La vice-Première ministre Angela Rayner devant Downing Street, à Londres, le 15 juillet 2025. WIKTOR SZYMANOWICZ / ANADOLU VIA AFP
La vice-Première ministre britannique, Angela Rayner, a démissionné du gouvernement, selon un échange de lettres avec le Premier ministre Keir Starmer publié ce vendredi 5 septembre. Deux jours plus tôt, cette figure montante et atypique du Parti travailliste britannique reconnaissait n’avoir pas payé un montant suffisant d’impôt lors de l’achat d’un appartement.
« J’ai décidé de démissionner de mes fonctions de vice-Première ministre et de ministre du Logement […] ainsi que du poste de vice-présidente du Parti travailliste », écrit l’élue dans cette lettre, après plusieurs jours de controverse. Elle avait été nommée à ces postes après la victoire des travaillistes aux élections législatives en juillet 2024.
« Ange », comme elle se surnomme, quitte le gouvernement alors qu’elle passait parfois pour une possible remplaçante du Premier ministre Keir Starmer, en raison de sa popularité auprès de la base du parti. Angela Rayner, 45 ans, facilement reconnaissable avec ses longs cheveux roux et sa frange, est cependant restée assez discrète lors de ses quatorze mois passés au sein du gouvernement qui a rapidement été décrié.
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Elle est en revanche souvent apparue dans la presse conservatrice, dont elle est devenue une cible de prédilection. A l’été 2024, les images d’elle en train de faire la fête à Ibiza ont fait la une. Ces dernières semaines, on l’a vue en train de boire du rosé sur la plage, puis ses achats immobiliers ont occupé une bonne place dans les titres.
« Un doctorat en “vie réelle” »
Dans un pays où la classe dirigeante est massivement passée par les universités d’Oxford et de Cambridge, Angela Rayner a toujours détonné et parfois dérangé. Car elle a quitté l’école adolescente et sans diplôme.
Issue d’une famille pauvre de trois enfants, Angela Rayner a grandi à Stockport, dans le nord de l’Angleterre, dans un logement social. Vers 10 ans, elle s’est occupée de sa mère, bipolaire, illettrée et qui ne travaillait pas. Sa mère lui donnait de la nourriture pour chien en pensant que c’était du steak mijoté, confiait-elle au « Guardian » dans un long entretien paru en mars 2024. Pour avoir des repas complets, elle faisait en sorte de se faire inviter chez des amis. Son père, colérique, était la plupart du temps absent.
A 16 ans, Angela Rayner s’est retrouvée mère célibataire. Quelques années plus tard, elle a eu deux autres enfants, dont un très grand prématuré, qui est presque aveugle. En 2017, elle est devenue grand-mère, à seulement 37 ans. « J’ai un doctorat en “vie réelle” », a-t-elle résumé peu avant les législatives de 2024.
Une syndicaliste convertie à la politique
Depuis 2020, elle occupait la deuxième place dans la direction du Parti travailliste. Elle a expliqué n’avoir pourtant jamais rêvé de politique. Après avoir abandonné l’école, elle a travaillé dans le social. C’est là qu’elle a découvert le syndicalisme, puis la politique.
En 2015, elle a été élue députée dans la circonscription d’Ashton-under-Lyne, non loin de Manchester. Sur les bancs du Labour, elle a connu, avec son franc-parler, une ascension fulgurante, d’abord sous Jeremy Corbyn, le chef, très à gauche, du parti jusqu’en 2020, puis sous Keir Starmer.
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Angela Rayner « terrifie les conservateurs », avait écrit le quotidien « The Guardian ». « Ils ne savent pas comment interagir [avec moi] parce qu’ils ne rencontrent pas souvent des gens comme moi », a-t-elle dit.
Ciblée par des attaques misogynes
En 2020, un tabloïd avait écrit que des députés conservateurs comparaient Angela Rayner à Sharon Stone dans le film « Basic Instinct », affirmant qu’elle aimait détourner l’attention du Premier ministre, alors Boris Johnson, en croisant et en décroisant les jambes au moment des questions au chef du gouvernement au Parlement. Ces attaques à caractère misogyne avaient fait scandale.
Quelques mois avant les législatives de 2024, des conservateurs ont fait remonter à la surface le passé d’Angela Rayner, l’accusant d’infraction à la loi électorale à l’occasion de la vente d’un logement en 2015. Mais la police, après « une enquête approfondie », avait classé le dossier sans engager de poursuites.