October 27, 2025

TÉMOIGNAGE. "Ce que nous avons vécu aux urgences de la clinique d’Occitanie est indigne"

l’essentiel
Son épouse a été hospitalisée le lundi 20 octobre dernier aux urgences de la clinique d’Occitanie à Muret pour “une bronchite”, alors qu’elle souffre d’un cancer généralisé. Son mari, Philippe D, dénonce cette prise en charge médicale “indigne d’un établissement de santé”.

“Ce que mon épouse et moi avons vécu aux urgences de la Clinique d’Occitanie de Muret dépasse l’acceptable”. Philippe D., de Capens dans le Volvestre, est dévasté. En colère. Il a souhaité témoigner. Son épouse Andrée, 75 ans, est atteinte d’un cancer généralisé avec plus de 15 métastases cérébrales.

André, 75 ans, hospitalisée 24 heures aux urgences.
André, 75 ans, hospitalisée 24 heures aux urgences.
photo famille

Ce lundi 20 octobre, Andrée a du mal à respirer. Son état s’aggrave subitement. Sur appel de Philippe D., elle est transportée en urgence par le Samu à la clinique d’Occitanie. Tension à 7, saturation à 84, état comateux. Elle ne reconnaît plus ses proches.

Ce que dénonce aujourd’hui son époux dans une lettre ouverte qui a suscité quelques centaines de commentaires et réactions partagées sur les réseaux sociaux depuis, c’est la prise en charge médicale “désastreuse” aux urgences de la clinique. Il souligne notamment “un manque d’empathie pour les proches”, indique Philippe D. qui l’accompagnait, “On nous demande à nous d’être poli et respectueux avec les soignants, et on ne reçoit en retour aucune pitié. Alors qu’on a peur, qu’on a mal.”

“À son arrivée, il a fallu 20 minutes pour que les documents soient pris en compte. Puis encore 10 minutes avant qu’elle ne soit prise en charge.” De son arrivée à 10 h 11 le matin jusqu’au soir à 19 heures, Philippe n’a eu de cesse de réclamer des nouvelles d’Andrée.

“A chaque tentative, silence total, je n’ai obtenu comme réponse que, ‘elle dort’, ‘ce n’est pas moi qui m’en occupe’, ‘l’infirmière est en pause’. Aucune possibilité de la voir. Aucun mot rassurant. Aucun respect pour l’angoisse d’un proche”, regrette-t-il. “Ce n’est qu’à 18 h 30, grâce à la discrétion bienveillante d’une secrétaire au grand cœur, que j’ai pu l’apercevoir dans un couloir. Un baiser volé. Un instant d’humanité dans un océan d’indifférence”.

Le lendemain matin, Philippe a pu récupérer son épouse qui n’aura été hospitalisée qu’une nuit. À savoir qu’Andrée est suivie en oncologie par les cliniques Occitanie et Pasteur à Toulouse. Elle souffre d’une insuffisance cardiaque, elle est sous morphine, lirika, cortisone et autre contre l’épilepsie…

Bilan de sortie : une bronchite

Le lendemain, Philippe prend connaissance du bulletin de sortie : bronchite. Et une ordonnance d’antibiotiques “avec une posologie quatre fois supérieure à la dose maximale recommandée. Mon médecin traitant a parlé de “dose de cheval”, précise-t-il.

Lorsqu’Andrée a été hospitalisée le motif était “altération de l’état général…” “Pour eux, c’était un encombrement bronchitique. Je ne remets pas en cause leur diagnostic primaire quand elle a été transportée, elle avait du mal à respirer, mais ce que je leur reproche c’est le manque de bienveillance. Ce que nous avons vécu n’est pas digne d’un établissement de santé. Ce n’est pas digne pour des patients en détresse. Ce n’est pas digne pour les familles qui attendent, qui espèrent, qui aiment. Pour que cela ne se reproduise pas. Pour que, peut-être, quelque chose change.”

Le mot de la direction

Sollicité par La Dépêche du Midi, Philippe Aulombard, directeur général de la clinique d’Occitanie depuis un an, est à court de commentaire. “Nous allons proposer à ce monsieur une rencontre”, précise-t-il, tout en soulignant que “les règles de fonctionnement des services des urgences à Occitanie, au CHU ou ailleurs, sont partout les mêmes.

À la clinique, ce sont 32 000 passages par an aux urgences, soit 90 patients admis en moyenne chaque jour. Ce qui est énorme.” Et ici, Philippe Aulombard assure que ce n’est pas une question de “manque de personnel soignant”. Comme ce fut le cas en 2023. Faute de personnel médical, les urgences de cette clinique avaient dû fermer durant 7 mois, la nuit, à partir de 23 heures.

source

TAGS: