Après quatre ans de protection tarifaire, les prix de l’électricité amorcent une remontée progressive, portée par la fin du bouclier tarifaire et la disparition de l’ARENH fin 2025. Entre hausse des coûts de maintenance, fiscalité persistante et tension sur les marchés de gros, les ménages s’attendent à un hiver 2025-2026 sous le signe de la vigilance tarifaire.
Après quatre années marquées par les dispositifs de protection tarifaire, le prix de l’électricité repart sur une trajectoire ascendante, sans flambée immédiate mais dans un contexte structurel de tension, qui suscite l’inquiétude des Français pour l’hiver 2025-2026.
Le tarif réglementé de vente (TRVe) s’établit actuellement autour de 0,195 €/kWh en option base, avec un abonnement moyen proche de 185 €. Sur le marché de gros, le MWh oscille autour de 83 €, soit une hausse d’environ 34 % sur un an. À certaines heures, les pics dépassent les 130 €/MWh, reflet d’un équilibre fragile entre offre et demande.
Des coûts de maintenance du réseau électrique en progression de 8 % en 2025
La hausse actuelle tient d’abord à la réalité physique du réseau électrique. Construit majoritairement avant 1990, celui-ci nécessite un entretien accru ce qui implique des coûts de maintenance en progression de 8 % en 2025. La modernisation du système, indispensable pour intégrer les énergies renouvelables, se traduit par une augmentation du TURPE (Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité), qui finance le transport et la distribution. Ces charges, représentant près de 15 % de la facture, sont directement répercutées sur les ménages.
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À ces contraintes techniques s’ajoute une fiscalité toujours déterminante. L’accise sur l’électricité, malgré une baisse partielle en 2025, demeure un poste lourd. La CSPE (contribution au service public de l’électricité, qui est un prélèvement fiscal sur la consommation d’électricité) et la TVA contribuent à maintenir un niveau élevé de prélèvements, tandis que l’arrêt du bouclier tarifaire, effectif début 2025, met fin à une période de soutien budgétaire massif. La baisse transitoire de 15 % du TRVe au premier semestre n’aura donc été qu’un répit temporaire avant un nouvel ajustement à la hausse.
Sur le plan énergétique et géopolitique, la situation reste tendue. Les marchés européens connaissent une demande hivernale soutenue, tandis que la production nucléaire française, variable selon les arrêts de maintenance, influe fortement sur les prix de gros. Les aléas des énergies renouvelables (éolien et solaire) accentuent cette volatilité, rendant le système plus sensible aux pics de consommation.
La fin de l’ARENH inquiète
Pourtant, selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), aucune forte hausse du TRVe n’est attendue avant février 2026. La méthode de calcul, fondée sur une moyenne pluriannuelle des prix de gros, amortit les chocs de court terme. Mais cette stabilité apparente masque une rupture majeure avec la fin de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique) au 31 décembre, qui inquiète les associations de consommateurs.
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Ce mécanisme, qui permettait aux fournisseurs alternatifs d’acheter une partie de l’électricité nucléaire à prix régulé, disparaît. Dès 2026, ces acteurs devront donc se fournir sur le marché au prix réel, estimé entre 58 et 70 €/MWh, voire davantage selon les scénarios.
Parallèlement, une autre réforme devrait satisfaire les consommateurs : la réforme des heures pleines et creuses. Finie la plage d’heures creuses de 22 heures à 6 heures. Cette règle des 8 heures creuses par jour est maintenue, mais leur répartition va s’adapter aux saisons avec 5 heures consécutives entre 23 heures et 7 heures ; les 3 heures restantes pourront être placées en début ou milieu d’après-midi, entre 11 heures et 17 heures selon les calculs d’Enedis. Ces horaires varieront entre l’hiver et l’été. Ce basculement vise à mieux répartir la demande, mais pourrait modifier les habitudes tarifaires et compliquer les comparaisons d’offres.

