La réputation du melon du Quercy n’est plus à faire. Il était d’ailleurs mis à l’honneur lors de la foire de Caminel, ce lundi 11 août. Malgré tout, les producteurs doivent faire face à des conditions climatiques extrêmes et aux marges importantes de la grande distribution. Explications.
“Un lot de six serviettes en coton pour 30 euros, qui le veut ?”. À la foire de Caminel, chaque exposant y va de sa petite phrase pour appâter les clients. Ce lundi 11 août, ils sont d’ailleurs venus chiner en nombre et ce, malgré le soleil écrasant. Il faut dire qu’à la foire, on trouve de tout. Des pâtisseries aveyronnaises, des canards en plastique, des stands de colle forte, des fringues, des légumes et, surtout, des melons du Quercy.
Derrière son stand, David Duprost, producteur de melons dans le village de Montdoumec, au sud du Lot, range ses fruits dans des cagettes. “Nous faisons ça depuis des générations et des générations, nous sommes très attachés à la qualité et au savoir-faire qui entoure le melon du Quercy”, précise le producteur. Un melon qui, depuis 2011, est une indication géographique protégée (IGP).

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“Deux choses font la spécificité de ces fruits. Premièrement, le terroir. Dans le Lot, nous avons des terres argileuses et calcaires propices à la production de melons et, deuxièmement, nous faisons pousser des variétés bien précises pour sublimer le fruit, en raison de notre emplacement géographique et de nos terres”, détaille David Duprost.
Réchauffement climatique et difficultés financières
Des clients s’arrêtent. Ils observent les cagettes puis repartent avec l’une d’elles sous le bras. “Nous avons des melons à vendre, c’est sûr, mais il faut dire que ces dernières années ont été très compliquées à cause des conditions climatiques extrêmes”, soupire le producteur. Les fortes et anormales chaleurs que nous connaissons, résultant du dérèglement climatique, nuisent au rendement des cultures de melon. “Quand il fait trop chaud, nous ne perdons pas en qualité mais en quantité, souligne le producteur. En fait, les fleurs brûlent, donc les plantes retiennent moins de melons que d’habitude. En période difficile, je perds près d’un tiers de mes rendements…”.

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Les “périodes difficiles”, comme les appelle David Duprost, ce sont les vagues de chaleur survenues en juin dernier, ou la canicule qui plombe la France actuellement. “Avec les températures que l’on connaît aujourd’hui, on connaîtra une chute de melon en septembre”, avance le producteur. “Le problème aussi, c’est qu’avec le dérèglement climatique, les nuits sont très fraîches et ces alternances de températures stressent les plantes, donc elles produisent moins”.

Plus loin dans les allées de la foire, Benoît Laporte, producteur de melons à Castelnau-Montratier pointe du doigt une autre difficulté. “Les ventes en station, aux coopératives agricoles par exemple, sont catastrophiques pour les producteurs. On ne couvre absolument pas nos charges à cause des marges que se prennent les enseignes de grandes distributions. Du coup, on se retrouve obligés de courir après les marchés ou les foires et c’est du temps que l’on ne passe pas aux champs”, souffle-t-il amèrement.
Et puis, “je trouve aussi qu’à la foire de Caminel, il y a beaucoup de personnes qui achètent des melons en grandes surfaces pour les revendre ici. Mais moi, mes melons, je les ai découpés au sécateur dans mon champ”, s’agace l producteur. En face de lui, un stand propose d’ailleurs une ribambelle de fruits et légumes. “Les melons ? Ce n’est pas nous qui les produisons, nous sommes allés les chercher dans le Vaucluse”, assure la vendeuse. “Nous sommes en pleine campagne, on devrait privilégier les agriculteurs”, conclut Benoît Laporte, avant de livrer une cagette aux gourmands qui patientent devant son stand.