October 15, 2025

"Je venais d’accomplir un rêve et tout est parti en fumée" : après six mois entre doutes et espoirs, Hugo va pouvoir rouvrir sa boulangerie partie en fumée

l’essentiel
Il y a six mois, après seulement quelques semaines d’ouverture, un incendie avait réduit en cendre une partie de la boulangerie et du rêve d’Hugo Laplanche. Passé par des périodes compliquées, le boulanger de 26 ans a finalement retrouvé le sourire en capitalisant sur la période qu’il vient de traverser. À quelques jours de la réouverture de “O’ptit Bely”, l’excitation prédomine.

Dans son laboratoire de boulangerie, Hugo Laplanche observe l’armoire de fermentation toute neuve que l’entreprise Sojac vient de lui livrer. Il passe la main sur la surface encore brillante et lâche un sourire : “Ça sent le neuf, j’adore.”

Le jeune boulanger de 26 ans, barbe épaisse et carrure d’ancien rugbyman, retrouve peu à peu le sourire. Pourtant, il revient de loin. Très loin.

Quelques mois plus tôt, tout s’est écroulé. En une poignée de minutes, un incendie provenant de l’évacuation de son four a réduit à néant le fruit de plusieurs années de travail : “Je venais d’accomplir un rêve, et tout est parti en fumée”, souffle-t-il. Pourtant, ce gamin du village n’a jamais été du genre à baisser les bras.

Hugo a grandi à La Ville-Dieu-Du-Temple et compte encore une large partie de sa famille sur la commune.
Hugo a grandi à La Ville-Dieu-Du-Temple et compte encore une large partie de sa famille sur la commune.
DDM – KC

Originaire de La Ville-Dieu-du-Temple (Tarn-et-Garonne), Hugo a toujours eu les mains faites pour pétrir la pâte. Mais bon élève à l’école, il suit la voie qu’on lui conseille : un DUT Gestion des entreprises et des administrations. “Au fond, je savais que ce n’était pas pour moi.”

À 18 ans, il se lance finalement dans un CAP boulangerie à Montauban. Il apprend le métier chez Maurane, puis affine son savoir-faire à Toulouse. Suivent d’autres expériences, à Montech, ou à Pinsaguel.

Une promesse à son grand-père

Son rêve d’ouvrir une boulangerie remonte à une promesse : “J’avais dit à mon grand-père que ce serait moi qui lui ferais son pain un jour.” Alors, quand il apprend en 2024 que la boulangerie de son village est à vendre, il n’hésite pas. Il la rachète et la baptise “O’ptit Bely”, en hommage à son grand-père, Jean-Pierre Bely, qu’il admirait tant : “Quand les anciens me croisaient, ils m’appelaient Pitchou Bely, donc ça vient de là”. Malheureusement, son grand-père n’aura pas le temps de voir l’aboutissement de cette promesse.

La boulangerie se trouve au centre du village.
La boulangerie se trouve au centre du village.
DDM – KC

En avril 2025, Hugo reprend la boutique les rênes de la boutique, fier de redonner un nouveau souffle à l’une des deux boulangeries du village. Sa philosophie de travail est simple : du levain dur ou liquide, des matières premières nobles, du 100 % fait maison. “Par exemple, je ne veux pas d’arômes, seulement des gousses de vanille. Mes fraises viennent de Saint-Porquier, mes pommes d’ici, de La-Ville-Dieu. Tout doit avoir du sens”, appuie-t-il.

Le 13 mai 2025, tout bascule en quelques minutes

Mais le 13 mai à 11 h, un mois et 5 jours après l’ouverture, sa conjointe l’alerte : une épaisse fumée blanche s’échappe du toit. En montant sur une échelle pour examiner le dessus du four, il découvre des flammes qui s’échappent du conduit d’extraction.

L’incendie, dû au conduit vétuste, jamais entretenu, ravage tout : four, chambre froide, plafond, machines, marchandise. “Un crève-cœur”, lâche-t-il la gorge serrée, encore affecté par la catastrophe.

La boulangerie est fermée depuis le 13 mai 2025.
La boulangerie est fermée depuis le 13 mai 2025.
DDM – KC

Les semaines suivantes sont un enfer administratif : dossiers, assurances, chômage partiel pour ses six salariés… Tout s’accumule. “Mentalement, il y a des jours où on est bien parce qu’on nous dit que ça avance, mais des fois, on recule. Psychologiquement, c’est très dur, je ne dormais plus. Au bout d’un moment, je me suis demandé si j’allais rouvrir”, confie-t-il courageusement.

La période est sombre, les doutes le rongent. Mais l’ancien rugbyman au caractère saillant finit par relever la tête : “J’ai décidé d’avancer, de ne pas trahir mon projet. Je me suis toujours battu et je voulais honorer ma promesse.”

Repartir de zéro

Malgré la fatigue ancrée sous ses yeux, Hugo se relève. Il décide de tout refaire, en mieux. Il réinvestit : four à sol, four ventilé, chambre froide, diviseuse, façonneuse, pétrin, tour réfrigéré… “C’est un gros risque financier, mais autant repartir sur des bases totalement saines”, juge-t-il.

Pendant les travaux, il donne un coup de main aux artisans, offre le café, pose des questions : “Quand ils ont monté le four, j’en ai profité pour regarder comment il fonctionne. J’ai beaucoup appris grâce à ces conseils de pros”, acquiesce le jeune homme.

Depuis plusieurs semaines, le nouveau matériel arrive à compte goûte.
Depuis plusieurs semaines, le nouveau matériel arrive à compte goûte.
DDM – KC

En parallèle, il s’enrichit de nouvelles recettes, s’inspire de nouveaux produits : rapidement la période sombre devient celle de l’apprentissage : “J’aurais préféré que ça ne se passe pas, mais maintenant que c’est fait, j’ai pris du recul et j’ai une approche différente des choses”.

“J’ai hâte de reprendre le travail”

Après des mois de doute et de paperasse, il entrevoit enfin le bout du tunnel. Si tout va bien, la boulangerie O’ptit Bely rouvrira le 28 octobre. À ce stade, l’excitation domine la pointe appréhension : “J’ai hâte de reprendre le travail, de revoir les clients et j’espère qu’ils seront au rendez-vous.”

La pose de la nouvelle chambre froide vient de s’achever.
La pose de la nouvelle chambre froide vient de s’achever.
DDM – KC

Dans son laboratoire, il observe ses nouvelles machines avec l’impatience de les faire tourner à plein régime afin de rapidement effacer ce faux départ.

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