October 1, 2025

"Parfois on en perd deux en deux jours" : des vautours fauve attaqueraient le bétail vivant dans les élevages des Pyrénées

l’essentiel
En Comminges, des éleveurs dénoncent des attaques répétées de vautours fauves sur leurs veaux. Si les vautours restent des animaux nécrophages, de nombreux signalements ont été effectués pour alerter la Chambre d’Agriculture et l’Office Français de la Biodiversité.

Au Gaec de la Coume à Lodes, Sylvain et Adeline récupèrent depuis le printemps certaines carcasses de veaux quelques heures après leur naissance. En cause : des vautours fauves. Ces rapaces, habituellement nécrophages, s’en prendraient en groupe aux veaux de l’élevage. Si le couple avait déjà tiré la sonnette d’alarme, la stupeur laisse place à la colère. “Parfois on en perd deux en deux jours. Coup sur coup, c’est insoutenable : on protège un troupeau et, dans le même temps, les vautours s’en prennent à un autre.”

“Tout se passe lorsqu’une vache est en train d’avoir son veau. D’abord, un vautour rôde. Une fois le veau né, que la mère est fragile, il alerte ses congénères et là c’est une dizaine qui attaquent. La mère tente de s’interposer mais si elle est trop fatiguée elle a du mal sauver son petit”.

(Attention, la photo ci-dessous montre les cadavres des animaux et peut choquer le lecteur).

Les rapaces s’attaqueraient aux veaux juste après leur naissance
Les rapaces s’attaqueraient aux veaux juste après leur naissance
Gaec de la Coume

Les rapaces s’en prennent aux yeux puis à l’arrière-train avant de dépecer l’animal. “C’est horrible, je suis arrivé en pleine attaque dans un champ, j’entendais le veau hurler. Le temps de mettre le troupeau à l’abri, le veau était mort. Ils avaient déjà dévoré les yeux, le museau et la langue.” D’autres éleveurs du secteur confirment. “Je me suis approché avec un bâton en faisant du bruit mais les vautours ne bougent même pas. Et on ne sait pas où ils nichent.”

Des éleveurs désemparés

La colère vient d’abord de la perte d’une douzaine de veaux : “Plus que le manque à gagner (2500 € par bête), c’est dur de perdre une bête à peine née.” Mais aussi du “manque de soutien de la Chambre d’Agriculture et de l’Office Français de la Biodiversité, qui ne répondent pas ou nous demandent simplement de filmer les attaques.”

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L’OFB rappelle que le vautour fauve est un “nécrophage” et souligne “que les signalements ont augmenté entre 2007 et 2009 après la fermeture des charniers espagnols. La quasi-totalité des cas sont post-mortem. Il existe quelques cas ante-mortem minoritaires (5 %), concernant des animaux affaiblis où le vautour est un facteur aggravant.” Contrairement aux attaques de loups ou d’ours, aucune indemnisation n’est prévue. Une veille territoriale est en cours pour “recenser les signalements et rechercher des mesures de prévention.”

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La Chambre d’Agriculture, par la voix de Cédric Daure, affirme : “Nous défendrons toujours les intérêts des agriculteurs. Sur le sujet des vautours, nous sommes conscients de la gravité des attaques et de leurs conséquences. Un dossier a été monté pour faire comprendre à l’État et à l’OFB qu’actuellement le vautour fauve a changé de comportement alimentaire et s’attaque au bétail vivant.” Mais ce premier pas ne convainc pas. “On a vraiment l’impression d’être seuls. Ils prennent note mais on a besoin de solutions concrètes”, disent Sylvain et Adeline. Toujours selon Cédric Daure : “Nous aimerions aussi proposer des solutions, comme l’effarouchement, mais pour l’instant la prédation des vautours n’est pas reconnue.”

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