Instruments de surveillance et de prévention des tsunamis installés sur le port de Hakahau, chef-lieu de l’île de Ua Pou dans l’archipel des Marquises, en Polynésie française le 13 novembre 2023. SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS VIA AFP
Un séisme de magnitude 8,8, le plus puissant dans la région en près de soixante-treize ans, a eu lieu mardi 29 juillet au large de la péninsule russe du Kamtchatka, provoquant des alertes de tsunamis dans tout le Pacifique et des évacuations de Hawaï jusqu’au Japon. Les premières vagues ont touché la Polynésie, mais l’alerte a été levée. Voici ce que l’on sait.
• Alerte levée par les autorités
De premières vagues ont touché dans la nuit de mardi à mercredi l’archipel des Marquises, en Polynésie française, mais l’alerte a été levée par les autorités, plusieurs heures après le puissant séisme survenu dans le Pacifique au large de la Russie.
Plusieurs vagues d’une hauteur de 1,5 mètre ont commencé à toucher l’île de Nuku Hiva (3 000 habitants) entre 2H00 et 5H00 heure locale, dans l’archipel des Marquises, a indiqué le Haut-Commissariat de Polynésie lors de son dernier point d’information.
« On n’a eu aucun dégât, aucune victime et une bonne organisation grâce à l’activation efficace des plans de sauvegarde », a souligné sur place auprès de l’AFP Anny Pietri, cheffe de la subdivision des Marquises, après un point avec les mairies des trois îles les plus touchées, où 700 des 6 119 habitants avaient été mis en sécurité. « Ils ont bien suivi les consignes », a-t-elle précisé.
Depuis ces premiers impacts de l’onde océanique, le Laboratoire de géophysique (LDG) aux Marquises observe une « atténuation des oscillations », ce qui justifie « la levée de l’alerte sur terre », a indiqué le Haut-Commissariat dans un communiqué.
« La population peut regagner son lieu de vie habituel, tout en évitant les côtes ainsi que les rivières et vallées, et en faisant preuve de précaution », a souligné le représentant de l’Etat sur l’archipel, qui maintient toutefois l’interdiction des activités nautiques dans les Marquises.
• Plusieurs personnes évacuées, aucun dégât à ce stade
A ce stade, aucun dégât majeur n’a été constaté dans l’archipel. Les habitants des zones menacées avaient été prévenus en amont et avaient pu évacuer leurs maisons.
La population menacée a été « mise en sécurité dans des lieux de repli prédéterminés à l’avance, et se prépare à passer la nuit à l’abri », a indiqué Xavier Marotel, secrétaire général du Haut-Commissariat, lors d’une conférence de presse retransmise en direct sur les réseaux sociaux. Sur Franceinfo, Xavier Marotel a ajouté qu’une cellule de crise a été ouverte pour « gérer les opérations de mises à l’abri des populations notamment sur l’archipel des îles Marquises ».
« On est sur un phénomène qui va se dérouler en milieu de nuit et qui peut durer 4 à 6 heures. Il y aura peut-être une deuxième, voire une troisième vague. C’est un phénomène qui est classique donc il faut se mettre à l’abri dans la durée et ne pas penser qu’après la première vague, c’est terminé », a-t-il prévenu.
• Macron appelle « à la vigilance »
« Un tsunami arrive en Polynésie française. Tous les services de l’Etat sont mobilisés pour protéger nos concitoyens », a écrit Emmanuel Macron dans un message publié sur le réseau social X. Avant d’ajouter : « J’en appelle à la vigilance : suivez les consignes des autorités locales. Tout mon soutien aux Marquisiens et à l’ensemble de nos compatriotes du Pacifique. »
« Ce sont des situations qui sont malheureusement déjà connues. Il y avait déjà eu une vague similaire en 2015 sans dégât humain, et il y a eu un exercice identique – ils sont réguliers – aux îles Marquises il y a six semaines, donc la population est préparée avec les consignes, les réflexes qui sont acquis », a pour sa part indiqué sur BFMTV le ministre des Outre-mer, Manuel Valls.
Malgré tout, « bien sûr qu’il y a une inquiétude », a-t-il ajouté. « Une chose, ce sont les exercices. L’autre chose, c’est la réalité. »
D’autres membres du gouvernement ont tenté de rassurer. A l’image du ministre des Armées, Sébastien Lecornu, qui a indiqué sur le réseau social X : « Nos forces armées en Polynésie française sont mises en alerte à titre préventif, pour être en mesure d’assister nos concitoyens et les services de l’Etat dans d’éventuelles opérations de recherche et sauvetage ou d’évacuations sanitaires. »
• Des alertes dans tout le Pacifique
Selon l’institut géophysique américain (USGS), le séisme est survenu vers 23h24 GMT mardi à 20,7 km de profondeur, à 126 km au large de Petropavlovsk-Kamtchatsky, capitale de cette région de l’Extrême-Orient russe peu peuplée.
Dans le port de Severo-Kourilsk, dans le nord de l’archipel russe des Kouriles, plusieurs tsunamis successifs ont submergé les rues, selon le ministère des Situations d’urgence. Une de ces vagues, à Elizovsky dans le district de Kamchatka, a atteint entre trois et quatre mètres, selon un média local. Le maire du district, Alexandre Ovsiannikov, a indiqué que « tout le monde », avait été évacué. L’état d’urgence a été décrété dans le district.
Au Japon, des images en direct à la télévision ont montré des personnes évacuant en voiture ou à pied vers des zones plus élevées, notamment dans l’île septentrionale de Hokkaido. Un tsunami de 1,30 m a atteint un port dans le département de Miyagi, dans le nord du Japon, à 13h52 (4h52 GMT), a indiqué l’agence météorologique japonaise (JMA). L’agence météorologique japonaise a cependant rétrogradé mercredi les alertes au tsunami dans une majeure partie de l’archipel, les maintenant seulement dans le Nord.
La Chine a également émis une alerte au tsunami pour plusieurs zones de sa côte. Les Philippines ont elles aussi exhorté les habitants de la côte est à se déplacer vers l’intérieur des terres, et ont conseillé aux pêcheurs déjà en mer de rester au large en eaux profondes.
Sur l’autre rive du Pacifique, le Pérou et le Mexique ont aussi déclaré l’alerte au tsunami, de même que la Colombie et l’Equateur qui ont ordonné des évacuations, comme dans les ports de l’archipel des Galapagos. Des tsunamis de 1 à 3 mètres sont également possibles au Chili et au Costa Rica.
Les Etats-Unis ont émis une série d’alertes de différents niveaux le long de la côte ouest nord-américaine de l’Alaska jusqu’à toute la côte californienne.