August 6, 2025

RECIT. Incendie dans l’Aude : "C’était Apocalypse Now"… Ils ont donné l’alerte après avoir vu de la fumée depuis la fenêtre de leur cuisine

l’essentiel
Le plus grand incendie de l’été s’est déclaré sur la commune de Ribaute (Aude), où Eglantine et son mari ont donné l’alerte après avoir vu de la fumée, au loin, depuis la fenêtre de leur cuisine ce mardi 5 août.

“En dix minutes, le feu a progressé d’environ 1 km, c’était quelque chose d’impressionnant, un vrai monstre, c’était totalement incontrôlable”. Il est 16 h 17, ce mardi après-midi, quand Alain Coste, maire de Ribaute, reçoit un coup de téléphone de l’une des habitantes de ce petit village audois.

Eglantine et son mari Juan ont été les premiers à donner l’alerte après avoir aperçu de la fumée depuis la fenêtre de leur cuisine.
Eglantine et son mari Juan ont été les premiers à donner l’alerte après avoir aperçu de la fumée depuis la fenêtre de leur cuisine.
Valentin Marcinkowski – DDM

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Au bout du fil, Eglantine Charbonnier – qui a emménagé en début d’année avec son mari Juan, d’origine argentine, dans cette belle bâtisse située à l’entrée du village, le long de la D212 – paniquée par ce qu’elle voit depuis sa fenêtre. À quelques centaines de mètres, en plein dans la ligne de mire, non loin de l’Orbieu, une fumée, puis des flammes, très vite, très hautes aussi.

“Je ne savais pas qui appeler, j’étais en stress et avais peur d’être mise en attente sur le numéro des pompiers, donc j’ai prévenu le maire”, explique-t-elle. Dans la foulée, le premier édile appelle les soldats du feu, qui venaient tout juste d’avoir l’alerte.

“Atroce, effrayant, comme dans un film de guerre”

Avec son smartphone, depuis sa cuisine, Eglantine filme tout et assiste impuissante avec son mari un spectacle désolant, sidérant. C’est lui, le premier, qui a aperçu quelques secondes plus tôt, le filet de fumée au loin, en se servant un verre d’eau du robinet avant d’aller travailler.

“Quand on voit cela de ses propres yeux, c’est juste atroce, confie-t-elle, après avoir répondu ce mercredi aux questions des gendarmes qui mènent l’enquête. En quelques minutes, on passe de 2 mètres de petites fumées à des flammes de 20 mètres de haut étalées sur un truc énorme qui se dirigeait vers la montagne. De la maison, on sentait la chaleur arriver, c’était effrayant, ça faisait ambiance film de guerre, comme dans Apocalyspe Now”.

Le feu, lui part rapidement vers l’est et la commune de Saint-Laurent-de-Cabrerisse, commune la plus sinistrée. Entre ce village et celui de Ribaute se situent notamment les vignes de Laurent Bachevillier, à la tête du domaine Les Cascades, et qui vit en face de chez Eglantine. Mardi après-midi, quand l’incendie se déclare, il fonce sans réfléchir en voiture sur ses terres, notamment pour libérer ses trois ânes et trois moutons, pris au piège dans leur enclos.

“À vol d’oiseau, on doit être à 5-6 km de la maison, mais en voiture, ça doit bien faire 15 km, souffle-t-il. Je suis resté même pas trois minutes sur place, j’étais littéralement au milieu des flammes, elles étaient là, à même pas cinq mètres. J’ai ouvert la barrière, les bêtes étaient apeurées.”

Laurent a pris tous les risques pour essayer de sauver ses bêtes

Dans le feu de l’action, Laurent Bachevillier confie ne pas avoir eu le temps d’avoir peur. Mais dans la nuit de mardi à mercredi, où les habitants de Ribaute ont pu rester chez eux après que certains ont été temporairement évacués, il avoue s’être refait le film de ces quelques minutes. “Quand j’y repense après coup, je me dis que jamais je n’aurais dû y aller. C’était très con, surtout avec ma voiture au GPL. Mais dans ces instants-là, on ne réfléchit, le but était d’aller aux ânes.”

Les hélicoptères viennent se ravitailler en eau non loin de là où l’incendie s’est déclaré.
Les hélicoptères viennent se ravitailler en eau non loin de là où l’incendie s’est déclaré.
DDM – V.M.

S’il ne sait pas si ses animaux ont pu se sauver, Laurent Bachevillier ne se fait guère d’illusions sur ses vignes. “Tout est mort, tout a brûlé, c’est clair et net, lâche-t-il d’une voix monocorde, alors que dans la rue, les camions de pompiers vont et viennent tandis que les hélicoptères viennent puiser de l’eau à quelques hectomètres dans l’Orbieu. On ne sait pas vers qui se tourner, ce qu’on va faire demain, ni les autres jours. Des amis m’ont déjà proposé de l’aide. Pour les vignes, comme on n’est pas sur une catastrophe naturelle (gel, grêle, sécheresse…), l’assurance couvrira si seulement on retrouve la personne à l’origine du départ de feu”.

Les origines du sinistre demeurent toujours inconnues, comme l’a rappelé ce mercredi le parquet de Carcassonne, aucune hypothèse n’étant privilégiée à ce stade.

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