August 14, 2025

"J’ai rempli mon objectif sur trois ans en l’espace d’une année" : les thermes de Castéra-Verduzan rayonnent de nouveau, mais jusqu’à quand ?

l’essentiel
Après avoir signé une délégation de service public il y a un an, le repreneur des thermes de Castéra-Verduzan regarde vers l’avenir et envisage de nouveau projets. À condition que le ministère de la Santé ne diminue pas la prise en charge des cures.

“J’ai rempli mon objectif sur trois ans en l’espace d’une année.” Nicolas Touron ne s’attendait sûrement pas à une telle réussite lorsqu’il a repris les thermes de Castéra-Verduzan, il y a tout juste un an. Le site accueille désormais 700 curistes annuellement alors que le Département du Gers, gestionnaire des lieux pendant 27 ans, avoisinait autour des 180 clients.

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Pour arriver à une telle hausse, le kinésithérapeute de profession s’est appuyé sur la rhumatologie. Seulement quelques jours après la signature de la délégation de service public, les thermes de Castéra-Verduzan obtenaient cet agrément et pouvaient soigner l’arthrose. “Cette discipline représente environ 85 % de l’activité thermale en France. Dans les autres établissements on a vu que la posséder doublait l’activité, donc on a voulu l’installer ici”, explique le nouveau gestionnaire.

“On est en déficit, mais ça me fait moins peur”

Et c’est une réussite. Aujourd’hui, 60 à 70 % des curistes des thermes de Castéra-Verduzan viennent pour l’agrément. Nicolas Tournon emploie ainsi 23 employés dont 17 à temps plein. “Le bilan de cette première année est extrêmement positif, je suis au-delà de mon prévisionnel en termes d’investissements humains, d’investissements financiers et de qualité de travail.”

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Preuve du succès du complexe, le gérant des thermes vient de renouveler entièrement la salle de sport avec des machines neuves. “Il n’y aurait pas une projection positive sur l’avenir, il n’y aurait pas eu cet investissement”, indique le maire de Castéra-Verduzan, Claude Nef, avec qui Nicolas Touron travaille en collaboration. Et le Bordelais a de nombreux projets en tête pour continuer à le développer. “Nous avons un énorme projet sur une partie du bâtiment qui doit être complètement réhabilité. Ce sera un espace très joli, à la fois spa, thermes et un côté thermodynamique.”

Une partie de l’établissement est actuellement inutilisée et va être réhabilitée.
Une partie de l’établissement est actuellement inutilisée et va être réhabilitée.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Mais même si la dynamique est bonne, l’établissement thermal n’est pas encore rentable. Un aspect qui n’effraie pas le kinésithérapeute. “Sur une année complète, on est en perte d’environ 40 000 euros contre moins de 400 000 euros avant. Donc, ça veut dire qu’on est quand même en déficit, mais ça me fait beaucoup moins peur.” Nicolas Touron estime même que les finances pourraient passer au vert dès l’an prochain.

Le remboursement des cures menacé

Malheureusement pour le gestionnaire, une ombre plane depuis quelques semaines au-dessus de la tête des établissements thermaux. Catherine Vautrin, l’actuelle Ministre du Travail et de la Santé, a évoqué la possibilité que la prise en charge des cures soit réduite. Une décision qui alarme les professionnels du secteur, y compris Nicolas Touron. “Pour moi, c’est une erreur monumentale. Pourquoi ? Parce qu’ici, on est plus sûr de la prévention que du curatif et ce qu’ils vont gagner là, ils vont perdre le double, voire le quadruple dans les soins curatifs qu’ils devront faire après. Donc, je leur souhaite bon courage.”

Nicolas Touron et Claude Nef voient d’un mauvais œil les propositions de la Ministre de la Santé.
Nicolas Touron et Claude Nef voient d’un mauvais œil les propositions de la Ministre de la Santé.
DDM – SEBASTIEN LAPEYRERE

Même son de cloche du côté de Claude Nef. “Si l’on retire 20 % de leurs remboursements aux curistes, ils seront moins nombreux. Les grosses structures vont peut-être réussir à amortir le choc, mais ce sera compliqué pour nous.” Et cela pourrait impacter toute la vie locale. “Au moment des cures, la commune accueille l’équivalent de plus de la moitié de sa population [de 1 000 habitants], ça fait vivre les commerces aux alentours. Les thermes sont aussi l’un des plus gros employeurs du village. “

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