August 2, 2025

"On est à la limite de la menace" : un éleveur faussement accusé de mauvais traitements sur ses bêtes et d’exercice illégal de la médecine ?

l’essentiel
Le combat continue en Ariège autour de François Parfonry, un éleveur dont le troupeau avait été décimé par la fièvre catarrhale ovine l’été dernier. Toujours privé d’indemnisation, il dénonce de fausses accusations de mauvais traitements et d’exercice illégal de la médecine.

François Parfonry (agenouillé) avec une partie de ses soutiens au sortir de ce nouveau rassemblement.
François Parfonry (agenouillé) avec une partie de ses soutiens au sortir de ce nouveau rassemblement.
DDM – J-O.B.

Comme cela avait déjà été le cas le 11 juillet, une vingtaine d’éleveurs ont profité du marché de Foix, en Ariège, pour se rassembler le vendredi 1er août afin de dénoncer une nouvelle fois le sort de leur collègue François Parfonry. Un an après, ce dernier lutte en effet toujours pour être indemnisé de la perte d’un tiers de son troupeau, en août 2024, au moment du pic de l’épizootie de fièvre catarrhale ovine (FCO). Une indemnisation refusée par les services de l’État en raison de l’absence de test PCR prouvant que ses pertes étaient bien dues à la FCO.

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“Après le premier rassemblement, nous avons réussi à être reçus par Mme Calmet (la directrice de la Direction départementale des territoires de l’Ariège, NDLR) et la responsable du Service économie agricole, indique François Parfonry. Elles ont été très correctes, mais elles nous ont dit que rien n’était possible et elles nous ont renvoyés vers le directeur de la DDETSPP (Direction départementale de l’emploi, du travail, des solidarités et de la protection des populations, NDLR).”

“Ils m’ont même dit que ça pourrait être la fièvre aphteuse, c’est n’importe quoi”

Un échange avec l’adjoint du directeur, Joan Maissonnier, le 22 juillet dernier, qui n’a fait qu’attiser la colère de l’éleveur. “Ils m’ont encore débouté de ma demande en m’accusant de mauvais traitements envers mes bêtes, parce que je n’avais pas fait monter de vétérinaire alors que j’avais des animaux morts en masse”, rapporte l’éleveur, qui rappelle la saturation des services vétérinaires au moment du pic de l’épizootie pour expliquer cette situation.

Faute de mieux, François Parfonry serait alors allé à la clinique vétérinaire de Foix, où des anti-inflammatoires – mais pas le vaccin – lui auraient été délivrés sans ordonnance. “Pour le coup, on me dit que c’est un exercice illégal de la médecine, alors que ça se fait partout, tempête-t-il. En plus, on a donné ces médicaments prescrits par le vétérinaire, mais ça n’a rien fait. Maintenant, on est à la limite de la menace.”

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La préfecture de l’Ariège rétorque par la voix de son secrétaire général, Jean-Philippe Dargent. “La seule chose qui lui a été rappelée, c’est que certains médicaments doivent être administrés par des professionnels de la santé animale, assure ce dernier, mais il ne s’agit pas d’exercice illégal de la médecine.”

Le coup de grâce serait tombé ce vendredi, juste avant le rassemblement, lors d’une nouvelle rencontre avec Joan Maissonnier et une tierce personne. “Ils m’ont refait le même discours, comme quoi ça pourrait être autre chose que la FCO qui a tué mes brebis, puisqu’il n’y a pas de test. Pire, ils m’ont même dit que ça pourrait être la fièvre aphteuse, c’est n’importe quoi. Et au final, il y a une dizaine de fermes dans mon cas.”

“Ça crée une disparité énorme”

François Parfonry a peu de chances d’obtenir gain de cause. Au “souci d’équité et d’assurer la correcte justification de la dépense budgétaire” déjà mis en avant par les services de l’État, Jean-Philippe Dargent ajoute : “M. Parfonry n’a suivi aucune des procédures permettant de déclarer les pertes subies par son troupeau, tout simplement, et il n’a jamais voulu faire appel à un vétérinaire. Et maintenant, c’est trop tard.”

“C’est grave, ça crée une disparité énorme, réagit l’un de ses soutiens. En plus aujourd’hui, ils veulent qu’on bloque la FCO1 qui arrive d’Espagne pour pouvoir dire qu’il n’y en a pas en France. Mais pour le faire, il faut qu’il y ait une confiance…” François Parfonry et ses soutiens ne comptent donc pas déposer les armes et annoncent vouloir mobiliser les syndicats agricoles, les élus et jusqu’à la Région pour faire valoir leurs arguments.

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