À Montpezat-de-Quercy (Tarn-et-Garonne), Gaëtan Marche, 29 ans, s’apprête à racheter la boulangerie du village, son rêve d’enfance. Après trois ans de démarches et une cagnotte solidaire de plus de 7 600 €, il espère la reprendre début 2026.
C’est un rêve façonné depuis l’enfance. “Sa mère m’a expliqué que depuis l’âge de 5 ou 6 ans, il disait que plus tard il ferait du pain. C’est rare de nos jours de voir des gens réaliser leur premier rêve d’enfance”, explique Constance, la compagne de Gaëtan.

Les murs en pierres apparentes en calcaire de Montpezat-de-Quercy (Tarn-et-Garonne) ont vu grandir un étonnant jeune homme, à la volonté sans faille. Fils de l’ancien propriétaire du bar “Les Marronniers”, Gaëtan Marche entretient une relation forte avec son village. “C’est là où j’ai grandi. Même à 70 ans, je me souviendrai de toutes les ruelles tellement je les ai arpentées”, confie celui qui est revenu habiter dans la commune afin que ses enfants soient scolarisés dans les écoles montpezataises.
Depuis toujours, ce gourmand de pain souhaitait devenir boulanger. Naturellement, il effectue son stage de troisième et ses deux premières années d’apprentissage au sein du Fournil quercynois, un lieu incontournable pour les 1 500 habitants : “C’est la seule boulangerie ici, donc tout le monde y va. Moi, j’y suis toujours allé”.
“On va fêter nos dix ans ensemble et, depuis que je le connais, il me dit qu’il rachètera la boulangerie de Montpezat-de-Quercy”
En 2012, il achève son apprentissage entre ces murs et part se perfectionner comme pâtissier, une branche qu’il ne quittera plus. Trois ans plus tard, il rencontre la mère de ses deux enfants. Elle est le témoin le plus précieux de la persévérance de Gaëtan.
“On va fêter nos dix ans ensemble et, depuis que je le connais, il me dit qu’il rachètera la boulangerie de Montpezat-de-Quercy”, sourit-elle en le regardant. Il acquiesce, légèrement gêné : “Depuis que je sais que je veux avoir ma propre boulangerie, j’ai toujours espéré que ce soit celle-là.”

S’il touche aujourd’hui du doigt son objectif à 29 ans, le chemin n’a pas été linéaire : après avoir vagabondé dans les environs, il part en Suisse, puis revient, avant d’être embauché dans son fief pour préparer progressivement la relève de la cheffe pâtissière. Le travail est rigoureux, les résultats griment et, en 2022, au lendemain de Noël, un cadeau inattendu arrive : “Mon patron vient me voir et me demande si ça m’intéresse de racheter la boulangerie”. Sans hésiter, il accepte le défi. Voilà maintenant deux ans et demi que son projet est en marche.
En revanche, même avec la meilleure volonté, il est difficile pour un pâtissier de monter un dossier de reprise. “J’étais mal parti. Dans un premier temps, je suis allé chercher tout et n’importe quoi pour ce dossier. J’ai stoppé à la naissance de mon fils (avril 2024) et, en revenant début 2025, on m’a expliqué la démarche : il fallait que je trouve l’apport financier en premier lieu.”
Les feux sont au vert mais…
Gaëtan se met alors à la recherche d’un associé, qu’il trouve quelque temps après. Mais il manque encore une dizaine de milliers d’euros pour finaliser le dossier. C’est à ce moment que Constance lui souffle l’idée d’une cagnotte. De cette idée naît un élan de solidarité incroyable, permettant à Gaëtan de récolter plus de 7 600 € en un mois.
“Je n’avais pas envie au départ, parce que je ne voulais pas gêner les gens. Mais ma femme m’a dit que ça pouvait faire plaisir à certaines personnes d’aider le projet. C’est touchant de voir des gens s’engager pour nous aider, c’est gratifiant et je les remercie chaleureusement”.

Grâce à ces apports, Gaëtan a désormais la route tracée vers le rachat, après trois ans de recherches et de patience. “Quentin (le propriétaire actuel) ne voulait vendre qu’à moi, car il sait que je suis une personne de confiance. Il a été patient, je ne peux que le remercier.”
Au village, tout le monde connaît Gaëtan et, comme dans toutes les communes rurales, les nouvelles vont vite : “Bon, ça y est, ça attaque ?”, lui demande un aîné. Gaëtan, même s’il a tous les prérequis, reste prudent et ne souhaite pas crier victoire trop vite car toute la partie administrative n’est pas encore entièrement validée.
Néanmoins, il trépigne d’impatience : son rêve n’a jamais été aussi proche et une ouverture début 2026 est espérée.