October 1, 2025

"Les Américains nous avaient demandé de l’aide" : des passionnés permettent de retrouver les restes d’un pilote disparu en 1944

l’essentiel
L’association toulousaine Aerocherche a participé à l’identification des restes d’un pilote de l’armée de l’air américaine. Son bombardier s’était crashé en août 1944 près de Chartres. Quatre passionnés ont participé aux fouilles alors que le Covid bloquait la circulation des équipes.

Le 1er août 1944 un bombardier américain B-17 s’est crashé près de Chartres avec 9 membres d’équipage.
Le 1er août 1944 un bombardier américain B-17 s’est crashé près de Chartres avec 9 membres d’équipage.
Illustration Aerocherche – Patrick Mallet

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L’histoire fait parfois de jolis rebonds. Grâce à l’aide de passionnés de recherche aéronautique, un lieutenant de l’armée de l’air américaine, disparu dans le crash de son bombardier en 1944 au nord de Chartres, va reposer définitivement sur sa terre natale. Le contexte particulier de la période Covid a mené l’association toulousaine Aerocherche à prêter main-forte au DPAA, l’organisme américain chargé de retrouver les corps des soldats américains disparus au combat.

Le Covid avait empêché les étudiants américains de venir en France

“Les Américains sont très attachés à la mémoire de leurs soldats et le DPAA cherche les vestiges pour les rendre officiellement aux familles. C’est dans ce cadre que des recherches étaient prévues sur le lieu connu du crash d’un bombardier, en 1944, au nord de Chartres, avec des étudiants de l’université du Tennessee. Mais, en 2021, avec les restrictions de circulation liées au Covid, ils ne pouvaient pas venir. Le DPAA nous a demandé de l’aide”, explique Gilles Collaveri, président et fondateur d’Aerocherche, qui a immédiatement sollicité son réseau de passionnés.

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Analyses ADN

Quatre volontaires, dont Bryan et Coline d’Aerocherche, ont ainsi mené des recherches sous la direction du DPAA au cours de trois campagnes de fouilles en 2021, 2022 et 2023. Jean-François Lafosse a participé à deux d’entre elles. Ce Lyonnais, membre de la communauté des chercheurs de vestiges aéronautiques, se souvient avoir “travaillé comme un archéologue, guidé par des archéologues américains et français : on a quadrillé un bois et un champ, on a tamisé de la terre. Mais ce lieu de crash était connu, les ferrailleurs étaient déjà passés par là, on n’a pas trouvé grand-chose de l’avion”.

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Pour autant ces fouilles ont permis de retrouver des restes humains que le DPAA a fait expertiser. En juin 2025, les analyses ADN ont permis de les attribuer au lieutenant Gerald J. Melofchik, originaire de New York, âgé de 24 ans au moment du crash. Affecté au 615e escadron de bombardement de l’US Air Force, il pilotait un B-17G, connu comme “forteresse volante”, le 1er août 1944 au-dessus de la France. Le bombardier, touché par un tir de la défense anti-aérienne, est entré en collision avec un autre appareil qui volait en escadrille avec lui. Le crash a eu lieu au-dessus de la commune de Néron, au nord de Chartres.

Un des trois membres d’équipage portés disparus

Des neuf membres d’équipage du B-17G, surnommé “Stormy Weather”, deux furent capturés et quatre furent identifiés grâce aux restes retrouvés près du lieu du crash. Trois membres d’équipage, dont Melofchik, étaient portés disparus.

“C’est extrêmement satisfaisant de participer à une telle campagne. Je suis très sensible à cette mémoire aéronatique depuis mon plus jeune âge. J’ai dû chercher près de 150 avions dans ma vie et je n’avais jamais trouvé de restes humains. Rendre aujourd’hui hommage à ces gamins qui ont laissé leur peau, c’est très important”, confie Jean-François Lafosse.

Les restes de Gerald Melofchik seront inhumés au mois de novembre dans le cimetière de Newton, en Pennsylvanie.

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