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Le Nouvel Obs avec AFP
Le ministre indonésien des Affaires économiques, Airlangga Hartarto (à gauche), et le commissaire européen au Commerce, Maros Šefčovič, à Bali, en Indonésie, le 23 septembre 2025. SONNY TUMBELAKA / AFP
L’Indonésie et l’Union européenne ont conclu ce mardi 23 septembre à Bali un accord de libre-échange à l’issue de longues négociations qui se sont accélérées après la hausse des droits de douane américains. Dans la foulée de la signature du traité, la Commission européenne a proposé de reporter, encore, l’entrée en vigueur de sa loi contre la déforestation, fortement pratiquée par l’Indonésie.
Paraphé par le ministre indonésien de l’Economie, Airlangga Hartarto, et le commissaire européen au Commerce, le Slovaque Maros Šefčovič, le CEPA (Accord de partenariat économique global) va faciliter les échanges entre les 27 nations du bloc européen et la plus grande économie d’Asie du Sud-Est.
« L’UE et l’Indonésie envoient un message fort au monde selon lequel nous sommes unis dans notre engagement en faveur d’un commerce international ouvert, fondé sur des règles et mutuellement bénéfique », a déclaré Maros Šefčovič.
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Retardés notamment par l’épineuse question des produits issus de la déforestation, les pourparlers se sont accélérés après la décision du président américain Donald Trump d’imposer une hausse des droits de douane à de nombreux pays.
L’UE reporte sa loi anti-déforestation
Les relations ont été tendues dernièrement entre Bruxelles et Jakarta du fait d’une interdiction d’importation proposée par l’UE sur les produits liés à la déforestation. Ceci a irrité l’Indonésie, important exportateur d’huile de palme.
Ce mardi, la Commission européenne a proposé un nouveau report d’un an, de fin 2025 à fin 2026, de cette loi anti-déforestation, critiquée par une série de pays, dont les Etats-Unis, le Brésil et l’Indonésie. Cette loi vise à interdire la commercialisation en Europe de produits comme l’huile de palme, le cacao, le café, le soja et le bois quand ils proviennent de terres déboisées après décembre 2020. La proposition de report va être soumise aux Etats membres et au Parlement européen, où elle pourrait obtenir le soutien de la droite et de l’extrême droite.
La commissaire européenne chargée de l’environnement, Jessika Roswall, a expliqué que l’UE avait besoin de temps pour que la loi soit opérationnelle, en particulier le « système informatique » de surveillance des forêts.
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L’accord signé ce mardi comprend un « Protocole sur l’huile de palme », visant à « maximiser le potentiel du CEPA pour soutenir le commerce d’huile de palme durable ». Il vise à établir « une plateforme de dialogue, notamment sur les évolutions réglementaires pertinentes pour le secteur de l’huile de palme », ajoute la Commission sans donner plus de détails. Selon Bhima Yudhistira Airlangga, Maros Šefčovič avait promis d’accorder un « traitement spécial » à Jakarta concernant la politique de déforestation.
Les défenseurs de l’environnement craignent que l’accord n’entraîne une accélération de la déforestation en raison d’une demande accrue d’huile de palme indonésienne. « Les forêts naturelles restantes dans les concessions de palmiers à huile seront potentiellement défrichées dans un avenir proche (et) converties en plantations », s’inquiète Syahrul Fitra de Greenpeace Indonésie.
« De nouvelles opportunités »
Mais alors que ses produits exportés vers les Etats-Unis sont désormais taxés à 19 %, Jakarta s’est tourné vers l’UE pour obtenir un accès préférentiel. De leur côté, également visés par l’administration Trump, les Vingt-Sept cherchent à diversifier leurs partenariats commerciaux.
Selon l’accord, 80 % des produits indonésiens exportés vers l’UE bénéficieront de droits de douane nuls, a indiqué Bhima Yudhistira Airlangga. Cela devrait bénéficier aux principaux produits indonésiens, notamment les chaussures, les textiles, les produits de la pêche ou encore l’huile de palme, a-t-il ajouté.
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« Notre accord avec l’Indonésie crée de nouvelles opportunités pour les entreprises et les agriculteurs » et « nous assure également un approvisionnement stable et prévisible en matières premières essentielles », a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, citée dans un communiqué.