Action matinale des agriculteurs ce mardi 23 décembre au niveau du rond-point du Campanile à Villeneuve-sur-Lot. La voie rapide de la RN21 a été neutralisée à 7 heures et un marché de Noël y a été érigé par la Confédération paysanne.
Grillades, soupe et stands de produits de la ferme. Peu à peu, le début de la voie rapide qui rallie le rond-point de Campanile à celui de l’aire de covoiturage en bord de la RN 21 s’est mué en lieu de revendications. Des pancartes, des sonos, mais aussi des tables avec des parasols. Des producteurs ont été conviés au rassemblement matinal initié par la Conf’, qui se veut ouvert à tous. À la mi-journée, plusieurs dizaines de personnes sont rassemblées autour du rond-point, discutant des problématiques et de ce qui alimente l’actualité du monde agricole depuis plusieurs semaines. Une sorte de marché de Noël, certes, mais surtout un lieu où ils peuvent afficher devant des milliers d’automobilistes les raisons de la colère.
“On ne veut pas bloquer”
Retour en arrière, quelques heures auparavant. Le jour n’est pas encore levé ce mardi 23 décembre. Une poignée d’agriculteurs a décidé de perturber le trafic de la RN 21 aux abords de Villeneuve-sur-Lot. Depuis 7 heures, le rond-point du Campanile est occupé par les tracteurs, obligeant les automobilistes à trouver une alternative à la double voie de la route nationale.
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Moins d’une semaine après la mobilisation des agriculteurs de la Coordination rurale de Lot-et-Garonne à Monbalen, la route principale entre les deux grandes villes du département est une nouvelle fois perturbée par la colère agricole. À la manœuvre cette fois-ci, la Confédération paysanne. À quelques heures du réveillon, le syndicat a décidé d’interpeller les Villeneuvois, toutes les personnes qui transitent par la vallée du Lot. “On ne veut pas bloquer” assurent les premiers manifestants présents depuis l’aube. Seule la voie rapide est fermée à la circulation, où sera dressé dans quelques heures… un parking pour un marché de Noël. “Tout le monde est invité, on veut fédérer” poursuivent les membres de la Conf’. Ainsi, ce marché sera également un lieu d’échanges. Une sorte d’agora, sur fond de colère agricole.
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“Quand je me lève le matin, j’ai peur”
Car malgré l’ambiance bon enfant qui règne de bonne heure dans les rangs des manifestants, le message d’alerte n’a pas bougé d’un iota. “Aujourd’hui encore, il va y avoir deux abattages, 200 vaches tuées” soupire Marion Debats, la présidente de la Confédération paysanne 47. Elle-même est éleveuse, en Fumélois. Depuis le début de la crise et de la propagation du virus de la dermatose nodulaire, elle vit dans une atmosphère pesante. “Quand je me lève le matin, j’ai peur” glisse-t-elle. Pour l’heure, le département est épargné par ce virus et son protocole sanitaire. Mais elle ne peut s’empêcher de penser à ses collègues qui voient leurs cheptels décimés. “Moi par exemple, j’ai récupéré la génétique de vaches de race Abondance d’un monsieur qui l’a travaillée pendant 40 ans. Avec ce protocole sanitaire, c’est tout un pan de notre culture qu’on abat”.
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Cette manifestation à la veille du réveillon de Noël se veut aussi comme une alerte, celle du mal-être qui ne recule pas. Les suicides d’agriculteurs continuent, le sentiment d’injustice autour du Mercosur – le magasin Leclerc en a fait les frais avec des bennes déversées sur le parking de Parasol… si une trêve autour du 25 décembre est prévue, la pression ne va pas redescendre. La perspective d’un mois de janvier teinté de manifestations est dans toutes les têtes. “Depuis janvier 2024 (moment de la mobilisation agricole d’ampleur, NDLR), les choses ont empiré” peste Marion Debats. Elle croit à une convergence des luttes d’ici les prochaines semaines. En attendant, cette mobilisation villeneuvoise se veut aussi comme un geste de soutien envers les paysans touchés par la dermatose ou les drames : “on veut être là pour toutes ces familles endeuillées”.