August 7, 2025

"On fait beaucoup de choses de nos mains quand on se retrouve le week-end" : une famille entière ouvre sa boutique d’artisanat d’art

l’essentiel
Une nouvelle boutique a ouvert ses portes dans le centre ancien de Foix, en Ariège, à l’enseigne du Clan à Gaston, une boutique née du goût de quatre membres d’une même famille pour l’artisanat d’art. Rencontre.

Véronique (à gauche) avec deux clients – des Fuxéens, comme la plupart.
Véronique (à gauche) avec deux clients – des Fuxéens, comme la plupart.
DDM – J-O.B.

Il faut avoir l’œil affûté pour repérer l’échoppe du Clan à Gaston, coincée comme elle l’est dans le centre ancien de Foix, rue Lafaurie, entre la boutique Made in Ariège et la devanture désertée d’un ancien restaurant. Une grande fenêtre ouverte tient lieu de vitrine, une salopette pend au-dessus d’une pancarte “Sens de la visite” – une indication non dénuée de dérision pour un commerce de 17 mètres carrés dans lequel règnent pourtant l’ordre et la propreté.

Le Clan à Gaston est l’antre de deux frères, Pascal et Thomas, et de leurs épouses Véronique et Jaël, tous artisans d’art et tous de spécialité différente. “Moi, je fais des lampes, indique ainsi Pascal. Tout a commencé avec le Covid. Comme personne ne pouvait sortir, on s’est dit qu’on allait faire un cadeau chacun pour un membre de la famille, mais un cadeau fait de nos mains. C’est comme ça que j’ai fait ma première lampe et j’ai continué, après une formation pour faire des lampes certifiées CE.”

“Il a eu du bois entre les mains et il a cherché quoi en faire”

Thomas, lui, a commencé par la peinture. “Mais il fait aussi des bagues en bois et des animaux en carton recouverts de wax, précise Véronique. On a toujours beaucoup bricolé dans la famille, il a eu du bois entre les mains et il a cherché quoi en faire.”

Véronique pour sa part fabrique des bijoux et customise des vêtements, “en général plutôt du jean, c’est indémodable”, non sans décorer aussi des bouteilles, une activité née là encore au moment du Covid. “J’ai fini par les vendre et ça part bien”, assure-t-elle avec satisfaction.

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Les vêtements, eux, sont nés en Afrique, au Bénin que la famille a découvert en faisant du bénévolat, avant d’y retourner à de nombreuses reprises. “Quand je voyais les couturières jeter les chutes de wax et les brûler, je me suis mise d’accord avec elles pour les récupérer en leur donnant du matériel en échange, raconte Véronique. J’aime bien récupérer les choses.”

Une simple fenêtre tient lieu de vitrine à la minuscule boutique.
Une simple fenêtre tient lieu de vitrine à la minuscule boutique.
DDM – J-O.B.

Une histoire de famille

Jaël, enfin, se consacre aux sacs, aux pochettes, aux vêtements et aux cailloux décorés. “Quand elle est arrivée dans la famille, elle a vu qu’on bricolait, elle a commencé à coudre et voilà”, résume Pascal. Une caractéristique familiale : “On est très manuels, on fait beaucoup de choses de nos mains quand on se retrouve le week-end, reprend Véronique, et nos parents aussi font des choses.”

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Pascal renchérit. “En fait, c’est mon père qui a lancé la peinture quand mon frère avait 15 ans, une artiste venait à la maison et c’est comme ça que ça a commencé. Pour la couture, on a une grande maison familiale à Montgailhard, avec un espace commun qui est devenu un atelier. On aime bien chiner, transformer, et voilà.”

Mais pourquoi ouvrir une boutique ? “J’ai toujours aimé jouer à la marchande, rigole Véronique avant de reprendre son sérieux. On faisait tous des choses dans notre coin, mais là c’est la première fois qu’on est tous réunis, c’est ce qui est intéressant.”

De l’éphémère destiné à durer

Reste que trouver le bon endroit a été un coup de chance et que la boutique est pour l’instant éphémère, destinée à fermer après le 8 octobre. “Le souci, c’est qu’on ne peut pas la garder pour l’hiver parce qu’il n’y a pas d’entrée et de sortie directe, explique-t-elle, le propriétaire doit faire des travaux. C’est donc un coup d’essai, mais avec l’idée de nous installer dans la ville, rue Lafaurie, rue Labistour ou rue des Marchands.”

Bien accueillis, les quatre artisans d’art s’étonnent encore d’avoir surtout une clientèle de Fuxéens, quand ils misaient plutôt sur les touristes. La preuve par ce couple qui entre : “C’est nouveau ? – Oui, on a ouvert en juin. – Ah, on n’était pas là, c’est pour ça.” Et de commencer à tout regarder, tandis que Véronique commente : “Les gens trouvent ça rigolo, c’est comme une sorte de maison avec des meubles, c’est assez atypique.” “D’ailleurs, les meubles sont aussi à vendre”, annonce Pascal.

La boutique fermera après le 8 octobre, avec le projet de trouver un autre local plus adapté.
La boutique fermera après le 8 octobre, avec le projet de trouver un autre local plus adapté.
DDM – J-O.B.

La suite reste donc à écrire, “mais si on fait de l’éphémère tous les étés, ça me va aussi, avoue Véronique. Parce qu’il faut fabriquer, quand même, et ça prend du temps…” Une dernière question avant de quitter les lieux : le clan, on comprend, mais pourquoi à Gaston ? “Parce que c’est notre voisin, celui qui a la grande maison là-haut, s’esclaffe Véronique en désignant le château : Gaston Phoebus !”

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