Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, à Jérusalem, le 27 juillet 2025. OHAD ZWIGENBERG/AP/SIPA
Le nouveau plan israélien pour conquérir la ville de Gaza « ne vise pas à occuper Gaza », a affirmé ce dimanche 10 août Benyamin Netanyahou, estimant que c’est le « meilleur moyen de terminer la guerre » qui fait rage depuis 22 mois dans le territoire palestinien.
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« Nous avons accompli aujourd’hui une grande partie du travail. Nous avons environ 70 à 75 % de Gaza sous contrôle militaire israélien », a déclaré le Premier ministre israélien, au cours d’une conférence de presse à Jérusalem. « Mais nous avons encore deux bastions restants : ce sont la ville de Gaza et les camps » du centre de la bande de Gaza. « Nous n’avons pas d’autre choix pour terminer le travail. »
• Un plan en cinq points « pour le lendemain de Hamas »
Selon le plan validé par le cabinet de sécurité israélien vendredi, l’armée « se prépare à prendre le contrôle de la ville de Gaza », en grande partie détruite dans le nord du territoire, « tout en distribuant une aide humanitaire » hors des zones de combat. Le nouveau plan « ne vise pas à occuper Gaza, mais à démilitariser Gaza », a-t-il répété.
« Une zone de sécurité sera établie à la frontière de Gaza avec Israël pour empêcher de futures incursions terroristes. Une administration civile sera mise en place à Gaza, cherchant à vivre en paix avec Israël. C’est notre plan pour le lendemain de Hamas », a résumé le Premier ministre.
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« Premièrement, désarmer le Hamas. Deuxièmement, tous les otages sont libérés. Troisièmement, Gaza est démilitarisée. Quatrièmement, Israël exerce un contrôle de sécurité prépondérant. Et cinquièmement, une administration civile pacifique non israélienne. (…) C’est ce que nous voulons voir à Gaza », a-t-il récapitulé.
• Le Hamas et l’ONU jugés responsables du manque de vivres
« Nous le ferons en permettant d’abord à la population civile de quitter en toute sécurité les zones de combat pour se rendre dans des zones sûres désignées », où « on leur fournira en abondance de la nourriture, de l’eau et des soins médicaux », expliqué le Premier ministre. « Au cours des derniers mois, le Hamas a pillé violemment les camions destinés à la population civile palestinienne. Ils ont délibérément créé la pénurie », a-t-il affirmé.
« Et l’ONU a systématiquement refusé, jusqu’à récemment, de distribuer les milliers de camions que nous avons laissés entrer dans Gaza. Ainsi, notre problème est que nous avons eu des tonnes de nourriture collectée mais non distribuée, pourrissant du côté de la frontière gazaouie, parce que l’ONU était et est toujours réticente à les livrer toutes », a-t-il dit.
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« Nous allons désigner des couloirs protégés » pour la distribution d’aide dans la bande de Gaza et « augmenter le nombre de sites de distribution d’aide de la GHF » (Fondation privée soutenue par les Etats-Unis et Israël), a ajouté Benyamin Netanyahou, qui a également promis plus de « largages aériens » d’aide.
• Israël « gagnera avec ou sans le soutien des autres » pays
Le Premier ministre a dénoncé une campagne globale de mensonges contre Israël. « Les seules personnes délibérément affamées à Gaza aujourd’hui, ce sont nos otages, affamées par les monstres du Hamas ». Israël « gagnera la guerre » à Gaza « avec ou sans le soutien des autres » pays, a-t-il encore dit.
Huit pays européens ont condamné ce dimanche le plan d’Israël visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza, avertissant qu’il allait « aggraver » la crise humanitaire et mettre « davantage en péril la vie des otages » israéliens. Vendredi, l’allié historique allemand a annoncé suspendre l’exportation d’équipements militaires susceptibles d’être utilisés dans la bande de Gaza.
En ouverture d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité consacrée à ce conflit, le sous-secrétaire général de l’ONU Miroslav Jenca a mis en garde contre le plan israélien qui risque de déclencher « une nouvelle calamité » qui aurait des résonances « dans toute la région ».
Benyamin Netanyahou fait aussi l’objet de pressions internes. D’abord de ses alliés d’extrême droite au pouvoir. « Le Premier ministre et le cabinet se sont rendus aux faibles », a fustigé le ministre des Finances, Bezalel Smotrich. « Il est possible de parvenir à la victoire. Je veux tout Gaza, le transfert (de sa population, NDLR) et la colonisation », a renchéri le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir. Mais aussi de l’opposition et de dizaines de milliers d’Israéliens qui sont de nouveau descendues dans les rues de Tel Aviv samedi soir, pour exiger un accord assurant le retour de tous les otages – dont 27 déclarés morts par l’armée – en échange de la fin des hostilités dans le territoire palestinien.