Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Sihasak Phuangketkeow en conférence de presse à l’issue d’une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’ASEAN sur le conflit frontalier entre la Thaïlande et le Cambodge, à Kuala Lumpur, le 22 décembre 2025. (Photo de MOHD RASFAN / AFP) MOHD RASFAN / AFP
Vers un nouvel arrêt des hostilités entre le Cambodge et la Thaïlande ? Les deux pays ont entamé mercredi 24 décembre des pourparlers prévus pour durer quatre jours en vue de mettre un terme à leurs affrontements meurtriers, ont indiqué les autorités cambodgiennes. Les représentants de la Thaïlande et du Cambodge se sont réunis à un poste-frontière de la province thaïlandaise de Chanthaburi.
Une réunion très attendue, depuis la reprise des combats transfrontaliers au mois de décembre, qui aurait bien pu ne pas se concrétiser. Lundi encore, Phnom Penh exigeait que les discussions se tiennent en terrain neutre, en Malaisie, pays qui exerce en 2025 la présidence tournante de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean). Les autorités respectives espèrent un apaisement du conflit, qui a déjà causé le déplacement de plus de 900 000 habitants. Le « Nouvel Obs » fait le point sur la situation.
• Début des pourparlers à un poste-frontière thaïlandais
Ce mercredi, le gouvernement cambodgien a posté une photo des délégations de la Défense des deux pays dans une salle sobrement meublée et a déclaré que les pourparlers avaient commencé.
Le ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Sihasak Phuangketkeow, avait indiqué lundi que les échanges auraient lieu dans cette province thaïlandaise, dans le cadre d’un comité frontalier bilatéral préexistant dont les réunions sont organisées alternativement dans les deux pays.
Mais au début de la semaine, la rencontre était compromise. « Pour des raisons de sécurité liées aux combats en cours le long de la frontière, cette réunion devrait se tenir dans un lieu sûr et neutre », avait écrit le ministre cambodgien de la Défense, Tea Seiha, dans une lettre datée de lundi adressée à son homologue thaïlandais, Nattaphon Narkphanit.
L’intéressé a tenu à rassurer, mardi 23 décembre, les autorités cambodgiennes, en déclarant que Chanthaburi était « sûre » et qu’il n’y avait « quasiment pas de combats » dans cette province frontalière.
• Le Cambodge entend « garantir la cessation des hostilités »
L’objectif de ces pourparlers est de « garantir la cessation des hostilités », de rétablir la stabilité et de « faciliter un retour rapide à la normale », a indiqué le gouvernement cambodgien.
Malgré des échanges de tirs transfrontaliers, le ministère de l’Intérieur cambodgien s’est déclaré cette semaine « optimiste quant à la sincérité dont fera preuve la Thaïlande » dans la mise en œuvre d’un cessez-le-feu.
En début de semaine, alors que les deux pays s’étaient accordés sur la tenue prochaine de discussions bilatérales, après avoir participé en Malaisie à une réunion de l’Asean, le ministère cambodgien de la Défense a déclaré que l’armée thaïlandaise avait déployé des avions de chasse pour bombarder des zones des provinces de Preah Vihear et de Siem Reap, où se situe le célèbre complexe de temples d’Angkor, très touristique. La Thaïlande a indiqué de son côté avoir riposté aux dizaines de roquettes cambodgiennes, avec des frappes aériennes sur deux cibles militaires cambodgiennes.
• La Thaïlande « espère des résultats positifs »
Le porte-parole du ministère thaïlandais de la Défense, Surasant Kongsiri, a déclaré à la presse à Bangkok « espérer vivement que cette réunion aboutisse à des résultats positifs ». Il a toutefois ajouté que son succès dépendait de la sincérité du Cambodge, tant en paroles qu’en actes.
Bangkok avait auparavant exigé que Phnom Penh annonce d’abord une trêve et coopère aux efforts de déminage à la frontière ; condition nécessaire pour aboutir à une trêve durable.
« Un cessez-le-feu véritable et durable ne peut résulter d’une déclaration unilatérale, mais doit découler de discussions approfondies et de l’expression d’une volonté politique sincère », a précisé mardi sur X, le ministre des Affaires étrangères Sihasak Phuangketkeow.
L’accord de cessez-le-feu signé en octobre sous l’égide du président américain Donald Trump a été suspendu, quand des soldats thaïlandais ont été blessés en marchant sur une mine que Bangkok a accusé les Cambodgiens d’avoir récemment posée.
• Un conflit qui dure
Les deux pays se disputent de longue date des parties de territoire le long de leur 800 kilomètres de frontière, tracée à l’époque coloniale.
Le conflit a repris de plus belle cette année, faisant 43 morts et 300 000 déplacés en cinq jours d’affrontements en juillet avant une trêve qui n’a pas tenu. De même pour le cessez-le-feu d’octobre, dont s’est vanté Donald Trump.
Depuis le 7 décembre, de nouveaux combats ont fait au moins 44 tués : 23 du côté thaïlandais, 21 du côté cambodgien. Une reprise des hostilités qui a contraint plus de 900 000 habitants à évacuer de part et d’autre, et portant également préjudice à l’activité touristique.
La communauté internationale appelle à l’apaisement et la Chine s’impose comme acteur de la médiation entre les deux pays.

