September 29, 2025

Économie : Vertigo, l’entreprise qui joue collectif

l’essentiel
L’entreprise montalbanaise Vertigo ne construit pas seulement des bâtiments, mais aussi des carrières. À sa tête, Nicolas Crantelle, ex-rugbyman et patron engagé, mêle sueur, valeurs et management collectif.

Dans les couloirs de Vertigo à Montauban, ça parle chantier, calendrier, bardages et météo. Mais aussi engagement, respect, entraide et transmission. Le nom de la société claque comme un sommet à atteindre, mais c’est bien sur le terrain que tout se joue. À sa tête, un type à la carrure solide, la parole rapide et les idées affûtées : Nicolas Crantelle, 46 ans, directeur général, chef d’équipe et meneur de troupes. Un boss qui cogite autant qu’il construit.

“Je gère mon entreprise comme une équipe de rugby.” Le ton est donné. Ancien trois-quarts, toujours passionné, administrateur de l’USM, sponsor du MFC, du Triathlon de Montauban ou encore du Ladies Open de Golf, Crantelle applique au BTP les logiques du vestiaire : solidarité, effort collectif et goût du résultat. “On gagne ensemble, on perd ensemble”, répète-t-il comme une évidence. Vertigo, c’est du sport de haut niveau appliqué au génie civil.

“Il faut qu’on arrête de vendre du vent aux jeunes. Influenceur, ce n’est pas un métier”

Et le chantier, lui, ne connaît ni trêve ni hors-jeu. 48 salariés, près de 800 projets réalisés depuis 2018, près de 9 millions d’euros de chiffre d’affaires. Mais avant de s’appeler Vertigo, l’entreprise s’appelait Sahuguede. L’histoire démarre en 1964, dans le Tarn-et-Garonne, quand Arthur Sahuguede fonde la société éponyme. En 1982, son fils Christian reprend le flambeau et développe la structure à l’échelle locale. Ce n’est qu’en 2018 que Nicolas Crantelle, fort de 20 ans dans un grand groupe de travaux publics, reprend la société. “J’ai vu une entreprise avec une âme, un potentiel, mais qui avait besoin de se moderniser.”

Alors il restructure, forme, investit. En 2021, la société quitte ses anciens locaux pour s’installer dans un bâtiment plus grand, mieux équipé, adapté à ses ambitions. Le changement de nom, Vertigo, symbolise une prise d’élan vers l’avenir, avec une vraie volonté écoresponsable et un virage numérique assumé. Fini la gestion à l’ancienne, place à l’optimisation, à la transparence, et à une culture d’entreprise où chacun a sa place.

Le costume de vice-président de la FBTP82 lui colle bien : engagé dans la profession, il défend un secteur qu’il juge mal compris et souvent mal valorisé. “Le BTP, c’est du concret, du sens, du solide. On construit pour les autres.” Mais aussi, et surtout, avec les autres. Car s’il y a un sujet qui l’enflamme, c’est bien l’embauche des jeunes : “Il faut qu’on arrête de leur vendre du vent. Les influenceurs, c’est pas un métier. Travailler, apprendre, se former, progresser : voilà la vraie réussite.” Et pour ça, il a sa règle : les 3P. “Politesse, Propreté, Ponctualité. Sans ça, rien n’est possible.”

Haro sur la semaine de 4 jours ou le télétravail

Chez Vertigo, pas de Smic déguisé en promesse, assure-t-il. “Le plus bas salaire net ici est de 1 700 euros. Et chacun peut monter. C’est simple : tu t’investis, tu montes. Je crois à la méritocratie.” Une vision carrée, sans détour, mais pas sans bienveillance. L’homme a ses convictions et les dit sans fard. “Stop aux idées folles. La semaine de 4 jours ? Le télétravail ? Pas chez moi. Il faut remettre la valeur travail au cœur.”
Même dans les coups durs, il tient le cap. Le secteur public, qui pèse 40 % de son chiffre d’affaires, est morose. “Il n’y a pas de gouvernement, pas d’investissements, tout le monde attend. Pourtant, pas question de lâcher mes équipes. Je garde mes salariés. On serre les dents ensemble. L’entreprise, c’est un bateau. Quand ça tangue, tout le monde rame.” Lui le premier.

Et ça fonctionne. La croissance est là, la réputation aussi. Vertigo attire les jeunes diplômés, parfois venus de Toulouse ou Montpellier. “Quand ils font l’effort de venir ici, ils découvrent une qualité de vie qu’ils n’imaginaient pas : loyers accessibles, cadre agréable, et surtout du sens dans ce qu’ils font.” Chez Vertigo, il n’y a pas de grands discours, mais une pratique quotidienne de l’effort partagé. Une culture de la loyauté et du collectif. “Les gens restent parce qu’ils se sentent utiles, respectés, considérés.” C’est là tout le projet de Nicolas Crantelle : faire du bâtiment un terrain d’avenir, pour tous ceux qui veulent jouer le jeu.

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