Partie de ping-pong en marge du chantier de l’A69. En interdisant le contournement de sa commune aux camions, le maire de Verfeil a dévié le trafic de poids lourds vers plusieurs localités tarnaises, qui n’y étaient pas habituées. Le maire de Lavaur s’agace. Et les anti-A69 ironisent.
La terrasse du café donne une vue imprenable sur le rond-point faisant la jonction entre les avenues Pierre-Fabre et Jean-Jaurès de Lavaur. Attablé, stylo en main, Régis Navellou, élu au conseil municipal vauréen, a passé dix heures, mardi dernier, à compter le trafic des camions.
Depuis le 23 juillet, les poids lourds doivent faire un détour par Lavaur s’ils souhaitent rejoindre Castres depuis Toulouse, et inversement. Conséquence d’un arrêté pris, 16 km plus au sud, à Verfeil. Dans le cadre des travaux de construction de l’A69, récemment relancés par la justice, le contournement de Verfeil est fermé à la circulation.
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Une première déviation avait orienté le trafic vers une route de la commune. Alerté par un collectif, Patrick Plicque, le premier magistrat verfeillois, a interdit leur circulation sur cet axe. Pour les poids lourds, le seul itinéraire restant vers Castres passe désormais par Lavaur.
Jusqu’à 70 camions par heure aux heures de pointe
En fin de journée, le résultat du relevé tombe. “On a compté 446 camions, soit une moyenne de 45 par heure”, dévoile Régis Navellou, avec un trafic inégal selon les horaires. “Entre 8 et 9 heures, on en a compté jusqu’à 70 !” En février 2020, juste avant le confinement, un premier recensement estimait un passage de 30 semis par heure sur l’axe qui traverse le centre-ville de la commune.
Un résultat potentiellement encore sous-estimé, selon l’élu. “Nous ne sommes que fin juillet, on n’est pas au top niveau de l’activité économique, beaucoup sont en vacances.” Un nouveau comptage est envisagé au mois de septembre prochain.
“Lavaur n’a pas vocation à être traversée par les poids lourds refusés par Verfeil.”
Un report du trafic qui fait également bondir le maire de Lavaur, Bernard Carayon, pourtant fervent défenseur de l’A69. Dans un communiqué, l’élu estime que “Lavaur n’a pas vocation à être traversée par les poids lourds refusés par Verfeil.” Un refus “pour la sécurité de Lavaur et de ses habitants”. Dans nos colonnes, Patrick Plicque évoquait une argumentation similaire pour justifier son arrêté : une chaussée trop étroite pour permettre des croisements “de véhicules de gros gabarits dans des conditions normales de sécurité” et “le défaut de sécurité des riverains piétons”. Pour l’heure, statu quo entre les deux communes, mais le trafic continue, lui, de circuler.
Le collectif La Voie est Libre, farouchement opposé à l’A69, alerte sur la situation tout en ironisant, évoquant un “retour de bâton” pour l’élu UDR. “Cerné par le brasier qu’il a lui-même allumé, Bernard Carayon pleurniche désormais pour échanger sa place.” Les opposants demandent une réouverture du contournement de Verfeil, ce dernier ayant été, selon eux, fermé illégalement. Ils considèrent que’Atosca n’a “pas mené l’étude d’aménagement nécessaire”.
D’autres petites communes impactées ?
En passant par Lavaur, les camions continuent leurs trajets vers les villages de Saint-Paul-Cap-de-Joux et Guitalens-L’Albarède. Ce dernier est coupé en deux par la départementale. Raymond Gardelle, maire de la commune, notait déjà une hausse du trafic avant la mise en place de la déviation. “Je le constate tous les jours en sortant de chez moi, on a parfois des files entières de véhicules. Ça a commencé avec les travaux de l’A69.” L’afflux de camions pourrait densifier encore un peu plus la circulation dans la commune de 835 habitants.
Des discussions ont été engagées entre la commune de Lavaur, le préfet du Tarn et Atosca, le concessionnaire de l’autoroute, pour identifier une solution. Sinon, il faudra prendre son mal en patience. Les travaux sur le contournement de Verfeil sont programmés pour une durée de neuf mois.