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Le Nouvel Obs avec AFP
Le 11 octobre 2025 à Tel-Aviv, des jeunes sur la place des Otages, en uniformes de mouvements de jeunesse. Selon les organisateurs, 400.000 personnes se sont réunies pour célébrer le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas signé sous l’égide du président américain Donald Trump. YOAV GINSBURG/ZUMA/SIPA
Israël attendait ce dimanche 12 octobre avec émotion le retour des otages retenus à Gaza, prévu tôt lundi matin, peu avant une visite express du président américain dans le pays, suivie en Egypte par un sommet international pour la paix.
Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a affirmé ce dimanche que son pays était prêt à accueillir « immédiatement » tous les otages retenus dans le territoire palestinien, deux jours après l’entrée en vigueur vendredi du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
La libération des otages de Gaza est attendue « tôt lundi matin », a annoncé le gouvernement israélien. Le vice-président américain JD Vance avait déclaré peu avant que les otages pourraient être libérés à « tout moment ».
• Que réclame le Hamas ?
Le Hamas et ses alliés ont « terminé les préparatifs » en vue de la libération des otages vivants, prévue lundi, mais le mouvement islamiste continue d’exiger la libération de chefs palestiniens par Israël dans le cadre de l’échange, ont indiqué ce dimanche à l’AFP deux sources proches de négociations et du Hamas.
« Le Hamas insiste pour que la liste finale [des détenus que relâchera Israël] inclue les sept grands leaders, notamment Marwan Barghouthi, Ahmed Saadat, Ibrahim Hamed et Abbas al-Sayed », a déclaré à l’AFP une de ces sources.
« Le Hamas et les factions [palestiniennes] ont terminé les préparatifs pour [la libération] de tous les prisonniers vivants et de plusieurs corps qui ont été retrouvés », a ajouté cette source, dont les propos ont été confirmés par une autre source proche du mouvement et de négociations.
• Comment doit se dérouler l’échange ?
Première étape du plan présenté par Donald Trump afin de mettre un terme à la guerre, le retour en Israël des 48 otages (20 seraient encore en vie), doit s’accompagner de la libération par Israël de 250 détenus pour des raisons de sécurité, dont de nombreux condamnés pour des attentats meurtriers anti-israéliens, et de 1 700 Palestiniens arrêtés dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.
La quasi-totalité avaient été enlevés lors de l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien, le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre à Gaza. Le Hamas s’est dit prêt à les libérer dès ce lundi.
Toutefois, une porte-parole du Premier ministre israélien a affirmé ce dimanche qu’Israël ne libérerait les détenus palestiniens qu’après confirmation que tous les otages ont été rendus.
« Les prisonniers palestiniens [dont la libération est prévue dans l’échange] seront libérés une fois qu’Israël aura la confirmation que tous nos otages devant être libérés demain auront passé la frontière avec Israël », a déclaré Shosh Bedrosian.
« Une fois cette confirmation obtenue, nous pensons que les prisonniers seront déjà dans les bus, mais dès que nous aurons la confirmation qu’ils ont pénétré sur le territoire israélien, ces bus démarreront et commenceront leur voyage », a-t-elle assuré.
Les autorités israéliennes s’attendent à ce que la libération des otages retenus dans la bande de Gaza depuis plus de deux ans commence « tôt lundi matin ».
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Lors de la dernière trêve, la confirmation de l’identité des otages morts n’avait été obtenue qu’après une autopsie à l’institut médico-légal d’Israël (Abou Kabir).
• Quelle logistique pour les otages ?
« Nous nous attendons à ce que les 20 otages encore en vie soient libérés en même temps et remis à la Croix-Rouge, puis transportés dans six à huit véhicules », a détaillé la porte-parole.
Ils seront ensuite conduits « dans les zones de Gaza contrôlées par Israël », dont l’armée dit s’être repliée vendredi sur des lignes convenues à l’intérieur du territoire conformément à l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur vendredi à 9h00 GMT (11 heures à Paris).
Les otages seront ensuite transférés vers la base de Reïm, dans le sud d’Israël, où ils retrouveront leurs familles avant d’être acheminés dans « l’un des trois principaux hôpitaux », a expliqué Shosh Bedrosian. Dans le détail, dix otages seront envoyés dans des hôpitaux du centre du pays, à Sheba (Ramat Gan), cinq à Beilinson (Petah Tikva) et cinq à Ichilov (Tel-Aviv).
En ce qui concerne les dépouilles d’otages, Shosh Bedrosian a précisé qu’un « organisme international, convenu dans le cadre de ce plan, aidera à localiser les otages (morts) s’ils ne sont pas retrouvés et libérés demain ».
Parallèlement au retrait déjà amorcé de l’armée israélienne, le plan américain prévoit dans une phase ultérieure que le Hamas serait exclu de la future gouvernance de la bande de Gaza et que son arsenal serait détruit.
Uns source au sein du mouvement islamiste palestinien a affirmé ce dimanche que le Hamas avait renoncé à tout rôle dans un futur gouvernement à Gaza, où il avait pris le pouvoir en 2007.
• Quel agenda ce lundi ?
Dès samedi, des hôpitaux israéliens qui avaient pris en charge les otages lors de précédentes libérations se sont préparés à plusieurs scénarios. L’administration pénitentiaire israélienne a de son côté dit avoir transféré des prisonniers palestiniens dans deux prisons spécifiques en vue de leur libération.
« L’accord n’est pas simple mais c’est un moment historique », a commenté le président israélien, Isaac Herzog, présent ce dimanche sur la Place des otages à Tel-Aviv.
« Les miracles existent, les otages reviennent à la maison », avait déclaré samedi l’émissaire américain Steve Witkoff sur cette même place, devenue le centre névralgique de la mobilisation pour la obtenir la libération des otages.
Dans la foule, beaucoup d’Israéliens ont témoigné leur gratitude à l’administration américaine alors que Donald Trump est attendu lundi à 09h20 (08h20 heure de Paris) pour quelques heures en Israël, pour la première fois depuis son retour à la Maison-Blanche.
Après un échange avec Benyamin Netanyahou, Donald Trump s’exprimera devant le Parlement et rencontrera des proches d’otages.
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Il partira pour Charm el-Cheikh, en Egypte, à 13h00 (10h00 GMT), pour y co-présider avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi un « sommet pour la paix » à Gaza, en présence de dirigeants de plus de 20 pays et du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
Aucun responsable israélien ne sera présent au sommet, dont l’un des enjeux sera la gouvernance à venir de la bande de Gaza, ravagée par la guerre. Le Hamas ne sera pas non plus présent.
• Quelles améliorations pour les Gazaouis ?
Sur le terrain, des journalistes de l’AFP ont vu ce dimanche des Gazaouis se rendre sur les marchés où le prix des denrées a baissé, le cessez-le-feu promettant un assouplissement du blocus imposé par Israël.
Des camions chargé d’aide sont entrés par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud d’Israël, tandis que des camions d’aide attendaient depuis le petit matin à Rafah, le point de passage voisin, sur la frontière entre Gaza et l’Egypte.
Certains chargements auraient déjà été pillés, selon plusieurs témoignages d’habitants.
« Nous ne voulons pas vivre dans une jungle, nous exigeons que l’aide soit sécurisée et distribuée avec respect pour les gens, » a déclaré à l’AFP Mohammed Za’rab, un jeune homme devant des cartons au sol, le long d’une route empruntée par les camions.
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Des policiers municipaux se sont déployés dans le camp de Nousseirat, dans le centre du territoire, a constaté un photographe de l’AFP, entre les monticules de décombres et de déchets, tandis que des centaines de milliers de déplacés ont regagné le nord de territoire, pour retrouver souvent leur maison en ruines.
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Amjad Shawa, le directeur du réseau des ONG palestiniennes PNGO, estime qu’il manque encore beaucoup de « détails » pour que soit mis en oeuvre cet aspect du plan.