Nicolas Etheve est un passionné de cliff jumping. D’origine réunionnaise, le plongeur urbain alerte sur l’importance de concilier passion et sécurité.
Jeudi, sous le soleil toulousain, nous retrouvons Nicolas Etheve, prêt à relever un nouveau défi. Le très expérimenté cliff jumper de 22 ans, connu sous le pseudonyme Nico_gingembre sur les réseaux sociaux, s’apprête à plonger une nouvelle fois dans la Garonne. Cette fois, c’est depuis le célèbre Pont Neuf qu’il prendra son élan.
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16,80 mètres le séparent de l’eau : une hauteur suffisante pour faire grimper l’adrénaline et nourrir un soupçon de stress. “J’ai beau répéter dix, quinze ou vingt fois le même saut, je ressens toujours la même chose, surtout en milieu urbain”, confie Nicolas. Si le goût du risque et le plaisir intense qu’il ressent à chaque saut sont bien présents, ils ne prennent jamais le pas sur la prudence. “Si je vois que les conditions ne sont pas réunies, je rebrousse chemin et je patiente sans griller aucune étape”, explique-t-il.
“Des gens m’imitaient et se faisaient mal”
Avant chaque saut ou tournage, le sportif originaire de La Réunion suit un protocole strict. “Je commence par un deep check, c’est-à-dire une vérification de la profondeur, tout en espérant ne pas me faire interpeller par les autorités, puis je mesure le saut à l’aide d’un mètre”, détaille-t-il. D’ordinaire accompagné de proches pour surveiller son atterrissage – appelés safety –, l’influenceur sautera seul cette fois. “La hauteur n’est pas trop grande pour moi donc ça va, mais même à dix mètres, c’est bien d’avoir quelqu’un au cas où tu fais un plat.”

Actif sur les réseaux sociaux, où il rassemble plus de 400 000 abonnés, Nicolas partage régulièrement ses conseils. “On voit de plus en plus de contenus extrêmes de cliff jumping et la pratique finit par être un peu banalisée”, reconnaît-il. “Pourtant, il ne faut pas oublier que derrière tout ça, il y a un entraînement, une préparation.” Il admet avoir commencé à sensibiliser assez tardivement, après avoir constaté l’impact que pouvaient avoir ses vidéos.
Conscient des risques, Nicolas a toujours pratiqué en connaissance de cause, mais il sait aujourd’hui que ce n’est pas le cas de tout le monde. “J’en ai vu trois ou quatre des vidéos où des gens tentaient de m’imiter au pont Saint-Pierre et se blessaient.” Plats du dos, collisions avec des branches… “Pour moi, c’était évident de ne pas reproduire si on ne l’avait jamais fait”, dit-il. “Maintenant j’en parle de plus en plus et je trouve ça cool de m’être rendu compte que ce que je fais peut avoir une répercussion ou inspirer.”
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Ses messages de prévention s’articulent désormais autour de quatre principes : vérifier la profondeur, mesurer la hauteur, ne jamais sauter seul et s’écouter soi-même. Passionné et désireux de transmettre, Nicolas espère voir sa discipline mieux encadrée et reconnue à Toulouse. “À long terme, pourquoi pas rendre la Garonne baignable et créer des lieux ou des événements liés au cliff jumping”, imagine-t-il.
L’expert en døds, que l’on traduit en français par “plongeon de la mort”, souhaite aussi faire évoluer la discipline et en montrer toute la richesse. “C’est un sport qui apporte beaucoup humainement parlant et dans lequel on peut se faire plaisir tout en identifiant les risques”, conclut-il, juste avant de s’élancer dans la Garonne.

Le dods, une pratique extrême de plus en plus répandue en France
Le dods, plus communément appelé “le plongeon de la mort” en français, est une pratique extrême venue de Norvège. Celle-ci consiste à s’élancer du haut d’un pont ou d’une falaise en faisant un faux plat. Comme Nicolas le décrit, “au dernier moment tu vas regrouper les pieds, les poings et la tête à l’intérieur pour perforer l’eau”. Ce sport demande une bonne période d’entraînement et n’a été que très récemment popularisé en France. Une première compétition de dods a d’ailleurs eu lieu à Millau, dans l’Aveyron, en juin dernier, durant le Døds World Tour Compétition. Le record du plongeon de la mort revient au français Côme Girardot, avec un saut établi à 44,3 mètres de haut.