Trafic de GPS agricoles : les gendarmes d’Auch ont saisi plusieurs centaines de kilos de matériel et arrêté trois suspects liés à un réseau international. Une enquête qui révèle l’ampleur du phénomène qui frappe durement le Gers.
C’est un sacré coup de filet qu’ont réalisé les gendarmes de la brigade de recherche de la gendarmerie d’Auch la semaine dernière. Un trafic international de GPS agricoles a été démantelé, comme nous le révélions le 3 septembre.
Quelques jours plus tard, après l’interpellation de trois suspects, de nouveaux éléments ont émergé grâce aux investigations menées par les enquêteurs gersois, épaulés par leurs collègues de l’office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI) et la section de recherches de Toulouse.
L’enquête, ouverte initialement par le parquet d’Auch, a été transférée en début de semaine à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Bordeaux, sous la direction du procureur de la République Renaud Gaudel.
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Ce dernier a communiqué sur cette arrestation d’ampleur. “Le 29 août en début d’après-midi, les enquêteurs sont parvenus à identifier et localiser le véhicule utilisé par les individus suspectés. Les investigations ont également permis de déterminer un lieu de dépôt du butin, constitué de plusieurs sacs. La surveillance mise en œuvre a conduit à l’interpellation en flagrant délit d’un premier homme de 30 ans, de nationalité moldave, venu sur place récupérer l’ensemble du butin”, indique le procureur.
Cette arrestation a permis de saisir plus de 220 kg de matériel, comprenant notamment 18 antennes, 58 consoles de navigation agricole, 4 moteurs de volant et 3 volants. Tous sont des composants essentiels de GPS agricoles.
L’enquête s’est poursuivie dès le lendemain, le 30 août, avec l’interpellation de deux complices, qui avaient déposé les sacs chez le “collecteur”, interceptés en Lozère sur l’A75 alors qu’ils prenaient la fuite en direction de l’Allemagne et du nord de l’Europe. Ils sont tous deux de nationalité lituanienne, âgés de 39 et 22 ans.
“Les investigations et rapprochements réalisés permettent d’ores et déjà de constater qu’au moins deux des trois individus interpellés sont concernés par des faits identiques en d’autres points du territoire national, confirmant le caractère sériel et organisé du groupe criminel à l’œuvre”, indique encore le parquet.
Une information judiciaire a été ouverte mardi (2 septembre 2025), à la JIRS de Bordeaux des chefs de vols en bande organisée, recel en bande organisée de vols en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes. Les trois individus appréhendés ont été mis en examen et placés en détention provisoire.
Le Gers particulièrement ciblé
“Une enquête comme celle-là, ce sont des jours et des nuits, des semaines, des mois d’investigation. Ce sont des recoupements techniques et technologiques, mais c’est surtout du travail de terrain. C’est la compréhension de l’environnement, les échanges sur le terrain qui permettent surtout aux enquêteurs de remonter le fil”, indique le colonel de la gendarmerie du Gers Philippe de Laforcade, qui tient à féliciter ses hommes.
Depuis le début de l’année 2024, la gendarmerie gersoise a créé une cellule spéciale, une task force, pour lutter contre ces vols de GPS agricoles. “Dans un territoire comme le Gers, où l’agriculture est centrale, il est important de répondre aux problématiques qui touchent le monde agricole”, justifie le colonel.
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Apparu en France il y a quelques années, ce phénomène touche désormais durement le Gers, particulièrement exposé en raison du poids de son agriculture. Dans le département, on recense 42 faits en 2024 contre 20 l’année précédente. À l’échelle nationale, plusieurs centaines de vols similaires ont été recensés ces dernières années, confirmant l’ampleur du phénomène et son caractère transfrontalier.
En mars 2025, trois hommes de nationalité roumaine avaient été interpellés pour des vols de GPS agricoles commis dans le Gers, en Haute-Garonne et dans le Tarn-et-Garonne. Un peu plus tard en mai, les enquêteurs du Gers avaient suivi la trace d’un suspect au Luxembourg où ils l’avaient intercepté, là encore pour un trafic de matériel agricole.
Malgré ces deux coups de filet, le phénomène persiste. “On reste vigilants, la task force est toujours mobilisée, insiste le colonel de Laforcade. Nous n’avons pas le droit de passer à côté de ces affaires qui touchent le monde agricole.”