopper de cette façon. Il faut espérer que la pétition puisse avoir un impact positif sur l’entreprise.”
Revenant de son travail, Camille témoigne : “Les Cachou Lajaunie, mes enfants adoraient, se souvient-elle. Ils collectionnaient aussi la petite boîte jaune. Mais depuis fin 2024, on n’en trouvait plus nulle part. Je n’imaginais pas que c’était fini avant de lire l’information dans la presse. C’est triste pour les salariés et pour Toulouse. Il faut qu’un repreneur intervienne et si possible de Toulouse. Une manière de continuer l’histoire.”
La présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, a réagi avec émotion à cette disparition : “Le Cachou Lajaunie, ce n’était pas seulement une petite boîte jaune : c’était un parfum d’enfance, une madeleine du Sud, un morceau de notre patrimoine régional. Quelle tristesse de voir disparaître cette institution toulousaine après 145 ans d’existence. Ici, nous n’oublions jamais son goût unique.”
Les bureaux de tabac partagés
Dans les bureaux de tabac qui proposaient la petite boîte jaune et noire, les propos divergent. “Pour ma part, j’avais stoppé la vente avant la décision de l’arrêt par l’entreprise, remarque le gérant du tabac Le Calumet, boulevard d’Arcole. Les clients manquaient. Je pense que c’était un peu démodé comme gourmandise, notamment auprès des jeunes. Si la production repart, je ne sais pas si j’en proposerai dans mon magasin. Il faudra voir.”
À l’inverse, Frédéric, du bureau de tabac place Dupuy, émet un tout autre avis : “Cela fait six mois que nous ne sommes plus livrés et je le déplore car les clients étaient toujours au rendez-vous. Même des jeunes craquaient parfois pour ce produit “vintage” comme ils disaient.” Il l’affirme : “Si grâce à la pétition en ligne, la production reprend, ce que je souhaite, j’en reprendrai.” Il ajoute : “La boîte jaune mais carrée celle-ci, qui remplace l’original, n’a, à mes yeux, pas la même symbolique.”