August 7, 2025

Demande de démission, appel à la désobéissance… Les irrigants de l’Adour vent debout contre la baisse des quotas d’eau

l’essentiel
L’arrêté préfectoral fixant une baisse progressive des volumes d’eau prélevables dans le bassin de l’Adour-Garonne d’ici 2027 provoque la colère des agriculteurs et syndicats, qui dénoncent une décision injuste et déconnectée du terrain.

La décision du préfet coordonnateur du bassin Adour Garonne ne passe pas auprès des irrigants du territoire. Dans un arrêté publié le 25 juillet dernier, Pierre-André Durand fixe les autorisations de prélèvements, sans répartition individuelle, à 188 Mm3 en 2025, puis 184 Mm3 en 2026 et 180 Mm3 en 2027. Un texte vivement contesté par les agriculteurs.

Au début de l’été, l’Organisme unique de gestion collective (OUGC) Irrigadour avait adressé, face au risque d’une diminution des autorisations uniques pluriannuelles de prélèvements (AUP), une demande de moratoire sur les baisses d’autorisations programmées entre 2025 et 2028 et un volume transitoire de 198 Mm3. Mais ces requêtes n’ont pas convaincu le préfet coordonnateur.

“Conséquences dévastatrices”

Suite à la publication de l’arrêté, Paul Carrère, président de l’OUGC, a donc envoyé une lettre au préfet le 31 juillet. Il y dénonce “les conséquences dévastatrices” engendrées par cette AUP, dont une “iniquité de traitement entre irrigants avec des autorisations pouvant baisser jusqu’à 30 % en 2025 puis jusqu’à 70 % en 2027 sur certains périmètres, sans cohérence hydrologique sur les quatre départements”, ainsi que des “erreurs d’interprétation et de répartition des baisses ayant conduit à une sous-estimation des impacts.”

Il annonce que le comité syndical Irrigadour “refuse de porter la construction d’un plan de répartition à 188 Mm3 entraînant iniquité entre irrigants et sous-bassins de l’Adour” et “propose le maintien du plan de répartition à 198 Mm3 pour les trois prochaines années […] ce qui engendre malgré tout une baisse de 15 Mm3 depuis 2021.”

Un été sec et chaud

Plus localement, dans le Gers, cet AUP fait aussi des remous. Si l’autorisation de prélèvement de 188 Mm3 “est un volume que l’on n’a jamais atteint sur les pompages”, reconnaît Lionel Candelon-Bonnemaison, président de la chambre d’agriculture, cette décision soulève l’indignation des irrigants, alors que l’été 2025 se rapproche de la sécheresse de 2022 : “Il n’a pas plu depuis juin, tous les champs sont grillés et aujourd’hui il y a un besoin d’eau. Il faut rassurer les agriculteurs sur le fait qu’on puisse atteindre un certain volume. Et on a un État qui va toujours à l’encontre du monde agricole.”

Pour Lionel Candelon-Bonnemaison, pas question donc d’interdire aux agriculteurs d’irriguer : “Le plan d’action, c’est très simple : tant qu’il y a besoin d’eau pour arroser, ils pompent, c’est tout. On ne va pas leur dire d’arrêter, il y a des cultures à sauver. Ils savent très bien jouer collectif.” Le président pointe aussi une incohérence dans la gestion : “Dans le Gers, sur le Midour-Midouze, les volumes autorisés ont augmenté, mais ils ne sont pas forcément présents. Donc on autorise les prélèvements, mais il n’y aura pas d’eau…”

Un appel à la démission

Les Jeunes agriculteurs et la FDSEA des Landes, auxquels s’associent les syndicats gersois, voient, eux, cette AUP comme une “déclaration de guerre contre le monde agricole. Cette décision brutale, injuste et imposée marque une rupture définitive entre l’État et les territoires ruraux du bassin de l’Adour, au bénéfice d’une idéologie écologique déconnectée des réalités agricoles.” Dans un communiqué commun, ils demandent la démission immédiate du préfet coordonnateur : “Son mépris des réalités de terrain, son refus du dialogue et sa volonté manifeste d’imposer une vision déconnectée du monde agricole font de lui un obstacle à toute solution durable.”

Ils rappellent leurs revendications : 198 Mm3 de volume prélevable en période d’étiage, la création de grands ouvrages structurants pour stocker et répartir l’eau intelligemment, le renforcement des volumes déjà existants… “Nous ne pouvons pas accepter qu’une décision administrative vienne anéantir des années de travail, de gestion collective et d’adaptation au changement climatique”, concluent les syndicats.

source

TAGS: