August 17, 2025

Passion trail : "Ils ont insulté les bénévoles !" Balises arrachées, intimidations : qui veut la peau des traileurs ?

l’essentiel
SÉRIE. 6/6. La majorité des courses font face à des actes de sabotages. Et si la plupart ne sont pas malveillants, d’autres, volontaires et vicieux peuvent parfois mettre en danger les coureurs.

Ils sont les ennemis des traileurs et le cauchemar des organisateurs. Tous les ans, ce sont des milliers de courses de trail qui sont organisées sur le vaste et varié terrain de jeu qu’offre la région Occitanie. Et les organisateurs de ces épreuves vous le diront. Ils ont tous, de près ou de loin, entendu parler ou été victime d’actes de sabotage La multiplication des épreuves et du nombre de ses adeptes a son lot d’inconvénients. Le vandalisme est un de ceux-là. Actes d’individus isolés ou de groupes plus organisés, le sabotage des épreuves est devenu monnaie courante.

Certains cherchent volontairement à perturber la course, d’autres y voient une plaisanterie, d’autres encore pensent bien faire en ramenant une flèche qu’ils pensaient oubliée sur le parcours, ne sachant que la course se déroulait le lendemain. L’organisateur du Trail des Fontaines, à Cahors (Lot), Patrice Delcayre n’y va pas par quatre chemins : “On est experts en débalisage.” Ça a le mérite d’être clair. Le fléau de l’arrachage des balises et de modification du sens des flèches censées guider les coureurs est un sujet pour tout le milieu. D’abord parce qu’il perturbe la course, mais aussi parce qu’il peut présenter un danger : blessure lors de courses nocturnes, coureurs égarés et impossibles à retrouver…

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Des épreuves contraintes de délocaliser

Ceci dit, tous les organisateurs ne sont pas logés à la même enseigne. Du côté de Luchon par exemple, Olivier Dejean touche du bois. Il est l’organisateur du Luchon Aneto Trail (Haute-Garonne, début juillet) et lui s’en sort plutôt bien au niveau du vandalisme. “On a connu ça à deux reprises, du débalisage essentiellement, pose-t-il. Sur 13 éditions, je pense que c’est peanuts. On travaille toujours en bonne intelligence et en toute transparence avec la communauté de communes et l’équipe sentier. Avec Natura 2 000, l’ONF également. Et puis surtout avec les éleveurs parce qu’on passe dans des estives. Et par rapport à ce que subissent d’autres épreuves, pour qui c’est beaucoup plus compliqué, nous, on n’a pas à se plaindre.”

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C’est en effet beaucoup plus compliqué dans le Lot, notamment pour le Trail des Fontaines (février). Patrice Delcayre détaille : “L’année dernière, on a été débalisés deux ou trois fois avant la course. On a été débalisés pendant la course. Ça nous est arrivé une fois la nuit aussi, à 3 heures du matin. L’année dernière, ça a été débalisé sur un peu plus d’un kilomètre, rebalisé dans un autre sens.” Pourtant, il ne sait pas vraiment à qui attribuer ces actes malintentionnés. “On n’a encore pris personne sur le fait, donc on ne sait pas qui c’est. On peut tout imaginer : des courses concurrentes, des coureurs qui veulent maintenir leur classement même si on est une petite épreuve, on peut aussi parler des riverains, des écologistes, de gens qui s’amusent…” Bref, ces “attaques” ne sont jamais revendiquées.

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Et ces actes peuvent aller encore plus loin. Poussant même des organisateurs à délocaliser leur épreuve à cause des menaces reçues sur un territoire. Laurent Larroutis, entraîneur d’athlétisme au Satuc (Toulouse) et coureur de trail raconte : “Une fille de mon groupe organise le Trail En Terres d’Oc. Et la première année, on lui a débalisé une grosse partie du parcours. Des gens se sont perdus, il a fallu qu’elle aille rebaliser en catastrophe. Cela s’était tellement mal passé qu’elle a changé d’endroit.”

Cette organisatrice, c’est Marine Kwasnik. Et en effet, l’organisation du Trail En Terres d’Oc lui a donné du fil à retordre, notamment à ses débuts, lorsqu’il se courrait sur la commune de La Salvetat-sur-Agout (Hérault). “On a été victimes de vandalisme, surtout lors de la première édition et c’était dangereux car c’était des actes vicieux, se remémore-t-elle. On a eu des petits groupes qui s’organisent, pour débaliser et rebaliser d’autres chemins. Ils changent le sens des courses et font en sorte que les coureurs n’aillent pas du tout sur le parcours.” Et ces groupes, Marine les a croisés : “Il y avait de l’intimidation, ils insultaient les bénévoles, empêchaient les coureurs de passer, c’était allé très loin la première année. On savait que le débalisage était lié à ces groupes.”

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Le Trail En Terres d’Oc qui aura lieu le 14 septembre (5e édition) a été contraint de déménager. Depuis 2022 il est organisé au cœur du Sidobre, à Burlats (Tarn) et tout va mieux. Mais à l’époque, après les incidents, les organisateurs avaient porté plainte à la gendarmerie. “Il n’y a jamais eu de suite, déplore Marine Kwasnik. J’avais aussi porté plainte pour mettre en lumière le fait qu’ils avaient mis les coureurs en danger gratuitement. Mais bon, est-ce que les autorités se rendent compte des risques, jusqu’où ça peut aller ? Je ne suis pas sûre.”

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