En plein été caniculaire, la Garonne vit sous perfusion. Jean-Michel Fabre, président de l’établissement public Garonne Gascogne et affluents pyrénéens, décrit des lâchers d’eau “proches du record” pour maintenir le fleuve et répondre aux besoins vitaux.
La situation actuelle montre des niveaux de lâchers de 20 m3 par seconde. Est-ce un niveau élevé pour cette période ?
Oui, nous sommes presque au niveau record pour les lâchers instantanés. Avec 20 mètres cubes par seconde, c’est un volume significatif dû à la baisse des débits naturels, et au manque de pluie en amont. D’habitude, les lâchers cessent lorsqu’il pleut pour réduire la dépendance. Actuellement, environ 40 % du débit de la Garonne est aidé par ces lâchers.

Comment déterminez-vous les besoins actuels des agriculteurs ?
Nous suivons de près les consommations grâce à des compteurs connectés et avons un tableau d’avancement des cultures. Cela nous permet d’anticiper les périodes de forte demande. Par exemple, bien que certaines plantations aient nécessité des replis dus aux orages, nous ajustons les besoins en fonction de chaque stade de culture.
Vous mentionniez l’absence d’orages, depuis combien de temps
Cela fait environ deux semaines que nous n’avons pas eu de pluies substantielles. En juillet, nous avons géré les lâchers en fonction des précipitations sporadiques.

D’où proviennent principalement ces lâchers d’eau ?
Essentiellement des réserves d’Ariège, passant par l’Ariège et arrivant à Toulouse. Nous avons aussi diversifié nos sources, notamment avec des retenues du Touch près de Rieumes. Les efforts combinés de l’État et locaux nous permettent d’avoir une telle flexibilité.
Quelle est l’importance actuelle des eaux du lac d’Oô ?
Bien que nous n’ayons pas encore utilisé cette réserve, elle constitue une ressource cruciale de 10 millions de m³, le double de ce que nous avions il y a cinq ans. L’utilisation sera progressive pour maintenir le niveau touristique de la région tout en répondant aux besoins croissants.
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Quels sont les grands enjeux de ce contexte de sécheresse ?
Le changement climatique est avéré, avec des défis accrus pour la gestion de l’eau. Malgré de nouveaux volumes disponibles, les années 2022-2023 confirment la pression exercée sur nos ressources. Nos objectifs sont de garantir de l’eau pour les rivières, l’agriculture, l’eau potable et l’industrie, y compris la centrale de Golfech.
Cela implique des coûts…
Oui, les coûts sont substantiels, environ 4 à 5 millions d’euros par an, partiellement financés par l’agence de l’eau et par les utilisateurs. Chaque acteur, de l’agriculteur à l’industriel, contribue à ce vaste effort.