Sur les hauteurs de Melles, les 1 500 brebis du Groupement Pastoral (GP) ovin du Crabère ont pris leur quartier d’été depuis la mi-juin. Un mois plus tard, le 15 juillet est une des journées phare de la saison pour Pascale Fourquet, présidente du GP, avec le changement d’estive pour l’imposant troupeau de brebis. Dès le petit jour, elle montait d’un pas décidé jusqu’aux Sédères pour rejoindre la cabane des bergers et accompagner la descente du troupeau vers Labatch. Cette transhumance intermédiaire, qui va mener les animaux jusqu’au plateau d’Uls en suivant le sentier du GR10 et ses abrupts lacets des Angles, n’est pas sans danger et demande une organisation sans faille.
Sur les traces
de sa famille
Mais pour l’enfant du pays issue d’une vieille famille melloise, élever des brebis s’est imposé dans la transmission avec ses parents. La montagne et ses dangers n’ont pas de secret pour Pascale. Depuis 2006, elle préside donc le GP composé de 8 élevages d’ovins. Chaque saison, les troupeaux réunis montent se gaver d’herbes odorantes des alpages, et entretiennent la montagne. Sans troupeaux en estive, les pâturages se refermeraient. Là-haut, 4 bergers employés par le GP du Crabère veillent sur les bêtes durant la saison ; ils sont épaulés par 7 patous et quelques chiens de troupeaux. Une vie rude et un travail de chaque instant. Aussi, Pascale et ses collègues éleveurs, conscients de la difficulté du travail en montagne, sont au petit soin pour leurs 4 salariés : Amanda, revenue pour sa 2e saison ; Marco, novice à Melles ainsi que 2 bergers de nuit qui se partagent la semaine. À l’avant du troupeau, Pascale ne laisserait à personne le soin de guider les animaux sur les pentes rendues glissantes par la nuit pluvieuse. C’est aussi la fierté d’une carrière d’agricultrice de montagne accomplie qui guide ses pas.
À 57 ans, l’éleveuse entame sa fin de carrière avec sérénité. Après des études de droit, elle a choisi de marcher sur les traces de sa famille, et a fait du fromage pendant 15 ans, du fromage dont certains se souviennent encore. Puis en 1996, elle a repris une partie de l’exploitation familiale avant d’en assumer la totalité en 1999. Sa fonction de présidente du GP lui confère de grandes responsabilités qu’elle assume avec sérieux et ténacité : la gestion des embauches et des salaires, le suivi de la réglementation sanitaire sur l’élevage la recherche de financements et le partenariat avec les organismes officiels (DDT, Chambre d’agriculture) ainsi que l’information et l’animation du groupe des éleveurs. Depuis toujours, le GP du Crabère s’est distingué par son dynamisme et ses innovations dans les moyens mis en œuvre en particulier par rapport à la prédation, et la recherche de solutions pour cohabiter avec l’ours. La parfaite connaissance du terrain, le pragmatisme et le sens du dialogue de Pascale sont précieux dans les échanges avec les instances publiques et permettent de trouver des solutions efficaces comme le parc de nuit en 2008, l’emploi massif de chiens Patou, l’embauche de bergers de nuit depuis 2024. Enfin, le GP et sa présidente mènent chaque année des projets d’entretien et d’amélioration des cabanes et des estives.