July 28, 2025

"Une forme de banalisation du mal" : un tag antisémite "Kill all jews" en plein centre-ville de Toulouse suscite l’indignation

l’essentiel
Vendredi dernier, un tag antisémite affichant “Kill all Jews” a été découvert à Toulouse, suscitant indignation et malaise. Si les condamnations politiques ont été nombreuses, la haine décomplexée en ligne interroge.

Plus de treize ans après les tueries de mars 2012, la Ville rose n’en a pas fini avec l’antisémitisme.

Vendredi dernier, une habitante de la rue Lejeune, en plein centre-ville de Toulouse, découvre avec stupeur un tag antisémite inscrit sur la porte de garage d’un voisin : “Kill all Jews” (“Tuez tous les Juifs”). Un symbole anarchiste, le A cerclé, est également peint sur le panneau d’interdiction de stationner adjacent.

Un A "anarchiste" a également été peint.
Un A “anarchiste” a également été peint.
DDM – FREDERIC CHARMEUX

“Nous sommes traumatisés, confie la Toulousaine qui a souhaité rester anonyme. Nous avons l’habitude de voir des tags contre Israël, mais jamais directement contre les Juifs.”
Depuis le 7 octobre 2023, cette femme de confession juive dit être plus vigilante, notamment lorsque quelqu’un sonne à la porte

Très émue, elle transmet la photo à son ami Marc Sztulman, qui la publie aussitôt sur le réseau X (ex-Twitter).

Le tag antisémite aurait été peint vendredi.
Le tag antisémite aurait été peint vendredi.
DR.

“J’ai été choqué. Rue Lejeune, c’est une rue assez passante. Ce qui me trouble, c’est que le tag soit resté visible pendant plusieurs heures, sans susciter la moindre réaction. C’est une forme de banalisation du mal”, témoigne le conseiller régional et avocat à Toulouse.

Condamnations politiques quasi unanimes

La publication a aussitôt déclenché une vague de réactions indignées dans la sphère politique. “Rien ne justifie la haine“, a notamment écrit Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse, sur ce même réseau.

Plusieurs formations politiques ont réagi rapidement, à l’exception notable du RN et de LFI, selon Marc Sztulman. “Comme souvent, ce sont les extrêmes qui refusent de s’exprimer”, regrette-t-il.

Une parole antisémite décomplexée en ligne

Sous le tweet, de nombreux internautes ont exprimé leur solidarité avec la communauté juive de France. Mais une part significative des commentaires a révélé un antisémitisme décomplexé. Certains ont tenté d’établir un lien fallacieux avec la situation à Gaza, dans une logique de justification inacceptable ; d’autres ont suggéré, sans preuve, qu’il s’agirait d’une mise en scène orchestrée par des Juifs eux-mêmes.

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Un antisémitisme négationniste s’est également exprimé, niant l’évidence du message : “c’est un montage”, “c’est faux”, “c’est de la manipulation”, peut-on lire.

“Ce qui suscitait autrefois l’indignation semble désormais banalisé. J’ai regardé certains comptes qui réagissaient : ils sont souvent récents, avec peu d’abonnés, parfois des bots. Mais ça montre une volonté de provoquer, de choquer pour polariser le débat”, observe Marc Sztulman.

Selon les derniers chiffres du ministère de l’Intérieur, en 2024, 1 570 actes antisémites ont été recensés, soit une hausse de 260 % par rapport à 2022 (436 faits). À Toulouse, plusieurs incidents ont été signalés depuis le début de l’année, notamment des dégradations de lieux de culte et des inscriptions haineuses dans des espaces publics.

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