August 14, 2025

REPORTAGE. Incendie dans l’Aude : sauvetage, dons et repas partagés… la solidarité pour panser les plaies à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse

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À Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, les évacués ont pu compter les uns sur les autres, ceux dont la maison n’a pas été impactée par les flammes donnant de leur temps pour les plus touchés par l’incendie. Une semaine après, la solidarité est encore très forte au village. Reportage.

Ce mardi après-midi, à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, le feu est sur toutes les lèvres. Les habitants sinistrés ont traversé une épreuve ensemble. Beaucoup saluent, une semaine après, l’entraide qui s’est naturellement mise en place au village.

Tout le monde s’est battu à son niveau pour ne pas laisser le drame gagner, sur le terrain et dans les esprits. Face aux flammes, “les pompiers ont été exemplaires”, nous confie un Cabrerissais. Un petit mot, installé à l’entrée du bourg, les remercie d’ailleurs pour le mal qu’ils se sont donné afin de maîtriser cet incendie en un peu moins d’une semaine.

“On fait comme on peut”

Au village, la générosité s’est rapidement imposée. “Quand tout le monde se sent impuissant, on fait comme on peut”, commente Loïc Bataillé, le président du comité des fêtes de Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse.

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Il nous raconte avoir rapidement reçu des appels. Certains avaient tout perdu, d’autres voulaient aider. Le comité a été le lien entre tous. Très vite, l’ancienne boulangerie est devenue le lieu de réception de nombreux dons. Juste à côté, le Spar s’est vite rendu indispensable. Plus qu’une épicerie, le magasin s’est transformé en café social dès le premier matin après le sinistre et les évacuations.”Le patron s’activait, aidé par la coiffeuse, et mon mari servait le café”, relate Dominique Ruyer, une auxiliaire de vie connue localement comme “Mère Thérésa”.

La nuit du feu, elle a fait honneur à son surnom en bravant l’ordre des gendarmes pour aller chercher l’une de ses bénéficiaires, piégée dans son lit. “Je leur ai dit : vous ne m’empêcherez pas de passer. Il y avait du brouillard et des cendres brûlantes me tombaient dessus, mais ils m’ont suivie”, se souvient-elle, la gorge encore meurtrie par la fumée inhalée pendant l’incendie.

“Je l’ai prise chez moi”

N’écoutant que son instinct, Dominique Ruyer pénètre alors dans la maison de cette femme de 94 ans qui, elle le savait, laisse toujours la porte de sa terrasse ouverte pour son chat. Ni une ni deux, elle l’extirpe de la fumée, l’installe dans la chaise roulante apportée par les gendarmes, la protège d’une couverture de survie et part en courant en direction de la salle des fêtes de Saint-Laurent. Là, elle prend du temps pour la rassurer et découvre un autre visage familier : une femme qui soufflera ses 100 bougies dans quelques mois. “Je me suis dit que ce n’était pas possible de laisser une femme de cet âge sur une chaise et un petit lit de camp, alors je l’ai prise chez moi”, raconte l’auxiliaire de vie.

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Autour d’elle s’est mise en place une chaîne de solidarité : du docteur Pierre Labadie à l’infirmière Nathalie Bouchain, en passant par les équipes de la pharmacie, tout le monde s’est montré disponible pour que cette nonagénaire ne manque pas de médicaments et reçoive les soins nécessaires.

À la mairie, une semaine après l’incendie, un amoncellement de packs d’eau jonche encore le couloir, témoin d’une semaine passée coupé de tout. Aujourd’hui, l’eau et l’électricité sont revenues, mais l’hôtel de ville reste un lieu ouvert toute la journée pour les sinistrés, tout comme la cellule psychologique, installée un peu plus loin, à l’école maternelle de la commune.

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Le comité des fêtes, lui, achemine les dernières denrées récoltées, souvent du pain et de la nourriture pour les animaux des personnes sinistrées. Chargeant les derniers cartons de l’ancienne boulangerie, l’une de ses membres lâche : “J’en peux plus d’entendre ces avions !”

Si, à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, la vie semble reprendre tout doucement, le ballet des Canadair rappelle à ses habitants que l’épisode du feu n’est pas encore tout à fait derrière eux…

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