Les représentants du Parlement Avenir Montagne ont dénoncé l’envoi systématique d’effaroucheurs venus des Alpes pour éloigner les ours des estives ariégeoises. Une aberration géographique et un manque de réactivité supposé contesté par le préfet Simon Bertoux.
Fin juillet, les élus et représentants du Parlement Avenir Montagne ariégeois tenaient une conférence de presse pour alerter les ministères sur la situation “intenable” liée à la présence de l’ours sur les estives du département. Durant celle-ci, ils ont pointé du doigt le manque d’efficacité supposé des brigades d’effarouchement déployées sur le territoire. Selon eux, elles viendraient en effet systématiquement de Gap, à 600 kilomètres, avec “un trajet de 6 heures” depuis “l’autre bout de la France”, pour éloigner l’ours. Une situation “incohérente”, qui ajoute à la colère de certains éleveurs, notamment sur l’estive d’Arréou, dans le Couserans, particulièrement ciblée par les ursidés ces dernières semaines.
À lire aussi :
REPORTAGE. Sur la piste de l’ours, l’enquête minutieuse de l’OFB après la découverte d’un cadavre
“Beaucoup ne venaient pas de Gap”
Une assertion en partie démentie par le préfet de l’Ariège, Simon Bertoux. “Les effaroucheurs, de la brigade Grands prédateurs, qui travaillent sur nos estives viennent de différents endroits en France, de la région toulousaine, de l’Aveyron. Certains viennent effectivement de Gap, mais pas systématiquement. Ils effarouchent le loup dans les Alpes, dans le Massif Central et l’ours dans les Pyrénées. Mais parmi les effaroucheurs qui sont venus, beaucoup ne venaient pas de Gap”, assure le représentant de l’État. “L’effarouchement renforcé se programme, souvent en fin de semaine pour la semaine suivante. Donc on ne peut pas, face à une situation de prédation qui se déroule un matin, effaroucher dans la même journée”, rappelle Simon Bertoux. “Ils ont raison de dire que ça ne permet pas cette réactivité-là. Par contre, une fois que cela est planifié, comme sur l’estive d’Arréou chaque jour de la semaine, […] les effarouchements ont lieu. Et les agents habilités sont là toute la semaine, à demeure”, précise le préfet.
Les agents de l’OFB bientôt formés ?
La création d’une brigade locale d’effaroucheurs ou la formation des agents ariégeois de l’OFB pourraient néanmoins permettre de renforcer considérablement la connaissance du terrain et le lien avec les bergers ou éleveurs du département.
En 2018, dans un rapport du ministère de la Transition écologique et du ministère de l’Agriculture portant sur des propositions d’évolution des mesures d’accompagnement aux éleveurs confrontés à la prédation de l’ours, les auteurs estimaient que la mise en place des constats déclaratifs — la possibilité pour les éleveurs et bergers de réaliser eux-mêmes une partie des constats de prédation, comme c’est le cas aujourd’hui dans les estives les plus prédatées — “permettrait de mobiliser les compétences remarquables des agents de l’OFB (ex-ONCFS) sur des missions plus utiles de prévention des prédations”.
Parmi elles, la constitution “d’une brigade d’effarouchement dans le cas des estives fortement attaquées”. Les rapporteurs indiquaient que cette évolution était “proposée à moyens quasiment constants” et pouvait être “déployée, au moins à titre d’expérimentation, dès 2019”. En Ariège, territoire qui concentre une grande partie des plantigrades pyrénéens, aucune équipe locale de l’OFB n’est encore habilitée à effaroucher l’ours. Certains éleveurs militent de leurs côtés pour être également formés à ce dispositif.