Après un exercice difficile, l’ailier castrais a remis les choses à plat et profité de l’été pour se retrouver face à soi-même sur les pentes raides du GR20, en Corse. Pour des bienfaits multiples, qu’il montrera sans doute sur la pelouse de Montauban ce vendredi 22 août en match amical (19h30).
Nathanaël Hulleu est un homme changé. Et cela se voit sur son visage. Juste au-dessus de son œil droit, avec une petite cicatrice. Qui ne provient pas du rugby. “En fait, j’ai fait le GR20, en solitaire, en Corse cet été. C’était épuisant. Pendant mes neuf jours sur le sentier, j’ai pris l’habitude d’étaler mon petit-déjeuner sur la matinée. Je suis ensuite allé chez mes parents, et j’ai continué à fonctionner comme durant mon périple. Lors de mon premier jour vraiment off, pendant que ma maman préparait à manger, et que mon père me parlait, je suis tombé la tête la première sur un meuble. Malaise vagal. Ça m’a coûté sept points de suture. Je pense que mon corps a dit stop, a procédé à une sorte de reboot. Là, on oublie l’année de merde, et on repart à zéro”, suppose le Haut-Savoyard.
“Je me suis excusé auprès de Xavier”
Son inconscient a sans doute œuvré après un exercice raté, où il n’aura été que l’ombre de lui-même, très loin du Hulleu virevoltant qu’il fut lors de sa première saison à Castres (neuf essais). “Je n’ai pas été très performant. Il y a peut-être eu une retombée de l’équipe de France (sélectionné pour la rocambolesque tournée en Argentine à l’été 2024). J’ai eu des vacances après coup, mais j’ai mal géré, reconnaît l’ailier. Je suis revenu avec un peu de poids, et je suis rentré dans une spirale négative. Je jouais donc peu. Puis il y a ce match à Bayonne (décembre 2024)… catastrophique. Le plus mauvais de ma carrière. C’était le coup de pied dont j’avais besoin.”
L’ancien Vannetais rencontre alors Xavier Sadourny, s’excuse auprès de lui, arguant “ne pas aimer le joueur que j’étais, que ce n’était pas moi. Que j’allais travailler et ne ferai plus la gueule si je ne figurais pas sur la feuille de match.” Dès lors, Nathanaël Hulleu fut plus mordant, avec notamment un succès aux Saracens en janvier et une excellente entrée en jeu à La Rochelle deux mois plus tard.
Le “coup de pied” de Bayonne lui a permis de se remettre un peu dans le bon sens, mais ce sont surtout sur les vacances estivales que le meilleur marqueur de Pro D2 2023 comptait pour retrouver du peps. Car concrètement, “rien n’allait” pour lui, professionnellement et personnellement. Les vicissitudes de sa vie ont alors fait mûrir une idée, naître un besoin. “Il fallait que je me retrouve seul, que j’en chie. Et je suis tombé sur le GR20, que je connaissais, sur les réseaux sociaux”, rembobine le joueur de 25 ans.
Sortie de sa zone de confort et perte de poids
Il se lance alors ce défi de parcourir les 180 km – “Enfin je pense qu’il y en a plus”, en rit-il – du plus difficile GR d’Europe en solitaire, ce qui est peu commun sur le sentier corse. Une façon de se vider la tête, aussi. “Dans ma vie, c’était LE moment où il fallait le faire. Je n’avais en outre pas envie de penser au rugby. Le soir dans ma tente, je prévoyais l’itinéraire du lendemain. J’ai pu me faire des potes aussi. Je suis sorti de ma zone de confort car je suis timide. Or là, j’ai dû aller vers les gens. Et ça m’a fait un bien fou.”
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Cela se voit concrètement sur son visage. Et on ne parle pas ici de sa cicatrice. Plutôt de ses yeux brillants, de son sourire tenace, et de son verbe libre et enjoué, au travers duquel, à l’orée d’une saison qu’il espère évidemment meilleure, il confie ne jamais s’être senti “autant en forme”.
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Là aussi, l’œuvre du GR20. “Pendant ma grande randonnée, Antoine Tichit m’a envoyé un message pour me dire de venir à Bonifacio à son mariage. C’était le jour où je terminais mon parcours. Lorsque j’ai rejoint les gars (coéquipiers du CO, ndlr), je suis allé me baigner et ils m’ont dit : ‘Mais qu’est-ce que tu as fait ?’ J’étais tout maigre, ça se voyait vraiment.” Un peu plus de six kilos de perdus pour le finisseur castrais, qui en a repris depuis quatre et éliminé ce qu’il avait “en trop depuis que je jouais au rugby”. Voilà un homme changé sur tous les plans.