Adeline Rolland vient de fermer définitivement le coffee shop qu’elle gérait depuis 2013 dans le centre historique d’Albi. La commerçante dénonce le harcèlement et l’agression dont elle estime avoir été victime de la part du gérant du café voisin et de sa femme. Le couple, qui conteste les faits, est poursuivi pour violences aggravées.
Assise sur un banc à l’extérieur de la salle d’audience du palais de justice d’Albi, Adeline Rolland est en pleurs. Ses proches qui l’ont accompagnée au tribunal ce jeudi 11 décembre et son avocat Me Eric Soulans tentent en vain de la réconforter : cette commerçante Albigeoise âgée de 48 ans vient d’apprendre le renvoi d’un procès qu’elle attendait avec anxiété depuis plusieurs mois. Celui du gérant d’un café voisin et de sa compagne, qu’elle accuse de harcèlement et qui l’ont selon elle violemment agressée l’été dernier.
Le couple était aussi présent à cette audience et a quitté sans bruit le tribunal dès l’annonce du renvoi. Poursuivis pour violences aggravées, Ahmed Guerziz et sa compagne Isabelle, qui contestent les faits, seront finalement jugés en mars 2026…
Cette querelle entre commerçants de la rue de Verdusse, une artère piétonne très fréquentée du centre historique d’Albi, a dégénéré au fil des ans jusqu’à atteindre un point de non-retour. Les relations étaient pourtant courtoises au départ, quand Adeline Rolland, styliste de formation, a ouvert en 2007 une première boutique de vêtements. Ahmed Guerziz, lui, tient depuis plus de 20 ans le bar Le Verdusse situé à quelques mètres de là, de l’autre côté de la rue. Les deux camps sont d’accord sur un point : c’est lorsque la commerçante a changé d’activité en 2013 pour ouvrir un coffee shop, le “Capulus Bagel & Coffee Shop”, que les choses se sont envenimées.
Une violente altercation nocturne
Adeline Rolland et le couple voisin s’accusent mutuellement de harcèlement, de coups bas et de provocations quotidiennes. Depuis 2015, la commerçante a déposé plusieurs plaintes, “toutes classées sans suite” explique-t-elle, et sollicite régulièrement les services de la mairie et la police. “Elle les appelle pour un oui ou pour un non, rétorquent Ahmed Guerziz et sa compagne. Elle se mêle beaucoup de nos affaires et ferait mieux de s’occuper de sa boutique”.
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Ce n’est pas la première fois que le cafetier du Verdusse a un problème de voisinage. Il y a tout juste 10 ans, alors qu’il entretenait des relations exécrables avec le glacier d’en face, “L’Instant des Délices”, une rixe avait fini par éclater et Ahmed Guerziz s’était fait poignarder par un serveur. Depuis, le glacier a changé de mains et a laissé la place à un kebab.
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Avec Adeline Rolland, les tensions ont connu un pic dans la soirée du 28 juillet dernier. Alors qu’elle fermait sa boutique, la commerçante explique avoir vu un homme ivre mort attablé à la terrasse du Verdusse alors que le couple de gérants avait déjà quitté les lieux. Elle aurait interpellé un serveur pour qu’il s’occupe de ce client. Le jeune homme a appelé ses patrons, qui seraient venus selon elle “en courant et en m’insultant”. Elle affirme avoir été rouée de coups devant son établissement, notamment de la part d’Ahmed Guerziz qui lui aurait mis “un grand coup sur l’oreille”, entraînant une perforation de son tympan gauche. Des passants se sont interposés et un équipage de police est arrivé sur les lieux.
Le couple de cafetiers a une tout autre version, accusant la commerçante d’avoir lancé les hostilités. “Encore une fois elle s’est occupée de nos affaires. C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. On est venu s’expliquer et elle nous a insultés, elle a tapé ma femme”, assure Ahmed Guerziz qui nie avoir porté volontairement des coups à sa voisine.
Fermeture définitive du coffee shop
Depuis cet épisode, Adeline Rolland a craqué psychologiquement et a été hospitalisée plusieurs jours. Elle bénéficie encore aujourd’hui d’un suivi et n’est plus en mesure de rouvrir son établissement. Une perte sèche de revenus, la quadragénaire n’ayant pas pu souscrire d’assurance prévoyance du fait “d’une maladie auto-immune”. Le 14 décembre dernier, elle a réuni une dernière fois ses proches et ses plus fidèles clients avant la fermeture définitive de son coffee shop. “Ma propriétaire a accepté une résiliation anticipée du bail, je rends les clés au 31 décembre prochain”, explique-t-elle en larmes.
Devant sa boutique, la commerçante avait installé ce jour-là un panneau dénonçant “une agression physique et 10 ans de harcèlement de la part de mes voisins commerçants”. Ce qui a fait bondir Ahmed Guerziz et sa compagne. “Elle nous salit dans toute la ville”, pestent-ils. “Il y a un procès en cours, on attend que la vérité éclate”.
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Le lendemain, Adeline Rolland s’est rendue au conseil municipal d’Albi où elle a interpellé avec virulence les élus, dont elle dénonce le manque de soutien depuis plusieurs années. “J’ai été agressée, j’ai tout perdu et vous ne faites rien”, avait-elle lancé à la maire Stéphanie Guiraud-Chaumeil avant de quitter la salle. “Je m’excuse pour ce comportement”, explique-t-elle quelques jours plus tard avec du recul. “Mais je suis désespérée”.