Elle est la doyenne de l’Ehpad Le Domaine du Valier à Colomiers. La veille de Noël, Odette Castéran a soufflé ses 102 bougies entourée des siens. Une vie émaillée de nombreux souvenirs et d’anecdotes en tous genres.
Dans le pavillon columérin de Josette ce 24 décembre, la table du salon est étirée au maximum. La nappe colorée et la quantité d’assiettes dressées suggèrent que le repas de Noël approche. Mais dans la famille de Josette, il est une fête qui revêt un caractère bien plus symbolique ce jour-là : l’anniversaire de sa mère, Odette.
“Ah, vous ne me faites pas passer dans La Dépêche du Midi”, s’exclame-t-elle avec un sourire empreint de malice. Derrière cette phrase se cache un brin de modestie, de discrétion, presque de la pudeur de la part d’Odette Castéran.
En forme quasi olympienne, la pensionnaire de l’Ehpad Le Domaine du Valier est pourtant la doyenne du lieu. Mais le grand âge ne semble guère la tracasser. Son caractère bien trempé ne l’a jamais quittée. “Je me sens très bien et je suis bien entourée”, commente-t-elle sobrement.
Trois filles, trois petits-enfants, quatre arrière-petits-enfants et un arrière-arrière-petit-enfant
L’histoire d’Odette Castéran, née Dax, commence à quelques lieues de Colomiers, au hameau des Arramous dans le village gersois de Lias, le 24 décembre 1923 à minuit. Tout au long de sa vie, Odette travaillera d’abord aux champs, avant de rejoindre l’institut Melrieux pour 15 ans.
Puis, très vite, la famille s’est agrandie. Odette a donné naissance à trois filles. Après les trois petits-enfants et les quatre arrière-petits-enfants, la centenaire a même fait la connaissance de son arrière-arrière-petit-fils, né le mois dernier.
Avec une santé de fer, Odette a traversé les ans. Même sa mémoire n’a pas subi les affres du temps. “Sur les choses anciennes, Maman est incollable. Elle a en tête des détails très précis et des souvenirs lointains”, témoigne Josette, sa fille aînée. Un léger sourire aux lèvres, Odette se souvient notamment du sobriquet qu’on lui avait assigné autrefois, “la fauvette des bois”, en référence à son appétence pour le chant.
À la question “quel est le secret de votre longévité ?”, elle répond sans détour : “je bois du muscat de Rivesaltes”… Avec modération bien sûr ! Aujourd’hui âgée de 102 ans, Odette Castéran n’en demeure pas moins coquette, voire exigeante en matière d’esthétique. “Même aujourd’hui, elle veut avoir son foulard, sa coiffure, et son maquillage”. Sa petite-fille, Stéphanie, se remémore les dimanches où sa grand-mère s’apprêtait pour se rendre au bal. “Il fallait toujours que ses ongles soient faits. C’est elle qui m’a appris à utiliser du rouge à lèvres, ou le crayon pour les yeux.”
Ancrée dans l’instant présent, Odette Castéran n’ose cependant pas prédire le futur. En revanche, elle se montre volontiers plus facétieuse, notamment quand il s’agit d’utiliser un déambulateur. “Ça ? C’est pour les vieux !”, s’exclame-t-elle en conclusion.