Le manque d’information et de transparence du Groupe Cahors entretient l’inquiétude sur l’avenir économique de la société, à un moment où le PDG fait l’objet d’une enquête des services fiscaux. Syndicats et élus du territoire font part de leurs inquiétudes.
Le Groupe Cahors fait encore parler de lui. Hélas pour les 260 collaborateurs de l’entreprise cadurcienne spécialisée dans les réseaux électriques et de télécommunication, ce n’est pas un nouveau marché qui les met en avant, mais des soupçons visant leur PDG, Grégoire Libert*.
Celui-ci est en effet dans le collimateur du Trésor public et de la Brigade financière du parquet de Paris, selon deux de nos confrères** qui mentionnent notamment une rémunération de 1,5 million d’euros versée alors que l’entreprise était en proie à une restructuration en 2020, au moment de son rachat.

Entrave au CSE avérée et alerte économique lancée
Cinq ans plus tard, alors que la direction de l’entreprise vient d’être condamnée au tribunal de Cahors, cet été, pour entrave au fonctionnement du CSE, comité social et économique, La Dépêche apprend qu’une alerte économique a été déposée par les syndicats CGT et FO du Groupe Cahors. Par la voix de Jean-Claude Augusto, délégué CGT, qui s’en explique : “Tout est compliqué : obtenir des réponses, avoir accès aux documents supports, etc. Par cette alerte, nous souhaitons donc que soit engagée une expertise économique de l’entreprise”.
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Car, les élus syndicaux ne sont pas sereins pour l’avenir du Groupe Cahors. “On nous fait croire qu’il y a du travail, mais nous ne croulons pas sous une charge de commandes. Les appareils TIPI, tableau d’interface de puissance et d’information, fonctionnent bien. Mais plus globalement, nous tournons au ralenti depuis un an sur des marchés qu’on avait déjà”, constate-t-il, évoquant l’époque où quelque 400 salariés travaillaient sur le site.
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Les élus du territoire se posent également des questions
La société rachetée en octobre 2019 a été secouée par plusieurs mouvements sociaux et des débrayages, alors qu’un plan de sauvegarde de l’emploi aboutissait aux licenciements d’une cinquantaine de personnes. À l’époque, le nouveau patron avait réalisé un montage financier autour de sa holding, indiquant dans nos colonnes : “La société était dans une ornière dont il fallait la sortir avec un mur de dettes de 100 millions d’euros et des pertes annuelles se chiffrant à 10 millions. On a fait le travail difficile, celui que les gens ne veulent pas faire… D’où les mouvements sociaux.”
Pourtant, dans l’entreprise, la stratégie économique et financière de Grégoire Libert peine à convaincre. FO et CGT s’étonnent de : “nombreuses refacturations de travaux ou de missions collaborateurs ponctionnés par la holding, de l’ordre de 2 à 3 millions par an. Des machines et des bâtiments qui ont été rachetés pour désormais être loués par le Groupe Cahors”, dénonçant un système : “Où on prend sur nos comptes, avant de nous prêter l’argent qui manque à un taux élevé”.
Même si ces modalités financières mises en place sont légales ; elles n’empêchent pas les représentants syndicaux de douter : “Tant qu’on rapportera quelque chose on aura une utilité, mais à 6 mois, un an ou deux ans, le couperet peut tomber sur le Groupe Cahors et qu’on nous laisse nous écraser”.
Le manque de communication et les contrôles fiscaux et financiers engagés ne sont pas sans susciter l’inquiétude aussi des élus, à commencer par Jean-Luc Marx, le maire de Cahors. “Ce contentieux entre le patron de notre entreprise phare et l’administration fiscale n’est pas rassurant. Évidemment, tout cela nous préoccupe, d’autant que nous n’avons pas d’écho sur la stratégie économique conduite. Tout cela semble assez mystérieux, sans aucun élément tangible. Je reste en contact avec la préfète du Lot et ses services sur la situation”.
Lacaze Énergies fait elle aussi partie du Groupe Cahors
Une opacité et des craintes que partage également Vincent Labarthe, président du Grand Figeac et vice-président de Région. “Il y a la MAEC-Groupe Cahors, mais aussi Lacaze Énergies à Leyme. Lorsqu’à l’arrivée de Grégoire Libert, le service commercial a été écarté, nous avons souhaité le rencontrer et notamment organiser une rencontre dans l’entreprise pour lui présenter les dispositifs d’accompagnement économique de la Région Occitanie. Nous n’avons pas eu de suite. Lorsqu’on a compris que les bâtiments industriels et l’outil de production étaient vendus à sa holding en contrepartie de loyers, on s’est dit que la rentabilité de la société serait forcément amoindrie, pendant que lui tirerait un max de ce système”, analyse Vincent Labarthe.
“On ne peut pas faire croire aux gens qu’en virant les cols blancs dans une entreprise, les cols bleus se porteront mieux demain”. Le président de l’intercommunalité figeacoise s’inquiète de la situation : “Quand les moyens de production se délitent, que les investissements ne sont pas faits, à terme c’est une entreprise qui est condamnée. Nous avons été alertés par les personnels sur le manque de perspectives économiques et des marchés qu’ils ne voient pas arriver depuis quelque temps déjà”, rapporte Vincent Labarthe, soucieux pour les 50 emplois de Lacaze Énergies et la vie de ce territoire qui s’enorgueillait de compter le leader européen des chauffe-eau.