Selon le dernier Eurobaromètre du Parlement européen, publié ce mercredi 3 septembre, une large majorité de citoyens souhaite une Union plus protectrice et plus unie, dotée de moyens financiers renforcés. Sécurité, pouvoir d’achat, transparence et respect de l’État de droit s’imposent comme des priorités incontournables pour le futur cadre budgétaire post-2027.
L’Union européenne entre dans une phase charnière. À l’heure où les négociations sur le prochain cadre financier pluriannuel, qui prendra le relais après 2027, commencent à émerger dans le débat politique, l’Eurobaromètre du Parlement européen apporte un éclairage précis sur les attentes des citoyens. Les résultats de cette vaste enquête, publiés ce mercredi 3 septembre dans un contexte de tensions géopolitiques et de fragilité économique, témoignent d’une exigence croissante envers Bruxelles : protection accrue, coopération renforcée, moyens financiers adaptés et contrôle rigoureux des dépenses publiques.
L’Union doit jouer un rôle plus important dans la protection des citoyens
Selon l’enquête, 68 % des personnes interrogées considèrent que l’Union doit jouer un rôle plus important dans la protection des citoyens face aux crises mondiales et aux menaces sécuritaires. Cette demande traduit une inquiétude généralisée, renforcée par la succession de crises récentes — pandémie de Covid-19, guerre en Ukraine, tensions énergétiques et inflation persistante. Dans un monde instable, une majorité claire attend de l’UE qu’elle devienne un rempart.
Neuf Européens sur dix (90 %) estiment ensuite que les États membres doivent s’unir davantage pour affronter les défis actuels. Plus des trois quarts (77 %) jugent que l’Union doit disposer de moyens supplémentaires afin d’affirmer son rôle sur la scène internationale. Ces résultats traduisent la conviction que l’Europe seule ne peut peser dans le rapport de forces mondial sans une capacité budgétaire et politique renforcée.
La défense devant la compétitivité
Les priorités identifiées par les citoyens sont révélatrices de ce contexte. Pour consolider la position de l’UE, 37 % des répondants placent la défense et la sécurité en tête, tandis que 32 % citent la compétitivité, l’économie et l’industrie. Le lien entre puissance économique et sécurité collective apparaît ici comme une évidence.
Mais au-delà de la dimension stratégique, les préoccupations sociales demeurent fortes : l’inflation, la hausse des prix et le coût de la vie constituent le premier sujet de préoccupation (41 %), suivis par la sécurité (34 %) et la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (31 %). Ces chiffres confirment la continuité d’un malaise déjà exprimé lors des dernières élections européennes, où la question du pouvoir d’achat avait dominé le débat public.
Davantage de projets devraient être financés collectivement
Cette enquête ne se limite pas aux priorités politiques ; elle aborde aussi la manière dont l’Union doit financer ses actions. Près de huit Européens sur dix (78 %) estiment que davantage de projets devraient être financés collectivement par l’UE, plutôt que par les États membres de manière isolée. Le financement des vaccins contre le Covid-19 est, d’évidence dans les esprits.
L’idée d’un budget commun plus ambitieux, permettant des investissements à l’échelle européenne, semble désormais partagée par une majorité claire. En parallèle, la demande de transparence se révèle écrasante avec 91 % des citoyens qui considèrent que le Parlement européen doit disposer de toutes les informations et moyens nécessaires pour contrôler efficacement les dépenses.
Respect de l’État de droit
Un autre point recueille un large consensus : 85 % des Européens estiment que l’accès aux fonds de l’UE doit être conditionné au respect de l’État de droit et des principes démocratiques. Cette position, largement majoritaire dans tous les États membres, renforce une orientation politique déjà engagée par l’Union ces dernières années.
L’adhésion au projet européen reste néanmoins solide. Près de trois quarts des citoyens (73 %) estiment que leur pays a bénéficié de son appartenance à l’UE. Les principales raisons invoquées sont la contribution de l’Union au maintien de la paix et à la sécurité (37 %), l’amélioration de la coopération entre États membres (36 %) et la stimulation de la croissance économique (29 %). Par ailleurs, 72 % des sondés déclarent que les actions de l’UE ont un impact concret sur leur vie quotidienne, dont la moitié de manière positive. Cette perception souligne la persistance d’un attachement au projet européen, malgré les critiques et les inquiétudes.
Pour le Parlement, l’enjeu est désormais de traduire ces attentes dans le futur cadre budgétaire post-2027. La présidente du Parlement, la Maltaise Roberta Metsola, a rappelé que “les citoyens souhaitent que l’Europe se concentre sur la sécurité et l’économie” et que les institutions doivent répondre à cette demande en alignant les priorités budgétaires sur les réalités géopolitiques et sociales. Le défi est donc de renforcer la capacité de l’UE à protéger et investir tout en garantissant un contrôle démocratique et une conditionnalité stricte des fonds.