September 5, 2025

Pour faire une blague à un de leur collègue, les pompiers volent un radar… avant de l’incendier

l’essentiel
Trois pompiers volontaires comparaissaient ce vendredi devant le tribunal d’Agen pour avoir dégradé et incendié un radar à Lamontjoie en avril dernier, en marge d’une soirée de Sainte-Barbe.

Aucun antécédent judiciaire. Les profils de personnes tout à fait insérées dans la société. Ces trois hommes, présents à la barre du tribunal judiciaire d’Agen ce vendredi 5 septembre, n’ont rien du délinquant familier des prétoires. Pourtant, la destruction d’un radar, qui leur est reprochée le 27 avril 2025 à Lamontjoie, constitue bel et bien un délit auquel ces trois pompiers volontaires ont tenté de répondre – bien que victimes de leurs amnésies quant au déroulé de cette soirée fortement alcoolisée, organisée en marge des festivités de la Sainte-Barbe.

Tout aurait commencé au cours de la journée, lorsque la conversation des soldats du feu a dévié sur l’implantation visiblement controversée de ce radar dans la commune. Quelques heures et quelques verres d’alcool plus tard, l’idée de dérober l’objet et de l’installer dans le jardin d’un coéquipier germe alors dans l’esprit des prévenus, qui s’exécutent. Une fois la farce menée à son terme, le trio repoussé par son ami qui ne souhaitait “pas s’attirer d’ennuis”, décide alors de se débarrasser du radar, près d’un lac, avant d’incendier la bâche qui l’enrobe au moyen d’un briquet. À la vue des flammes, un témoin donne l’alerte et, comble de l’histoire : “ce sont les casernes de deux des auteurs qui sont mobilisées sur l’intervention”, annonce le ministère public.

“L’an dernier, il a consacré 3 200 heures à son activité de pompier”

L’ADN du quatrième individu, cible de la blague, détecté sur l’appareil, permettra aux enquêteurs d’identifier les auteurs. Questionné sur l’intention qui aurait pu être dissimulée derrière ce geste, l’un d’eux, habitant de Lamontjoie désigné comme l’auteur de l’incendie et d’un tag hostile au premier édile de la commune inscrit sur le radar, réfute l’hypothèse d’une quelconque vengeance. “Il n’y avait aucune arrière-pensée”, certifie-t-il. Un second prévenu, un quadragénaire venu de Laplume, souhaite se délester de son implication dans les faits, auxquels il doit avoir simplement assisté. Il n’aurait donc commis aucune dégradation et aurait même, au départ, tenté de dissuader ses deux compagnons. “C’est une infraction récurrente, encore plus détestable lorsqu’il s’agit de pompiers volontaires, qui sont également ceux qui interviennent sur les accidents de la route, les incendies”, dénonce le ministère public. 2 000 euros d’amende ainsi que douze mois de prison avec sursis sont requis contre chacun des trois Lot-et-Garonnais. Ils sont finalement condamnés à 5 000 euros d’amende dont 4 000 avec sursis, ainsi qu’à l’obligation de suivre un stage de citoyenneté.

“Il ne s’agit pas de grande délinquance, mais bien d’une bêtise désinhibée par l’effet de l’alcool. Une bande d’amis qui a trop bu. Il n’y avait aucune réflexion, aucune intelligence. L’empêcher de participer à la réparation de cette société, c’est contre-productif. Cet événement n’a rien à voir avec sa qualité de pompier”, intervient Me Alice Collinet, conseil du Montjoyard de 30 ans. “L’an passé, il a consacré 3 200 heures à cette activité, ainsi que la moitié de ses cinq semaines de congé pour des formations liées à celle-ci”, plaide à son tour Me François Delmouly, assistant un coauteur de 37 ans, vivant également à Lamontjoie. Effectivement, leurs clients, davantage considérés comme les initiateurs cette épopée, étaient à un cheveu de se voir interdire l’activité de sapeur-pompier volontaire pendant deux ans, qu’avait également mentionné la procureure de la République dans son réquisitoire. Ils devront tout de même s’expliquer de ces faits devant la direction du SDIS.

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