Par
Le Nouvel Obs avec AFP
Le président américain Donald Trump lors d’une visite en Ecosse, le 28 juillet 2025. CHRISTOPHER FURLONG/AP/SIPA
L’administration de Donald Trump a annoncé ce mardi 29 juillet revenir sur une décision clé pour la régulation des émissions de gaz à effet de serre, des pots d’échappement aux centrales à gaz, mettant à mal la lutte contre le changement climatique aux Etats-Unis.
A lire aussi
Chronique
Six mois en dystopie : comment Trump a défiguré les Etats-Unis depuis son retour au pouvoir
« Si elle est finalisée, l’annonce d’aujourd’hui serait la plus grande mesure de dérégulation de l’histoire des Etats-Unis », a déclaré Lee Zeldin, le patron de l’Agence fédérale de Protection de l’Environnement (EPA), depuis une concession automobile d’Indianapolis, dans le nord du pays.
Soutenu par les industries fossiles, le républicain a multiplié les mesures hostiles à la lutte contre le réchauffement climatique depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier. Les Etats-Unis sont le deuxième plus gros émetteur mondial et le plus important de l’histoire.
« Les conservateurs aiment l’environnement »
L’annonce de mardi, qui doit encore passer par une phase de consultation publique de 45 jours, s’attaque à une décision prise pendant le premier mandat de l’ex-président démocrate Barack Obama. Cet « Endangerment Finding » de 2009 constitue la base légale de très nombreuses régulations fédérales visant à lutter contre le réchauffement climatique.
Poussée par un jugement de la Cour suprême, l’EPA y a estimé que les gaz à effet de serre étaient dangereux pour la santé publique et que, en conséquence, elle était compétente pour réguler leurs émissions en vertu d’une loi de 1970, le « Clean Air Act ».
A lire aussi
Décryptage
Désinformation climatique : les Etats-Unis vont-ils tomber dans l’obscurantisme ?
Selon l’actuel patron de l’EPA, l’agence avait fait à l’époque des « raccourcis intellectuels » lors de l’élaboration de cette décision, qui s’appuie pourtant sur un large consensus scientifique.
« Les conservateurs aiment l’environnement, veulent être des bons gardiens de l’environnement », a assuré mardi Lee Zeldin sur le podcast « Ruthless Podcast », marqué à droite. Mais « il y a des personnes qui […] sont prêtes à ruiner le pays au nom de la justice environnementale ».
Vaste dérégulation du secteur automobile
Cette réforme devrait notamment permettre une vaste dérégulation pour le secteur automobile en assouplissant les règles sur les émissions des véhicules. Le secteur des transports constitue aux Etats-Unis la première source d’émissions de gaz à effet de serre, l’essentiel des Américains utilisant la voiture pour leurs trajets quotidiens.
Si le secteur américain des transports était un pays, il serait le quatrième plus gros émetteur de gaz à effet de serre du monde, selon l’ONG Natural Resources Defense Council.
La décision de mardi devrait aussi toucher les règles concernant les émissions des centrales à gaz ou à charbon. Environ 60 % de l’électricité américaine est tirée des combustibles fossiles.
Dan Becker, de l’association environnementale Center for Biological Diversity, a assuré à l’Agence France-Presse que la décision de 2009 avait résisté à plusieurs assauts juridiques. « Mais, cette fois-ci, c’est le gouvernement lui-même qui mène l’attaque », a-t-il déploré.
A lire aussi
Entretien
« Je ne prône ni la révolution, ni le communisme, mais… » Comment les défenseurs du climat essaient de retrouver de l’espoir aux Etats-Unis
Ce retour en arrière de l’exécutif américain sera, selon toute vraisemblance, contesté devant la justice, probablement jusqu’à la Cour suprême. Donner raison à l’administration Trump reviendrait à un revirement de jurisprudence : c’est une décision de la haute cour, en 2007, qui est à l’origine même de l’« Endangerment Finding ». « J’espère que [les juges] vont reconnaître qu’il s’agit là de science, et non de politique », a ajouté Dan Becker. Mais la Cour suprême est « très politisée », dit-il. Elle est aujourd’hui constituée de six juges conservateurs contre trois progressistes.
Depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a quitté l’Accord de Paris sur le climat et favorisé l’exploitation du gaz et du pétrole, notamment dans des régions sauvages de l’Alaska.
Cette annonce intervient en pleine vague de chaleur sur la côte Est du pays, et alors que la planète a vécu en 2024 l’année la plus chaude jamais enregistrée.