Accusés d’avoir attaqué un veau vivant début juillet en Ariège, les vautours sont de nouveaux pointés du doigt. De son côté, la Ligue de protection des oiseaux conteste tout comportement de prédateur établi de l’animal.
“Je ne faisais pas le fier.” Le 7 juillet dernier, un éleveur de Gasconnes est réveillé de sa sieste par une voisine, inquiète des nombreux vautours qui s’agitent au-dessus de son troupeau. Sur place, impuissant, l’homme découvre l’un de ses veaux, tout juste né, mort et entamé par les oiseaux. “Les vaches criaient, et là, j’ai vu une vache qui venait de vêler. Une dizaine de vautours étaient en train de manger le veau, de l’attaquer. Il avait la tête entamée, les yeux et les oreilles arrachés”, témoignait l’éleveur, choqué, quelques jours après.
Un épisode qui avait fait réagir le président de la Fédération de chasse de l’Ariège, Jean-Luc Fernandez. “Il y a bien des faits de vautours qui attaquent les animaux vivants, qui les dévorent vivants”, avait-il assuré dans nos colonnes. Une affirmation contestée aujourd’hui par la Ligue de protection des oiseaux d’Occitanie (LPO), qui rappelle dans un communiqué que “les vautours sont et restent des nécrophages : ils ne sont tout simplement pas équipés pour prédater, en dépit de croyances populaires affirmant que les vautours modifient leur comportement pour devenir des prédateurs, ce que rejettent les études scientifiques menées sur le sujet”.
“Des cas qui restent très rares”
Par la voie de son chargé de mission Paul Janin, spécialisé dans l’étude et la conservation des vautours, la LPO indique vouloir “remettre les choses à plat”, sans “nier le témoignage de l’agriculteur”. “Quelques cas [d’attaques ante mortem, avant la mort de l’animal] sont avérés mais restent très rares. S’il y a consommation ante mortem, c’est que les vautours pensent que la bête est morte ou presque. Ce sont des cas qui surviennent dans des conditions bien particulières et qui restent très rares”, explique le chargé d’études naturalistes. “Ça représente des chiffres totalement anecdotiques.”
Et ce, même si la population de vautours augmente, accélérant leur vitesse d’intervention sur les carcasses d’animaux morts, dans un rôle d’équarrisseur naturel. “Les populations à l’est des Pyrénées sont quasiment toutes dans l’Aude. L’an dernier, il y avait 160 couples reproducteurs et des jeunes qui gravitaient autour”, indique l’homme de 37 ans. Ayant un grand rayon d’action, cette population se déplace quotidiennement sur le département de l’Ariège et des Pyrénées-Orientales.